La coalition de centre-droit au pouvoir au Portugal a remporté, dimanche, les élections législatives, mais perdu la majorité absolue au Parlement, selon ce qu’indique le dépouillement de la grande majorité des bulletins de vote. Et ce, malgré l’austère partition jouée, sur une musique européenne, par le premier ministre sortant, Pedro Passos Coelho.
Sur 99,1 % des bulletins dépouillés, 38,5 % des voix se sont portées, d’après le dépouillement en cours qui devrait se terminer dans cette journée de lundi, sur la coalition du premier ministre sortant, contre 32,4 % pour les socialistes emmenés par l’ancien maire de Lisbonne Antonio Costa. Le Bloc de gauche (extrême gauche) a atteint 10 % des suffrages, et les communistes 8,2 %.
Portugal : la droite au pouvoir remporte les élections
« Nous accueillons ces résultats avec beaucoup d’humilité », a déclaré Pedro Passos Coelho. Et, de fait, avec seulement 100 sièges sur les 230 que compte le parlement monocaméral, l’actuelle coalition de centre-droit va devoir former un gouvernement minoritaire. Historiquement et pratiquement, c’est plutôt mauvais signe…
D’autant que, si l’on veut bien se livrer à un rapide calcul, la gauche, tous partis confondus (32,4 % + 10 % + 8,2 % = 50,6 %), recueillerait la majorité des voix. Seule sa désunion, en l’occurrence, lui vaut d’avoir perdu.
« Nous allons dire au président que la force politique qui a obtenu le plus de voix est prête à former un gouvernement », a donc déclaré Pedro Passos Coelho malgré ce calcul défavorable et pessimiste.
Le président portugais, Anibal Cavaco Silva, doit en effet désigner le nouveau premier ministre au terme d’une consultation des dirigeants politiques du pays. Même s’il appartient, lui aussi, au centre-droit, et que l’unité de vue politique le pousse indubitablement à reconduire le premier ministre sortant, dont la victoire, en début d’année, était encore inenvisageable, le calcul favorable aux forces de gauche l’oblige néanmoins à prendre le temps de peser mûrement la situation.
Pedro Passos Coelho aura donc tout fait pour paraître crédible, affirmant qu’il représentait la « stabilité », même si celle-ci a une fâcheuse tendance à rimer avec austérité. Et se disant « satisfait du travail accompli ».
Un avantage psychologique
Pas beaucoup mieux, en définitive, que ce qu’a fait le Parti socialiste lorsqu’il était au pouvoir. Mais avec un avantage de poids : c’est ce dernier qui avait accepté, au départ, le plan d’aide internationale, et donc mis en place les fameuses mesures d’austérité.
De ce fait, le premier ministre sortant a eu beau jeu, à l’époque, d’évoquer un héritage délicat dans lequel il n’était pour rien. Et de soutenir de ce fait aujourd’hui que ses adversaires étaient vecteurs d’« instabilité »…