Le discours clef donné par Xi Jinping sur les religions la semaine dernière a donné lieu à de nombreux commentaires. Pour beaucoup, ce n’est qu’une nouvelle étiquette sur un vieux bocal, même si des commentateurs pro-Pékin croient y voir la reconnaissance de la séparation entre l’Etat et les religions et quelque respect pour celles-ci. Cette interprétation vient du fait qu’il utilise le terme « yindao » (canaliser) plutôt que « zhidao » (instruire), en parlant du rôle que le parti communiste chinois doit avoir à l’égard de ces religions… Cependant, Xi Jinping a clairement fait comprendre qu’il n’y aurait pas d’activité religieuse sans contrôle du PC en Chine. Celui-ci est censé, selon lui, guider avec efficacité et force toutes les religions et diriger fermement toute activité religieuse.
Les religions tolérées en Chine à condition de servir les intérêts du PC
Xi a aussi ordonné que les religions « adhérent à la ligne fixée par les chefs du parti, et renforcent la position du parti dirigeant ». Toutes les religions doivent « servir le plus haut intérêt de l’Etat et l’intérêt supérieur de la nation chinoise : soutenir la suprématie du PC chinois, le système socialiste et adhérer aux caractéristiques socialistes chinoises ».
Concernant la question des membres du parti ayant une foi religieuse privée, Xi Jinping a rappelé qu’ils ne doivent pas chercher leurs propres valeurs et croyances dans la religion et qu’au contraire « ils doivent rester inébranlablement des marxistes athées ».
Xi Jinping et le PC chinois jettent le masque d’une prétendue modération à l’égard des religions
Xi n’a donc clairement pas l’intention de faire quelque compromis linguistique que ce soit sur le rôle des groupes religieux. Au contraire, il réaffirme que le parti se situe au-dessus des religions. Sang Pu, juriste et commentateur chinois, a critiqué le discours de Xi Jinping, affirmant que le PC chinois avait jeté le masque d’une prétendue modération porté par Deng Xiaoping, Jiang Zemin et Hu Jintao, et qu’il lance « une deuxième révolution culturelle » dans le but de « décimer toutes les religions ».
Ce qui est certain, c’est qu’à Hong Kong personne n’a pris le discours de Xi Jinping comme une bonne nouvelle. L’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine communiste à la fin des années 90 et qui craint constamment pour ses droits (cf. les nombreuses protestations de ses étudiants notamment), mais aussi les différentes religions présentes sur l’immense territoire chinois ont tout à craindre du parti dirigiste brutal en place depuis 1949 qui, en « bon » parti communiste qu’il est, ne se « réforme » que pour promouvoir ses objectifs de toujours.