La misère continue de progresser en France. 57 % de nos compatriotes – soit plus d’un sur deux ! – avouent avoir été sur le point de connaître une situation de pauvreté, selon le baromètre IPSOS du Secours populaire publié mardi.
Les chiffres sont plus inquiétants encore lorsque la question se précise, puisque 35 % des sondés déclarent avoir effectivement vécu dans la pauvreté, et 66 % d’entre eux connaissent au moins un proche dans cette situation – ils n’étaient « que » 56 % en 2007.
Selon le Secours populaire, la crise, qui a débuté en 2008 dans le secteur financier, s’est progressivement étendue à l’ensemble de l’économie et son impact est malheureusement durable sur le quotidien des Français.
La pauvreté et la misère approchées par plus d’un Français sur deux
Aucune catégorie sociale n’est aujourd’hui à l’abri – même si la crainte de basculer dans la pauvreté est plus présente chez les non diplômés (45 %), les foyers comptant un enfant de moins de 18 ans (43 %), et les femmes (38 %).
Pour préciser cette appréciation de précarité, notons que les personnes interrogées ont évalué le seuil de pauvreté à 1.054 euros mensuels – très proche du SMIC actuellement à 1.135 euros –, alors que le plancher retenu par l’INSEE est actuellement de 987 euros.
Plus précisément, et toujours selon ce sondage, 34 % des Français éprouvent des difficultés à régler leurs dépenses d’énergie, 33 % à payer leur loyer, et 29 % à s’alimenter correctement trois fois par jour. Sans parler, précise le Secours populaire, de ceux qui connaissent, de ce fait, des restrictions dans le domaine de la santé…
Les chiffres relevés à l’occasion de ce sondage corroborent certaines études nationales. Le Secours populaire cite ainsi l’Observatoire des inégalités, selon lequel « des dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions peu éloignées de celles des pays en développement ». Pourtant, si l’on veut bien regarder de plus près, les conditions de vie ont augmenté, parfois dans des proportions considérables dans les pays en voie de développement. Alors que, dans le même temps, la pauvreté ne cesse de s’étendre, année après année, dans nos pays, notamment européens, et que les Etats eux-mêmes sont, pour beaucoup, ruinés.
Pas de fatalité, mais la mondialisation
Cette extension de la misère a, bien sûr, une répercussion psychologique sur nos compatriotes qui, à 87 %, considèrent que les risques que leurs enfants connaissent un jour la précarité, voire la pauvreté, sont plus élevés que pour l’actuelle génération d’actifs.
87 % ! C’est le taux le plus haut enregistré depuis la création du baromètre en 2007. Il s’explique bien sûr par la multiplication des crises que notre monde connaît aujourd’hui – crise économique, crise des migrants, etc. Et, surtout, parce que la pauvreté n’est pas une nouveauté, par sa plus grande visibilité.
Mais ces crises sont loin d’être une fatalité, comme le discours de certains politiques voudrait nous le faire accroire. Il est vrai qu’il leur faudrait alors admettre une part, de plus en plus importante, de responsabilité. Qui ne voit, en effet, que la mondialisation, présentée par eux comme la panacée, n’a cessé de multiplier les coûts et les difficultés ?
Et la perspective de l’arrivée de centaines de milliers, voire de millions de pauvres hères qui, des quatre coins du monde, se ruent chez nous où ils croient trouver un eldorado, n’est certes pas faite pour améliorer la situation…