Le Pacte pour l’avenir s’appuie sur une longue histoire idéologique : la marche de l’ONU vers la mondialisation

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Le Pacte pour l’avenir récemment adopté à New York par les Nations unies se focalise sur le « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » qu’il revendique comme sa « grande feuille de route » pour le monde et pour l’humanité. Les « objectifs du développement durable » (ODD) restent en vigueur : ce qui change, c’est l’allure des décisions politiques à mettre en œuvre, et avec elle, les besoins de financement. Tout cela ne relève plus des nations souveraines ; à elles, plutôt, d’aligner les fonds. En cela, la course de l’ONU vers les ODD est avant tout le plan d’exécution de la mondialisation. Et c’est pourquoi ce document mérite une attention plus précise que celle que lui accordent les médias en général. Il ne s’agit pas tant d’un Pacte pour l’avenir que d’un pacte qui impose à tous un avenir obligatoire.

Ecoutez-les :

« Nous réaffirmons que les objectifs de développement durable sont globaux, de grande portée et qu’il s’agit d’un ensemble d’objectifs et de cibles universels transformateurs centrés sur l’être humain. Nous réaffirmons que nous sommes résolument déterminés à atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 et à revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable, en travaillant en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes concernées. Nous sommes conscients que le Programme 2030 est universel et que tous les pays en développement, y compris les pays en situation particulière, notamment les pays d’Afrique, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement, ainsi que ceux qui connaissent des problèmes spécifiques, notamment les pays à revenu intermédiaire et à ceux qui sont en situation de conflit ou sortent d’un conflit, ont besoin d’aide pour réaliser le Programme. Nous renforcerons les mesures que nous prenons face aux changements climatiques. Nous réaffirmons les principes de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement et le principe de responsabilités communes mais différenciées… »

En d’autres termes, il va falloir payer. Et il y a de l’ouvrage en vue : pas moins de 56 « mesures » sont annoncées. La 37e d’entre elles résume bien la situation : « Nous transformerons la gouvernance mondiale et renforcerons le système multilatéral pour faire advenir un monde sûr, pacifique, juste, égalitaire, inclusif, durable et prospère. » Paradis sur terre, lendemains qui chantent… on sait comment cela finit.

 

Le Pacte pour l’avenir de l’ONU, un plan directeur pour l’humanité

Spécialiste de l’analyse des actions et des buts du « Deep State », l’Etat profond, Alex Newman a présenté dans un podcast du New American un condensé des points les plus notables du Pacte pour l’avenir sous le titre « Le plan directeur de l’ONU pour l’humanité ».

D’emblée, Newman rappelle que la raison d’être originelle des Nations unies – affichée, en tout cas – était le maintien de la paix. « Bien sûr, nous avons mené des guerres, et encore des guerres, et encore des guerres, souvent avec l’aide des Nations unies, au cours des 80 dernières années, depuis que les Nations unies ont été créées », observe-t-il.

« Aujourd’hui, elles abandonnent l’idée de la paix et s’orientent vers une nouvelle idée, selon laquelle l’ONU doit être au centre de tout. L’économie, l’éducation, le gouvernement, tout ce à quoi vous pourriez penser. Et le développement durable est en quelque sorte l’idéologie qui sous-tend tout cela », note Alex Newman, non sans souligner le nombre de « communistes, d’occultistes et de bizarres » qui ont participé à la création des Nations unies. Et d’emblée, le propos dépassait largement ce qui était publiquement présenté comme leur rôle dans le monde.

Newman cite ici John Foster Dulles, l’un des cofondateurs du CFR (Council on Foreign Relations) et délégué à l’Assemblée générale de l’ONU ayant participé à ce titre à la rédaction de la Charte des Nations unies. « En 1950, il a publié un livre extraordinaire intitulé Guerre ou Paix. Il y affirme que les Nations unies ne représentent pas une étape finale dans le développement de l’ordre mondial, mais seulement une étape primitive dont la tâche principale était de créer les conditions qui rendront possible une organisation plus développée. Dulles mettait dès cette époque en évidence l’inefficacité inhérente de l’ONU telle qu’elle était mise en place : “Je n’ai jamais vu de proposition de sécurité collective, ou de gouvernement mondial, ou de fédération mondiale, qui soit musclée. Ces propositions ne pourraient pas être mises en œuvre par les Nations unies ou dans le cadre de la charte des Nations unies.” »

L’idée derrière cela ? Arriver à transformer les Nations unies en un gouvernement mondial unique.

 

La mondialisation via l’ONU a un outil : le développement durable

C’est ici qu’entre en scène le « développement durable ». Cela remonte à 1976, et à la tenue à Vancouver de la 1e Conférence des Nations unies sur les établissements humains, « sur l’habitat et la terre ».

Déjà, tout était dit. La Déclaration de Vancouver adoptée alors affirmait, résume Newman, « que la terre ne peut être traitée comme un bien ordinaire contrôlé par des individus. La propriété foncière privée est un instrument essentiel d’accumulation et de concentration de la richesse, et contribue donc à l’injustice sociale : le contrôle public de l’utilisation des terres est donc indispensable ».

Mais quid des richesses provenant de la terre – pratiquement toutes les richesses, finalement, minerais, pétrole, forêts, plantes, nourriture ? « Tout provient en fin de compte de la terre. Par conséquent, si le gouvernement contrôle la terre, il contrôlera tout », note Newman, rappelant le rôle joué par le « Club de Rome », ce club malthusien formé par les pays les plus impliqués dans l’ONU.

En 1991, le Club de Rome a publié un document intitulé « La première révolution mondiale ». Dans la version anglaise, à la page 115, après une réflexion sur la nécessaire identification d’un ennemi commun – après la disparition des grands méchants colonisateurs, des nazis et de tant d’autres « ennemis traditionnels » – pour obtenir le soutien et la mobilisation, le rapport affirme carrément :

« L’ennemi commun de l’humanité est l’homme.

« En cherchant un nouvel ennemi qui nous unisse, nous avons fait émerger l’idée que la pollution, la menace du réchauffement global, les manques d’eau, les famines et autres choses semblables feraient l’affaire. Dans leur totalité et à travers leurs interactions ces phénomènes constituent bel et bien une menace commune qui exige la solidarité de tous les peuples. Mais en les désignant comme l’ennemi, on tombe dans le piège contre lequel nous avons déjà mis en garde, à savoir prendre les symptômes pour les causes. Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine et ce n’est qu’au moyen d’attitudes et de comportements modifiés qu’il sera possible de les vaincre. Le véritable ennemi, dès lors, est l’humanité elle-même. »

 

Le Pacte pour l’avenir de l’ONU, une amplification de l’Agenda 21

La création par l’ONU de l’Agenda 21, plan d’action pour le XXIe siècle adopté par 182 chefs d’Etat lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en juin 1992, est intervenue moins d’un an après la publication de ce rapport. C’est le plan pour le XXIe siècle, signé notamment par George H.W. Bush. A la même époque, celui-ci évoquait ouvertement la marche vers un « Nouvel Ordre Mondial », où l’ONU serait enfin en mesure de maintenir la paix.

C’est aussi de cette époque que datent les agences et officines pour le « développement durable » : le successeur de Bush, Bill Clinton, fut ainsi celui qui mit en place des départements de développement durable dans chaque agence fédérale, chaque département fédéral, rappelle Alex Newman.

Celui-ci cite également un livre pour enfants publié dans la foulée du Sommet de la Terre de Rio (visible ici en anglais) qui détaille tout ce qui doit changer, de préférence sous le regard et sous le contrôle des enfants : on y lit notamment que « la Terre gémit chaque fois qu’elle enregistre une nouvelle naissance ».

Une trentaine d’années plus tard, le problème démographique de la terre n’est pas la surpopulation, mais la marche vers l’hiver démographique dans la grande majorité des pays.

Mais au nom du « développement durable », ce sont les mêmes manières de vivre dénoncées aujourd’hui qui l’étaient déjà en 1992 : « Le sous-secrétaire général de l’ONU de l’époque, Maurice Strong, qui a dirigé ce sommet, a été cité lors du sommet comme affirmant qu’il est clair que les modes de vie et de consommation actuels de la classe moyenne aisée, impliquant une forte consommation de viande, de grandes quantités d’aliments surgelés et prêts à l’emploi, la possession de véhicules à moteur, d’appareils électriques, d’une maison et d’un lieu de travail, de l’air conditionné, de logements de banlieue coûteux, ne sont pas durables. »

 

La mondialisation repose sur une « déclaration mondiale d’interdépendance »

Les documents de planification – rappelant ceux des Etats communistes – se sont succédé depuis lors. Il y a eu les ODD, le Programme pour 2030 (la « déclaration mondiale d’interdépendance », disait en son temps Ban Ki-moon), et aujourd’hui le Pacte pour l’avenir : ils forment un tout et on ne comprend rien au dernier sans cet éclairage historique.

Newman rappelle qu’au moment de l’adoption du Programme de l’ONU pour 2030, improprement appelé « Agenda 2030 », le Parti communiste chinois a joué un rôle prépondérant dont tous les organes de propagande en Chine – contrôlés par le Parti – se sont vantés. La Chine revendiquait ouvertement avoir joué un « rôle clef dans la création de cet “agenda” ».

La même chose s’est produite au moment de l’adoption du Pacte pour l’avenir : il est clair que la Chine y a joué un rôle important sinon décisif, affirme Newman. Et il note que « l’ancien chef de l’OTAN, Javier Solana, évidemment un socialiste, a réagi à l’adoption de l’agenda 2030 en 2015 en déclarant qu’au moyen de l’engagement soutenu de tous les pays, qu’ils soient développés ou en développement, le monde peut faire en sorte de célébrer un nouveau grand bond en avant ».

Qui, parmi les jeunes, sait encore que cela fait référence au tragique « Grand bond en avant » de Mao, avec ses 50 millions de victimes…

L’ONU promet d’en finir avec la pauvreté et avec la faim, moyennant la somme d’entre 5.000 milliards et 127.000 milliards de dollars dont parlent les responsables de l’ONU et de l’évaluation des fonds exigés pour les ODD, en prenant l’argent où il est, et en donnant finalement la main à l’ONU sur des sujets aussi divers que la production de nourriture, la gestion des océans, la consommation en général…

 

Pour l’ONU, les migrations internationales servent l’Agenda 2030

Même les migrations internationales font partie du dispositif. Le site Internet du le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, propose ainsi un article intitulé « Les migrants internationaux sont d’importants agents de changement ». Dans cette interview, on demande quel rôle jouent les migrations dans nos efforts pour atteindre les objectifs de développement durable. Réponse : « Les migrants internationaux sont d’importants agents de changement, qui contribuent de manière positive au développement durable dans les communautés d’origine et de destination. Les migrations internationales peuvent faciliter la réalisation de nombreux objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

L’argent nécessaire à tout cela, il va falloir le prendre aux pays développés et plus exactement dans la poche des contribuables : plutôt la classe moyenne que les milliardaires, note Newman. Cela pointe discrètement vers « la propriété publique des moyens de production ». Newman ajoute : « Il faut parvenir à une couverture universelle des soins de santé, y compris des vaccins pour tous, ainsi qu’à une santé mentale pour tous. Et bien sûr, des services de santé sexuelle et reproductive, mots codés pour désigner l’avortement et la contraception. Bien sûr, le grand meurtrier de masse Vladimir Lénine a expliqué que les soins de santé, le contrôle des soins de santé par le gouvernement, sont la clef de voûte du socialisme. »

Ce socialisme dont l’expérience prouve qu’il n’a jamais éradiqué la pauvreté, mais l’a diffusée.

Les ODD sont au service d’un socialisme international, le Pacte pour l’avenir en est une sorte de couronnement avec sa volonté lancinante de promouvoir la « gouvernance mondiale » à travers davantage de pouvoir pour l’ONU.

 

Dix nouveaux commandements et un Pacte pour l’avenir qui protège les croyances des religions primitives

Jusque sur les religions, souligne Alex Newman. A travers son programme environnemental, l’ONU a mis en place une initiative Faith for Earth, « Foi pour la terre ». Cette coalition veut s’engager stratégiquement avec les organisations confessionnelles et de s’associer avec elles pour atteindre collectivement les objectifs de développement durable et réaliser l’Agenda 2030. Au fond, c’est la religion du développement durable à laquelle toutes les religions du monde se doivent d’adhérer, avec des systèmes d’éthique et de moralité renouvelés – pensez aux nouveaux « Dix commandements » adoptés au Sinaï, en Egypte, lors de la COP 27 : les « Dix principes universels pour la justice climatique » adoptés en 2022. Ils s’appuient sur une spiritualité globale, à laquelle toutes les religions sont conviées à travers l’action « pour le climat ».

Dans le Pacte pour l’avenir, on trouve cette même idée du partenariat avec les « organisations d’inspiration religieuse » en vue d’« honorer le engagements existants et faire face aux défis nouveaux et naissants ». Et l’accent est particulièrement mis sur les religions primitives : « Prendre en compte, respecter, promouvoir et protéger les droits des peuples autochtones, leurs territoires, leurs terres et leurs écosystèmes, tout en préservant leurs traditions, leurs croyances spirituelles et leurs connaissances ancestrales, renforcer leurs institutions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles distinctes. »

Le Pacte pour l’avenir veut « préserver » les « croyances ancestrales » des religions primitives, qui idolâtrent la nature et cherchent à établir les liens avec les esprits qu’elles y vénèrent. C’est le 16e « engagement » de ce Pacte qui en compte 23 – et peut-être bien le plus important et le plus révélateur. Aucune autre religion n’est gratifiée d’une telle protection onusienne. Un aveu ?

 

Jeanne Smits