A l’Académie pontificale pour la vie, Mariana Mazzucato assimile le bien commun et les ODD

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Le bien commun, dans la philosophie thomiste traditionnelle, est la fin poursuivie par la politique, et relève donc de l’ordre temporel : c’est en même temps le bien de la communauté, qui lui donne son unité, et la communauté du bien qui tend à faire participer chacun des membres de la communauté à tout le bien possible. Tout le contraire du collectivisme, car il ne se substitue pas au bien propre, il suppose la justice distributive (à chacun son dû) aussi bien que la justice générale. La longue tradition qui remonte à Aristote et à saint Thomas d’Aquin, et qui souligne l’importance pour la cité de créer les conditions pour que chacun de ses membres puisse atteindre plus facilement sa perfection – le salut éternel –, est de plus en plus battue en brèche au Vatican. Mariana Mazzucato, membre athée de l’Académie pontificale pour la vie, vient de proclamer devant ses pairs que le « bien commun » de la société doit être fondé sur les Objectifs du développement durable – les ODD – de l’ONU.

Il s’agit des ODD, le célèbre programme de Développement durable qui est en réalité un programme pour un socialisme à l’échelle planétaire, ainsi que nous le montrions ici déjà en 2016.

 

Mariana Mazzucato confond le programme socialiste de l’ONU et le bien commun

Il va sans dire que Mme Mazzucato n’envisage en aucun cas la fin surnaturelle de l’homme, ni le moindre principe de loi naturelle : au contraire, elle a mis en cause le rôle de l’enseignement chrétien traditionnel qu’elle considère comme ayant contribué au « changement climatique ». Et il faut préciser qu’en faisant des ODD le but à atteindre pour le bien de l’humanité, elle s’inscrit dans le sillage déjà ancien du pape François. On comprend mieux pourquoi ce dernier l’a nommée membre ordinaire de l’APV, alors que nul ne saurait la décrire comme étant « pro-vie ».

C’est alors qu’on lui demandait comment la société pouvait se mettre d’accord sur la nature du bien commun que Mariana Mazzucato a répondu que les ODD des Nations unies doivent en constituer le fondement, rien de moins. « Il faut partir des ODD : le principe de subsidiarité est essentiel », a-t-elle proclamé. On se demande quel est ici le sens attribué au principe de subsidiarité – mais cela fait longtemps qu’il est cité à contre-emploi, prétendant justifier l’action globale commune à celle qui revient de droit aux familles, aux corps intermédiaires et aux Etats, plutôt que d’affirmer le principe selon lequel les décisions doivent se prendre au niveau le plus bas.

 

Les ODD, un programme collectiviste

Justement, les Objectifs du développement durable prétendent imposer au monde entier leur idéologie et leur égalitarisme y compris au niveau des nations. « Il faut les prendre aussi sérieusement que la guerre », a déclaré l’économiste.

A la fin de l’exposé de Mme Mazzucato, on lui posa cette question : « Le christianisme a-t-il contribué au changement climatique en prêchant notre supériorité vis-à-vis des animaux ? »

Réponse de la dame : « Je ne crois pas que ce soit seulement le christianisme, je crois que, globalement, nous nous sommes plantés pour ce qui est de placer le bien commun au centre. » Et d’ajouter qu’elle avait récemment participé un atelier, aux côtés de responsable politique internationaux, où ils avaient imaginé la situation « s’il n’y avait pas seulement des êtres humains à l’Assemblée générale de l’ONU, mais aussi des rivières, des forêts, des plantes, des animaux ».

Cette personnification de la nature et sa mise au même niveau que l’homme est un travestissement caractérisé du bien commun, et si on y pense, elle est susceptible de justifier toutes les tyrannies contre l’homme au nom du bien de la matière.

Le De Regno de saint Thomas d’Aquin souligne au contraire la différence de nature entre les hommes et les bêtes, et il enseigne :

« Parce que, donc, la fin de la vie que nous menons présentement avec honnêteté, est la béatitude céleste, il appartient, pour cette raison, à l’office de roi de procurer à la multitude une vie bonne, selon qu’il convient à l’obtention de la béatitude céleste ; c’est-à-dire qu’il doit prescrire ce qui conduit à cette béatitude céleste, et interdire, selon qu’il sera possible, ce qui y est contraire. »

Et qui est aujourd’hui si largement encouragé.

 

Jeanne Smits