DRAME HISTORIQUE Le pape François ♠


 
Le pape François est un drame historique, ou plus exactement une biographie filmée ou biopic, consacré à l’évêque de Rome en titre depuis mars 2013. Le récit s’intéresse pour l’essentiel au parcours du padre Jorge – père Georges – jusqu’à son élection. En effet, il paraît que tout au long de sa carrière ecclésiastique, y compris l’élévation à l’épiscopat, puis à la papauté, le pape François a toujours préféré être appelé padre Jorge. Le film retrace donc des décennies d’itinéraire, de l’adolescence argentine dans les années 1950 à son début de gouvernement de l’Eglise, avec son style si particulier. La thèse est celle de la continuité absolue entre le padre Jorge et le pape François, à rebours de la thèse traditionnelle qui veut que le cardinal devenu pape devienne aussi un autre homme.
 
L’approche de ce biopic est celle de l’hagiographie, le récit de la vie d’un saint. Certes, un éclairage favorable sur des personnalités catholiques change positivement du dénigrement systématique d’usage, particulièrement en France. Toutefois nous avouerons une gêne devant une canonisation de son vivant d’un personnage qui a encore de nombreuses années à vivre, a priori, et d’actions à opérer. Qui peut jamais être sûr de son salut ou de sa sainteté ?
 

Le pape François risque hélas de semer la confusion dans les âmes

 
On veut bien admettre, et le film insiste là-dessus, sur la force de la vocation sacerdotale, et même jésuitique, du padre Jorge, malgré les ambitions maternelles pour ce monde. De même, on reconnaîtra volontiers son sens du contact humain, son amour spontané d’autrui. En outre, sa fermeté ferme face au crime de l’avortement, ce qui est tout de même un minimum pour un prêtre catholique, est bien exprimée dans le film. Est proposé un exemple concret d’un enfant sauvé de l’avortement par son intervention, joie de sa mère. Si l’exemple de cette journaliste espagnole et son enfant est peut-être fictif, des événements semblables ont pu avoir lieu, et c’est heureux.
 
Par contre, le pape François, de manière bien documentée, avec des citations exactes, entend tracer une voie vers la sainteté joyeuse, pour le moins étonnante : un séminariste doit-il danser le tango avec les belles jeunes filles et échanger avec elles des propos à la limite de la galanterie ? Le problème de la délinquance se limite-t-il à celui de la pauvreté ? Ce n’est probablement pas si simple. De même définir les Chrétiens comme « avant tout des Juifs » est pour le moins étonnant, tout comme les célébrations interreligieuses, avec une participation active à des rituels non-chrétiens…Que de confusion par rapport à la doctrine catholique…Il s’agit certes d’un hommage non-officiel, mais qui trouble d’autant plus qu’il paraît correspondre exactement à un certain air du temps au Vatican. Ainsi, Le pape François risque hélas de semer la confusion dans les âmes plutôt que d’éclairer les fidèles en proposant un modèle clair à imiter.
 

Hector JOVIEN

 
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