Le président de la Conférence épiscopale du Portugal, la cardinal Manuel Clemente, a déclaré lors de la clôture de son Assemblée plénière que la question de l’avortement « doit être une priorité politique générale » et qu’elle doit être au menu de la prochaine campagne électoral portugaise. « On ne peut pas se cacher la tête dans le sable », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse, appelant l’ensemble des partis et des citoyens à réexaminer la loi qui a dépénalisé l’avortement jusqu’à 10 semaines de gestation en 2007 dans le pays.
Le cardinal-patriarche de Lisbonne n’est pas allé – hélas – jusqu’à demander une loi qui pénalise de nouveau l’avortement (ce qui n’implique pas de vouloir mettre en prison les femmes qui avortent !) mais il a tout de même signalé que l’utilisation actuelle de la loi de dépénalisation a eu pour effet de faire de l’avortement, « dans certains cas », « un moyen de régulation des naissances ». Il a souligné que nombre femmes y ont recours plus d’une fois, parfois à plusieurs reprises « au cours d’une même année ».
L’avortement, une « priorité politique » selon le cardinal patriarche de Lisbonne
« Ce n’est pas pour cela que la loi a été votée », a lancé le cardinal Manuel, prenant en quelque sorte au mot ceux qui l’ont imposée en prétendant qu’elle ne devait servir qu’à éviter les avortements clandestins et les morts maternelles. Cela n’est pas seulement dénoncé par les « organisations confessionnelles », a souligné le prélat, mais « par des citoyens, des médecins, des personnes liées au monde de la santé ».
Et de souligner que, plus encore qu’aux changements à apporter à la loi ou à de nouveaux référendums, il importe de travailler sur le plan des « convictions et des consciences ». Une « société qui considère la vie comme le premier de tous les droits, à la base de tous les autres, doit s’organiser en ce sens », a-t-il insisté, assurant que trop souvent « les personnes se retrouvent si seules qu’elles pensent qu’il n’y a pas d’autre solution ».
Don Manuel Clemente fait le lien entre avortement et démographie et souligne leur importance dans le débat électoral
Le patriarche de Lisbonne a clairement lié la question de l’avortement légal à celle de la démographie et de la dénatalité. Pour « don » Manuel Clemente – ainsi l’appellent les Portugais – « n’importe quel organisme politique responsable doit avoir très présent à l’esprit les problèmes liés à la vie et à la démographie ».
L’hiver démographique au Portugal
« Selon certaines prévisions, au milieu de ce siècle le Portugal ne comptera plus que 6 millions de concitoyens au lieu des 10 millions actuels : ce n’est pas une question sans importance, il faut y penser, y réfléchir sérieusement – c’est un problème de survie. »
Le président de la Conférence épiscopale a également rappelé que la dénatalité et l’hiver démographique vont de pair avec le vieillissement de la population, dont on se préoccupe peu. « D’un côté, c’est un bien que nous soyons ici plus longtemps, mais à cela doit répondre le renouvellement des générations, pour permettre ensuite l’entraide mutuelle, des plus jeunes aux plus vieux : voilà quels sont les grands problèmes qui nous concernent tous », a-t-il déclaré.