Persécution religieuse : la Chine renforce la surveillance des chrétiens

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Deux mesures prises au niveau régional sont venues ces dernières semaines renforcer la surveillance de la pratique religieuse. Les nouvelles exigences dictées par le Parti communiste chinois relèvent d’une véritable persécution qui vise manifestement à éradiquer la foi, ou à tout le moins de contrôler les croyants, et notamment les croyants chrétiens.

La première vise la totalité de la province du Henan, à l’est du pays sur le cours moyen du fleuve Jaune : c’est la troisième province la plus peuplée de Chine avec quelque 100 millions d’habitants. Sa zone métropolitaine autour de Zhengzhou compte 12 millions d’âmes – mais quelle place y a-t-il pour l’âme dans un pays communiste qui s’inspire de Mao ?

Henan compte aussi l’une des plus importantes populations chrétiennes en Chine : 6 % de la population totale. Au sein de celle-ci 13 % seulement se réclament d’une religion constituée selon une enquête gouvernementale remontant à 2012.

La mise en place d’une application destinée à tous les pratiquants des religions, qui doivent désormais s’enregistrer en ligne à chaque fois qu’ils veulent fréquenter un lieu de culte, est actuellement en cours. Hors de question, sans cette démarche, de se rendre à un office religieux à l’église, à la mosquée ou au temple bouddhiste : il s’agit donc d’assurer un parfait contrôle de chaque acte de culte public de chaque individu.
 

Une appli pour renforcer la surveillance des chrétiens en Chine

L’application, « Smart Religion », a été développée par la commission des affaires ethniques et religieuses de la province de Henan.

Selon l’association caritative américaine ChinaAid, qui a diffusé cette information au début du mois de mars, les utilisateurs de l’application sont contraints de fournir une multitude de détails : leur nom, numéro de téléphone, numéro d’identification administratif, adresse permanente, profession et date de naissance.

Vu que l’entrée dans les lieux de culte se fait moyennant une prise de température et la présentation du code de réservation, on peut imaginer que l’application est liée aux restrictions COVID, mais fût-ce le cas, dans le contexte chinois actuel où la religion catholique « officielle » est sous le coup de censures et d’adaptations par l’Etat par le biais de l’Eglise nationaliste, un recensement aussi pointilleux peut fournir une mine d’or de renseignements aux autorités. ChinaAid ajoute que le dispositif peut détourner les fidèles de la pratique.

« Ces mesures de gestion ne sont pas le fruit d’une quelconque intention de protéger les doits religieux des croyants, mais constituent plutôt des moyens pour réaliser des objectifs politiques », commente l’association.

Le 24 février dernier, précise ChinaAid, Zhang Leiming, haut responsable du gouvernement du Henan, a inspecté la commission provinciale des affaires ethniques et religieuses, concluant sa visite par une incitation à « gérer strictement la religion de manière globale, pour unir la majorité des croyants et les orienter vers un assentiment sans faille à l’égard du Parti communiste chinois ».
 

La persécution religieuse vise spécialement les enfants et les jeunes

Plus au sud, dans la ville portuaire de Wenzhou, point névralgique du commerce maritime chinois dans la province du Zhejiang, une nouvelle exigence encore plus radicale frappe les croyants tous azimuts du district de Longwan depuis le début du mois de mars : tout parent souhaitant que son enfant continue d’être accueilli en maternelle doit prendre un « engagement familial à ne croire en aucune religion ».

Le document, qui semble authentique selon le site de défense des droits religieux des Chinois, bitterwinter.org – d’autant que d’autres semblables ont déjà été répertoriés en Chine – doit être signé des parents et comporter le nom de l’enfant. Les parents s’engagent à ce que leur famille soit « civilisée », à ne participer à aucune activité religieuse et à ne pas enseigner la religion à leurs jeunes enfants, qu’ils formeront au contraire à croire « en la science, au socialisme et au Parti communiste chinois ».

Cela n’a rien d’invraisemblable dans un pays dont le président, Xi Jinping, ne cesse de proclamer l’adhésion officielle à l’« athéisme scientifique », et où les mineurs n’ont pas le droit de participer aux offices religieux.
 

Anne Dolhein