L’Etat islamique infiltre le Sahel et prépare des migrations de masse vers l’Europe, prévient David Beasley, patron du Programme alimentaire mondial

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L’Etat islamique (EI) prépare des migrations depuis l’Afrique pour envoyer des djihadistes en Europe, s’alarme David Beasley, patron du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) nommé à ce poste par Donald Trump. Des dirigeants de l’EI « mêlent leurs forces avec les fanatiques du Sahel », rapporte David Beasley, et ils sont capables d’organiser une nouvelle vague migratoire à partir de cette région semi-désertique qui s’étire sur 5.400 km sur une largeur de 1.000 km. Selon David Beasley, des combattants djihadistes pourraient ainsi « infiltrer l’Europe » et « la plonger dans le chaos ». « Si la déstabilisation de la Syrie a été dramatique, que penser de celle d’une région abritant un demi-milliard d’habitants ? », a-t-il prévenu lors de son passage à Bruxelles ces jours derniers, sollicitant une augmentation du financement des aides humanitaires. Lesquelles, pourtant, ne suffiront pas à tarir le mouvement migratoire, ses motivations n’étant pas seulement économiques, ce qui impose aussi une sécurisation des frontières européennes.
 

David Beasley met en garde contre des migrations venant du Sahel, où vivent 500 millions d’habitants

 
David Beasley, patron du PAM, est ancien gouverneur républicain de Caroline du Sud et a soutenu Donald Trump lors des dernières présidentielles. Il décrit l’état de crise alimentaire dans lequel se trouvent certaines régions du Sahel, levier sur lequel pourrait s’appuyer l’entreprise d’assaut démographique islamique contre l’Europe dont rêvent les caciques extrémistes mahométans. « Ma mise en garde aux Européens est la suivante : vous avez connu le problème causé par un pays de 20 millions d’habitants, la Syrie, dont la déstabilisation et la guerre ont entraîné des migrations ; redoutez donc que le grand Sahel et ses 500 millions d’habitants soient bientôt déstabilisés ». « Il faut que l’Union européenne et la communauté internationale se réveillent », alerte-t-il en relevant que des bandes armées comme Boko Haram ou al-Qaida s’allient avec des caciques de l’Etat islamique venus de Syrie. Le Sahel comporte des régions du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali, du Burkinao Faso, du Sud algérien, du Niger et du Nord du Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée, le Nord du Cameroun, de la république centrafricaine et de l’Ethiopie. Tous pays dont les migrations vers l’Europe sont susceptibles d’être les véhicules de l’islam armé.
 

Les forces de l’Etat islamique venues de Syrie se sont alliées avec les bandes terroristes du Sahel

 
Les forces de l’Etat islamique qui ont quitté la Syrie et se sont alliées aux bandes terroristes du Sahel utilisent le manque de nourriture pour à la fois pousser les hommes à les rejoindre et favoriser la migration de millions d’Africains vers l’Europe. Pour David Beasley, « vous allez vous retrouver avec un problème similaire à celui apparu voici quelques années, avec ceci de nouveau que les migrants seront infiltrés par un plus grand nombre de bandes de l’Etat islamique ou autres factions extrémistes ». David Beasley rapporte ce témoignage d’une femme : « Mon mari ne voulait pas s’engager pour l’Etat islamique, mais nous n’avions plus rien à manger, nous n’avions pas le choix ».
 
Par le passé, David Beasley avait plaidé pour un vaste plan de développement économique, selon lui élément-clé pour assurer une stabilité durable et améliorer la sécurité alimentaire dans l’immense Sahel. Le Programme alimentaire mondial considère que l’alimentation est « une arme de paix et de développement durable », ajoutait-il lors de la conférence à Bruxelles à l’issue de laquelle des bailleurs de fonds ont promis 4,4 milliards de dollars d’aide pour 2018 aux civils piégés par la guerre en Syrie. Une somme insuffisante comparée aux besoins des actions humanitaires en Syrie et dans les pays voisins, évalués à 9 milliards de dollars. Pour David Beasley, cette insuffisance de financement imposera de réduire les rations de nourriture « au strict minimum indispensable à la survie ». La Maison Blanche et le Congrès des Etats-Unis ont augmenté leur contribution cette année, passant de 1,9 milliards de dollars en 2016 à trois milliards de dollars. Mais l’agence onusienne reste face à un manque important.
 

Selon David Beasley, patron du PAM, 19 ou 20 pays sont en conflit et le grand Sahel est contaminé

 
A ce jour, on compte 6,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie et plus de cinq millions ont fui le pays. 13 millions de personnes sont dans le besoin selon les Nations unies, dont six millions d’enfants. Durant quatre années, la guerre contre l’Etat islamique a permis d’éliminer l’essentiel de son califat autoproclamé, confiné actuellement à une bande de terrain le long de l’Euphrate à proximité de l’Irak, abritant 2.200 combattants de l’EI. Selon David Beasley, 5,6 millions de réfugiés à la frontière sud de la Syrie se battent pour survivre. Or, dans l’arc musulman, « 19 ou 20 pays subissent des conflits persistants et le grand Sahel est contaminé », déplore-t-il. Il met en garde contre une déstabilisation de la Jordanie et du Liban, qui plongerait la région dans un véritable chaos aux conséquences prévisibles ».
 
Reste que l’aide financière ne suffira pas, estime l’analyste Warren Mass, sur thenewamerican.com, qui appelle à un sursaut sécuritaire : « L’assistance humanitaire, provenant de préférence d’organismes privés, est hautement recommandable. Mais cette aide ne suffira pas à dissuader l’immigration de masse en Europe. Les pays de l’UE doivent se préparer à sécuriser leurs frontières, comme devraient le faire les Etats-Unis ».
 

Matthieu Lenoir