La population britannique minoritaire dans son propre pays d’ici à 2050

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Il a des titres universitaires de premier plan, il a été chercheur et enseignant à Oxford et à London University, il intervient régulièrement dans la presse « mainstream » anglophone, de la BBC au Financial Times, à Der Spiegel ou au Jerusalem Post : le Dr Paul Morland est un démographe connu et reconnu outre-Manche… Le Scottish Herald l’a qualifié de « démographe le plus en vue du Royaume-Uni ». C’est fort de cette notoriété qu’il a lancé cet avertissement, le 29 novembre sur Talk TV : si la classe politique ne parvient pas à faire machine arrière, la population britannique de race blanche pourrait devenir une minorité dans son propre pays d’ici à 2050. Au Royaume-Uni on parle, comme en France, d’un « grand remplacement », the great replacement, et il est vrai que le pays accueille aujourd’hui, de bon gré, par l’immigration légale, ou de mauvais gré, par le jeu d’une immigration clandestine sans précédent, pour atteindre des centaines de milliers d’individus par an.

Il ne suffit pas à cet égard d’être une île pour réguler efficacement l’accueil d’étrangers… Devant les flux devenus visibles de populations venues d’ailleurs, le sujet de l’immigration est parmi les priorités des Britanniques, si bien que le super-travailliste Keir Starmer, a dénoncé en fin de semaine la politique de « frontières ouvertes » des conservateurs après le Brexit pour « transformer la Grande Bretagne en pays expérimental unique pour les open borders », et ce de façon « délibérée ».

 

La population britannique minoritaire : une politique délibérée

« Tout cela s’est fait par dessein, et non par accident. On a fait des réformes politiques… “Global Britain”, vous vous rappelez le slogan ?… C’est ça qu’ils voulaient dire. Une politique sans aucun soutien… Eh bien, c’est impardonnable. » Sir Keir, ce disant, visait juste : que ce soit sous Boris Johnson ou Rishi Sunak, l’immigration a atteint après le Brexit des niveaux sans précédent, alors que de nombreux électeurs favorables à la sortie de l’UE voulaient justement sortir du laxisme de l’UE en matière d’accueil de citoyens des pays tiers. Un million de nouveaux migrants sont arrivés au cours de la seule année 2023.

Il visait juste, mais en passant sous silence la politique des gouvernements travaillistes antérieurs. Avant que Tony Blair ne devînt Premier ministre, on comptait les nouveaux immigrés en dizaines de milliers par an. Ce chiffre a explosé sous son gouvernement pour atteindre les centaines de milliers par an : un de ses anciens conseillers, Andrew Neather, lâchait même en 2009 que le Labour voulait par ce biais rendre le Royaume-Uni plus « multiculturel » : objectif politique, donc, qui visait notamment à « frotter le nez de la droite dans la diversité ».

Pari gagné ? En 2021, rapporte Breitbart, le recensement de 2021 montrait déjà que moins des trois quarts des habitants du Royaume-Uni s’identifiaient comme faisant partie d’un des groupes ethniques « indigènes » d’Angleterre, du Pays-de-Galles, d’Ecosse et d’Irlande-du-Nord, soit 74,4 %. Ils étaient 80 % en 2011 et 87,5 % en 2001. Le phénomène est de taille et il s’accélère de manière importante.

 

Le démographe Paul Morland annonce une majorité immigrée au Royaume-Uni d’ici à 2050

Le Dr Paul Morland était interrogé par la journaliste Alex Phillips samedi sur ce sujet brûlant. Il rappelait d’emblée les données qui venaient d’être rendues publiques :

« Le nombre de migrants vivant dans des hôtels a explosé sous les travaillistes et les dépenses à ce titre s’élèvent désormais à 5 milliards de livres par an. 5 milliards par an ! (…) Rappelez-vous combien le gouvernement dépense pour les hospices, c’est 350 millions. Hier, nous avons également pris connaissance des chiffres relatifs à l’immigration légale. L’OCDE, bien sûr, dit que nous avons la plus grande migration légale de type permanent de tous les pays développés ! »

Les chiffres officiels sont en outre établis en tenant compte des départs, qui atteignent les 414.000 personnes ayant quitté le pays ; en chiffres nets, le nombre de nouveaux arrivants avoisine le million cette année. Paul Morland a commenté le chiffre en rappelant « deux grandes tendances » démographiques en cours :

« La première est, comme vous l’avez dit, une immigration de masse à une échelle jamais vue auparavant. J’ai souvent dit que depuis l’arrivée de Blair, nous avons eu chaque année plus d’immigration que pendant toute la période allant de la conquête normande à la Seconde Guerre mondiale. Mais l’immigration telle qu’elle était sous Blair n’est qu’un jeu d’enfant comparée à ce qu’elle est aujourd’hui.

« L’autre changement majeur est que nous avons eu pendant longtemps des taux de fécondité en baisse, et qui chutent maintenant assez rapidement. Ainsi, la population actuelle du Royaume-Uni diminue de moitié à peu près à chaque génération – Il s’agit des personnes qui se considèrent comme des Britanniques blancs. Les communautés d’immigrés ont des taux légèrement plus élevés, un peu en deçà de 1,5.

« Mais si la communauté présente ici aujourd’hui ne se reproduit pas, et que, pour quelque raison que ce soit, nous faisons entrer des centaines de milliers de personnes chaque année, bien sûr, nous allons vers un pays très différent de celui que nous connaissons. Cela mettra fin à ce que l’on constatait il y a encore trente ans : le fait que les habitants du pays étaient en grande majorité les descendants de personnes présentes ici il y a mille ans.

« Ce ne sera plus le cas au milieu de ce siècle. Que cela ait de l’importance, ou que cela vous inquiète, c’est une autre question. Mais ce sont les faits. »

En clair : d’ici à 2050, il y aura moins d’autochtones au Royaume-Uni que de personnes d’origine non blanche et non britannique.

 

Les questions de population au-delà du tabou

Là-bas comme ici, c’est une question taboue, mais les statistiques n’ont pas de couleur politique, et c’est sûr ce point de Morland donne des indications supplémentaires pour justifier sa prédiction qu’il juge « très probable » :

« Nous disposons de données issues du recensement, qui montrent qu’environ trois quarts des personnes sont définissables ou qui se définissent elles-mêmes comme des Britanniques blancs. Ensuite, nous avons des communautés historiques qui sont ici depuis peut-être deux générations. Et enfin, nous avons un très grand nombre de nouveaux arrivants. »

Mais il rappelle que « rien n’est prédéterminé » :

« J’étais à Singapour la semaine dernière. Vous n’entrez pas à Singapour s’ils ne veulent pas de vous. Et vous ne restez pas au-delà de ce qui est autorisé. Singapour est un tout petit pays très riche et une île au milieu d’une marée de gens beaucoup plus pauvres, mais ils ont déterminé politiquement ce qu’ils voulaient en termes d’immigration.

« Si nous mettions fin, demain, à l’immigration ou si nous y mettions fin en grande partie, il y aurait des changements ethniques démographiques continus parce que certains groupes ont des taux de fécondité plus élevés que d’autres, mais pas tant que cela, et ils convergent. Certains groupes sont plus jeunes que d’autres, mais le changement resterait assez limité. Ce n’est donc pas vraiment prédéterminé.

« C’est un choix. Que voulons-nous en tant que pays ? Et nos hommes politiques parviennent-ils à l’exprimer et à le mettre en œuvre ? Il me semble évident que ces deux éléments ne sont pas identiques. Le pays veut une chose, et les responsables politiques ne sont pas prêts à le suivre. »

 

Pas d’arrêt de l’immigration sans politique pro-nataliste

Quid, alors, si le Royaume-Uni devait limiter l’immigration à une centaine de milliers de personnes par an, mais ne mettait pas en place des politiques pro-natalistes : à quoi s’attendre pour 2045 ou 2050, demande alors Alex Phillips.

Réponse de Paul Morland :

« Je pense que d’ici là, il y aura une minorité, ou un groupe très proche de former une minorité de ceux qui se définissent comme des Britanniques blancs. De plus, il est évident qu’à ce moment-là, les populations les plus jeunes, les moins de 20 ans, verront ce phénomène s’accentuer. La situation serait donc bien ancrée pour l’avenir.

« Mais d’un autre côté, sans immigration et sans politiques favorables à la natalité, nous aurions une population qui déclinerait assez rapidement. Nous aurions une pénurie de main-d’œuvre partout, et nous aurions un très mauvais rapport entre les actifs et les retraités. Ce serait donc très grave pour nos impôts et nos dépenses en matière de santé et de pensions.

« Donc, pour résoudre ce problème, si vous pensez que c’est un problème, si vous pensez que les changements ethniques massifs sont un problème – et que vous vouliez en discuter ou non, cette réalité a un effet politique important sur tout le continent, en France, en Italie, en Allemagne, en Suède… il faut vous pencher sur le changement en cours.

« Si nous ne faisons rien, si nous ne mettons pas en œuvre une politique pro-natalité, et que nous arrêtons l’immigration, il y aura des conséquences assez sérieuses sur le plan politique, sur le plan du déclin démographique, et sur le plan du déclin global de la population dans le pays. »

Paul Morland vient de publier un livre sous le titre : No One Left: Why the World Needs More Children (Plus personne : pourquoi le monde a besoin de davantage d’enfants). Pour lui, donc, il est urgent de favoriser la natalité.

C’est en toute logique qu’il s’est élevé sur son compte X, alors que la loi sur le suicide assisté vient de passer l’obstacle d’un premier débat parlementaire, contre l’euthanasie qu’un internaute présentait comme un service à rendre à la communauté pour sauver l’assurance maladie :

« C’est ce qui se produit en fin de compte lorsque des décennies de faible fécondité et de baisse des ratios d’assistance (actifs/personnes âgées) font que vous n’avez plus les moyens d’assurer les services publics. L’hostilité vis-à-vis de la naissance a pour corollaire l’attitude pro-mort. La bonne réponse est de choisir la vie. »

Mais au-delà, et Paul Morland n’évoque pas cette question, il y a le choix délibéré de contrer la vie humaine. Il ne faut pas l’oublier : qu’ils soient Britanniques blancs ou gens de toutes origines de tous les coins de la planète, les hommes sont en déclin, et ils sont ou seront remplacés dans leurs tâches productives, à un rythme qui s’accélère, par les robots et par l’IA. C’est un autre grand remplacement, qui n’a que faire de la natalité et s’accommode fort bien de l’euthanasie.

 

Jeanne Smits