“Pepper” le robot a été auditionné par la commission de l’éducation du Parlement britannique

Pepper robot auditionne commission education Parlement britannique
 
Pour la première fois de sa longue histoire, le Parlement britannique a auditionné un « non humain » : la commission de l’éducation a ainsi interrogé, mardi, un robot androïde, « Pepper », qui est venu « expliquer » le rôle que pourraient jouer ses congénères dans le domaine social, et notamment dans ce qu’il faut bien appeler l’industrie des soins aux personnes âgées.
 
La séance a évidemment provoqué la curiosité du public et des médias – ceux-ci ont diffusé des images des « échanges » très convenus entre les parlementaires et le robot à forme humaine, qui peinait d’ailleurs à coordonner parfaitement ses propos et ses gestes : la programmation n’a pas l’air d’être tout à fait au point. Mais on voit bien l’idée : tout mettre en œuvre pour faire oublier que le petit androïde ne fait que recracher des mots et des idées préconçues pour donner l’illusion d’une véritable communication intelligente.
 

La commission de l’éducation Parlement britannique interroge un robot

 
« Pepper » est le fruit de recherches à l’université du Middlesex : il se désigne comme « robot résident » de sa faculté et résulte d’un programme d’investissement entrepris conjointement par l’Union européenne et le Japon sur les soins aux personnes âgées dans le cadre de la quatrième révolution industrielle. Il s’agit, comme il l’a dit de sa voix de fillette métallique aux forts accents transatlantiques, de travailler sur les dispositifs pouvant alléger la pression sur les systèmes de soins.
 
Le robot a avancé d’autres avantages à son utilisation dans le domaine social : permettre aux personnes âgées de préserver leur autonomie et leur indépendance plus longtemps, que ce soit en institution ou à leur domicile, et alléger la solitude qu’elles peuvent éprouver. Autrement dit, le robot de demain ne sera pas uniquement conçu comme une machine, mais comme un être assurant une forme de compagnie. A ceci près que sa conversation, et donc la nature et le poids de son influence sur l’être humain qu’il sera censé servir, auront été préprogrammés pour répondre à certains critères. C’est, somme toute, terrifiant.
 

« Pepper » le robot auditionné sur les soins aux personnes âgées et la diversité culturelle

 
Le robot « Pepper » a expliqué aux parlementaires que le programme particulier dont il est le fruit, « Caresses », a pour objectif de développer l’androïde le plus acceptable aux personnes âgées. Il s’agit de rendre ce type de robots « culturellement éveillés » : le but n’est pas de créer des machines capables de faire des tâches répétitives, comme les robots déjà employés dans l’industrie aujourd’hui, mais de les différencier selon les publics auxquels ils seront destinés.
 
Si les soignants de demain doivent être des robots, « il est essentiel qu’ils puissent être programmés en vue de s’adapter à des environnements divers », a « expliqué » l’androïde.
 
On serait évidemment curieux de voir comment cela se traduit dans l’esprit des programmeurs et développeurs d’algorithmes d’intelligence artificielle travaillant à l’université du Middlesex…
 

Anne Dolhein