La Diète polonaise a adopté jeudi une nouvelle loi sur les prestations de santé qui rétablira, une fois confirmée par le Sénat (où le PiS dispose d’une très large majorité), les ordonnances pour les pilules dites « du lendemain ». Des pilules qui peuvent en fait, pour certaines comme le préparatif EllaOne, être prises jusqu’à 5 jours après un rapport sexuel et qui peuvent donc, quoi qu’en dise la propagande libertaire, avoir un effet abortif. La Pologne avait supprimé les ordonnances pour ce type de pilules, y compris pour les jeunes filles mineures à partir de 15 ans sans l’accord des parents, alors que les pilules classiques à prendre avant un rapport étaient restées sur ordonnance. Cette bizarrerie avait été dénoncée par les milieux pro-vie, qui critiquaient l’effet abortif de ces produits et l’incitation à plus de légèreté dans les rapports sexuels induite par leur accès facilité. Elle avait aussi été dénoncée par certains médecins qui mettaient en garde contre les effets secondaires potentiellement graves de ce type de molécules pris sans consultation préalable.
Remettre sur ordonnance les pilules « du lendemain » comme EllaOne était une promesse électorale du PiS
En votant la remise sur ordonnance de ces pilules de contraception d’urgence, dont celles pouvant avoir aussi un effet contragestif – empêchant la nidation de l’œuf fécondé – et donc abortif, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) ne fait que respecter un de ses engagements de campagne. C’est le parti libéral Plateforme civique (PO) de l’actuel président du Conseil européen Donald Tusk qui avait supprimé l’obligation d’ordonnance au début de l’année 2015. Plusieurs pays de l’UE, dont la France, ont agi de même après que la Commission européenne eut annoncé que la pilule EllaOne pouvait être rendue accessible en pharmacie sans ordonnance dans tous les États membres, la décision définitive étant prise au niveau national. Le PO avait pourtant annoncé lors des discussions préalables au niveau européen qu’il s’opposerait à la suppression des ordonnances pour ces pilules, mais sa décision ultérieure correspondait au virage libéral-libertaire pris par ce parti (anciennement libéral-conservateur et chrétien-démocrate) avant les élections législatives d’octobre 2015. De la même manière, le gouvernement libéral dirigé par le PO avait mis en place un programme de financement public de la fécondation in vitro qui n’a pas été reconduit l’année dernière par le PiS.
En Pologne, les patients atteints de maladies rares pourront enfin obtenir un financement public pour les thérapies non courantes
Ce financement public s’inscrivait dans le contexte d’un système de santé qui ne rembourse pas, faute de moyens, les thérapies les plus récentes dont auraient besoin les personnes atteintes de maladies graves. L’espérance de vie des patients atteints d’un cancer en Pologne est de ce fait globalement largement en dessous de la moyenne européenne, tandis que les personnes atteintes de maladies rares ou leurs proches doivent organiser des collectes de fonds privés pour financer des thérapies à l’étranger. C’est pourquoi la loi sur les prestations de santé votée jeudi à 242 voix pour, 188 contre et 9 abstentions, outre qu’elle rétablit l’obligation d’ordonnance pour les pilules dites « du lendemain », introduit, pour la première fois depuis la réforme du système de santé polonais en 1999 (sur le modèle britannique), la possibilité, pour les patients atteints de maladie graves et (ou) rares qui ont épuisé les procédures médicales courantes en vigueur en Pologne, d’obtenir un financement public pour des thérapies plus récentes normalement non remboursées.