L’islam est finalement plus coulant avec l’idéologie du genre que la religion catholique. Au Pakistan, pays d’islam rigoriste s’il en est, une cinquantaine de dignitaires islamiques viennent d’édicter un décret religieux affirmant les pleins droits des transgenre au mariage, à l’héritage et à la sépulture. Si ces deux derniers points sont de l’ordre du droit positif, le « mariage » est une autre affaire. C’est donc bien une fatwa d’application de la charia qui déclare ce type d’union hallal.
La fatwa affirme qu’une transgenre née femme mais présentant « les signes visibles de la masculinité » peut épouser une femme, ou encore un transgenre né homme et présentant « les signes visibles de la féminité », et inversement. En revanche, une personne transgenre possédant des « signes visibles des deux genres », dite intersexe, n’a pas la possibilité de se marier.
Pour la première fois dans le monde islamique, une fatwa favorable aux « mariages » transgenre
Jusqu’à présent, il était interdit aux transgenre du Pakistan de se marier, et le « mariage » gay y demeure puni d’emprisonnement à vie. Il va de soi qu’aucune reconnaissance du « troisième genre » n’y est prévue à l’état civil.
La fatwa se fonde donc entièrement sur l’apparence corporelle, mais ne semble pas préciser si celle-ci peut être le résultat d’une opération chirurgicale d’un traitement.
Elle entre dans la logique de la non-discrimination en qualifiant de « haram » tout acte ayant pour intention d’« d’humilier, d’insulter ou de se moquer de » cette communauté. La question des héritages est au premier plan : la fatwa affirme que les parents qui privent leur fils ou leur fille transgenre de la transmission de leur patrimoine « appelle la colère d’Allah ».
Certes la communauté juridique islamique qui a édicté cette fatwa, Tanzeem Ittehad-i-Ummat, n’a aucun pouvoir politique et ses décisions n’ont pas force de loi, mais elle compte des dizaines de milliers de fidèles à travers le Pakistan et ses jugements jouissent du respect.
Au Pakistan, les transgenre sont hallal, la discrimination est haram
Plusieurs attaques récentes contre des personnes transgenre ont récemment défrayé la chronique au Pakistan, où des assassinats ont eu lieu, et même, selon la communauté des transgenre, des refus de soins à la suite de blessures par balles, avec des conséquences fatales.
La fatwa de dimanche est une première dans le monde islamique. Elle est calquée sur la définition occidentale de la discrimination qui proscrit toute différence de traitement et non tout traitement injuste, comme la violence ou les mauvais traitements d’une personne présentant une affection dont elle n’est pas responsable.