Paris : fiasco de la poubelle magique, Hidalgo arrête les frais

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Elue en 2023 quatrième sur la liste des cent urbanistes les plus influents de la planète, Anne Hidalgo a la tête et les chevilles qui enflent, mais la réalité la rappelle parfois sur le plancher des vaches. Alors qu’elle a ouvert Paris aux fantaisies des promoteurs et des inventeurs de toutes sortes de systèmes réputés plus écolos, elle vient de subir un fiasco mémorable dans son quartier fétiche Martin Luther King. Construit en plein cœur des Batignolles, il séduisait le bobo riche par un système de collecte des poubelles quasiment magique, sans bruit ni odeurs ni camions. Le hic : cela coûtait 4,6 fois plus cher. Résultat, elle arrête tout. On ignore combien cela va coûter au contribuable, mais, à quelques mois des Jeux Olympiques, alors que les travaux ne sont pas finis, que la Seine n’est toujours pas « baignable », que les réservations hôtelières sont en berne et que les surmulots pullulent dans les rues, voilà qui la fiche mal pour l’image mégalomaniaque d’un maire en pleine implosion.

 

Martin Luther King et la poubelle pneumatique : c’est magique !

En 2013, sur d’anciens terrains appartenant à la SNCF ont commencé à s’élever les blocs de la cité Martin Luther King, entre lesquels des zones jardinées marquées par des planches, du béton et du vert qui ne doit pas faire trop joli ont été ménagées. Avec deux promesses innovantes, le chauffage par géothermie et une collecte des poubelles pneumatique. En somme, le paradis des écolos friqués. Au lieu de descendre les ordures dans poubelle malodorante et sans cesse à rincer, les habitants les déposaient aux pieds des 19 blocs, dans des « bornes dédiées » souterraines, d’où elles étaient aspirées par un système de tuyaux et menés à un « terminal de collecte » proche du périphérique – à la manière de la distribution rapide de courrier. Avantage : pas de camions, ni d’égoutiers, nuisances sonores et olfactives ! Mais c’est fini. Le 19 mai verra le grand retour des camions poubelle. Certains habitants sont furieux : on supprime le système magique qui les avait décidés à s’installer.

 

Un fiasco financier pour Paris

Mais la ville de Paris, dont l’endettement rendrait jaloux Bruno Le Maire lui-même, a tout de même fait ses comptes, pour une fois. Et ils sont accablants. Le contrat avec Veolia, qui assurait le service, se termine le 19 mai et l’entreprise n’a pas souscrit au nouvel appel d’offre lancé voilà quelques mois. Une seule entreprise s’est présentée et elle a fait une offre dont les tarifs d’enlèvements sont « six fois plus élevés que celui d’une collecte classique », déplore Antoine Guillou, adjoint PS à la mairie de Paris. Il aurait pourtant bien aimé continuer, mais le fiasco était assuré. Cela fait plusieurs années que la gestion est lourdement déficitaire. Dans son rapport sur la gestion des déchets par la ville de Paris, la chambre régionale des comptes avait jugé en 2022 le système « coûteux et peu performant ».

 

Hidalgo a la main marron : elle transforme tout en fiasco

C’est le moins qu’on puisse dire. L’aspiration des poubelles coûtait 912 euros la tonne contre 192 par les bons vieux camions qui sillonnent le reste de Paris. Cela donne quand même un coefficient multiplicateur de 4,6. Et comme si cela ne suffisait pas, d’après Antoine Guillou, le résultat du tri était moins bon que par le système de poubelles à couvercles de couleur : « Environ 50 % des emballages finissent mélangés aux ordures ménagères après avoir été pourtant correctement triés, alors que c’est le cas de seulement 20 % des bacs jaunes. » Voilà qui est tout de même un comble pour une innovation qui se voulait écolo ! En somme le système coûtait un bras au contribuable pour un résultat déplorable du point de vue de l’environnement, pour le seul profit de quelques habitants privilégiés. Certaines personnes, cela ne s’explique pas, ont la main verte. Anne Hidalgo, elle, transforme tout ce qu’elle touche en fiasco. C’est littéralement magique.

 

Pauline Mille