Persécution des chrétiens au Manipur : l’Inde de Narendra Modi reste largement dans le déni

Persécution chrétiens Manipur Modi
 

A l’heure où Narendra Modi – élève modèle de la mondialisation – se fait de plus en plus présent sur la scène mondiale, et même en France où il était invité d’honneur d’Emmanuel Macron au défilé du 14 juillet – il importe de souligner que les chrétiens de la minorité kuki souffrent d’une violente persécution dans l’Etat de Manipur. Non, l’Inde n’est pas un paradis du « vivre-ensemble ». Cela fait des mois que des affrontements ethniques y ont lieu, ou plutôt une tentative de nettoyage ethnique et religieux de la part de la majorité meitei, qui peut largement compter sur le soutien du gouvernement provincial dirigé par le parti nationaliste hindou BJP au pouvoir.

Au mois de mai, l’épouse de Jeremy Williamson, l’un des collaborateurs du site américano-canadien pro-vie LifeSiteNews s’est trouvée au milieu de ces violences alors qu’elle rendait visite à sa famille au Manipur, dans le nord-est de l’Inde à proximité du Myanmar. Obligée de fuir devant des campagnes de destruction et d’incendies lancées par les meitei, habitants des plaines, contre les kuki qui vivent dans les montagnes – et notamment des destructions d’églises – la jeune femme était devenue le seul lien de sa zone avec le monde extérieur grâce à son téléphone portable, internet ayant été coupé et l’aéroport local étant réservé aux meitei. Beaucoup ont tenté de fuir la province par des pistes de montagne très dangereuses ; la femme de Jeremy Williamson a réussi à s’échapper avec sa mère au terme d’un voyage auquel beaucoup d’autres n’ont pas survécu.

 

La persécution des chrétiens au Manipur « révélée » par une vidéo sadique

On en parle davantage ces jours-ci, alors qu’une vidéo vient de faire surface sur internet montrant comment en mai dernier une foule de centaines de jeunes hommes a paradé deux femmes chrétiennes dans les rues au Manipur, les obligeant à se dévêtir et se livrant sur elle à des attouchements. Des témoignages font état de viols en réunion sur au moins l’une d’elles. Une troisième femme, survivante comme les deux premières d’une attaque armée, aurait-elle aussi subi de multiples viols. Les trois femmes s’étaient réfugiées dans une forêt voisine au moment de l’attaque et avaient été retrouvées par un groupe de policiers, mais ceux-ci n’avaient pas réussi à les protéger face aux jeunes hommes meitei, qui étaient nombreux à être armés. A moins que les trois femmes ne leur aient été délibérément remises : c’est ce qu’affirment certains médias en déclarant que l’une des victimes, une jeune femme de 21 ans, accuse la police de complicité avec les jeunes hommes meitei.

Les trois femmes ont pu finalement rejoindre un camp de réfugiés.

A la suite de la publication de la vidéo, Narendra Modi a enfin rompu son silence, parlant d’attaques « impardonnables », mais il a simplement affirmé que les coupables « ne seraient pas épargnés » et appelé les dirigeants des Etats indiens à assurer la sécurité des femmes. Du cadre plus large des violences visant les minorités et notamment les chrétiens du Manipur, cependant, pas un mot.

 

Narendra Modi interpellé alors qu’il nie toute discrimination religieuse en Inde

Sœur Maria Nirmalini, président de la conférence des religieux en Inde, a dit son trouble « à voir violée la dignité des femmes ». « Cela est absolument condamnable et ceux qui ont commis ces faits ainsi que la police qui a assisté à la scène sans réagir doivent être punis », a-t-elle dit.

Le cardinal indien Oswald Gracias a qualifié les événements de « honte » pour son pays, et promis de renouveler cette année la consécration de l’Inde au Cœur Immaculé de Marie qui a lieu les 15 août, coïncidant avec fête nationale de l’indépendance indienne, en demandant particulièrement « la protection maternelle de notre Mère bénie pour nos jeunes filles et nos femmes ».

Mgr Joseph Pamplany de Tellicherry, de l’Eglise syro-malabare (en communion avec Rome), a ouvertement qualifié la violence au Manipur de « nettoyage ethnique », mettant Narendra Modi au défi de justifier sa déclaration à Joe Biden, récemment rencontré aux Etats-Unis, selon laquelle il n’y a pas de discrimination religieuse en Inde.

 

A.D.