Le pouvoir des évêques se manifeste dans l’exorcisme

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Tout pouvoir vient de Dieu et la structure de la société humaine est une structure d’autorité de par la loi naturelle et divine : cette réalité se fait manifeste dans le domaine de l’exorcisme où l’on constate que celui-ci est d’autant plus efficace qu’il est pratiqué par un évêque. C’est ce qu’a expliqué le P. Chad Ripperger, exorciste bien connu aux Etats-Unis, en répondant aux questions de John-Henry Westen pour LifeSiteNews.

Le P. Ripperger a écrit plusieurs livres sur son expérience en tant que « chasseur de démons » et il en parle volontiers dans les médias – non pour satisfaire à une demande de sensationnalisme de la part du public mais, comme il l’explique d’emblée dans cette interview, parce qu’il s’est aperçu que cela permet de catéchiser les fidèles sur des points de doctrine et de morale, notamment en mettant en évidence l’opposition des démons (qui les connaissent bien) à ces derniers.

L’entretien a porté en particulier sur la question de l’autorité : de fait, a expliqué l’exorciste, les démons s’en prennent aux êtres humains (comme aux choses pour les cas d’infestation) dans le but d’avoir du pouvoir. Ils en sont capables de par la volonté permissive de Dieu, mais ils n’en ont pas le droit, et ils peuvent donc être chassés – mais uniquement par celui qui a reçu pouvoir pour ce faire.

 

Démons, pouvoir et autorité

Cette vérité est infusée dans leur esprit, explique le P. Ripperger : « Ils ont parfaitement conscience de cela, et savent donc exactement la ligne de démarcation entre celui qui dispose de ce pouvoir et celui qui n’en dispose pas », que ce soit en vertu de l’autorité découlant de la loi naturelle, comme l’autorité paternelle ou parentale, de l’autorité liée à un office ou de celle qui est attachée à un devoir.

Ainsi, parmi les conseils donnés par l’exorciste pour la lutte contre les démons, figure celui de « rester à sa place », « dans son couloir » comme l’athlète pendant sa course. Il s’agit de respecter « la structure d’autorité quant à qui a, et qui n’a pas le droit de donner des ordres ». Le simple laïc ne doit donc pas prier « sur » autrui pour chasser un démon : « Vous pouvez prier pour les autres, et vous pouvez demander à Notre Seigneur d’aider d’autres personnes qui pensent subir une attaque diabolique. Mais ne priez pas en essayant d’ordonner aux démons de les quitter si vous n’en avez pas l’autorité. »

Ce pouvoir, précise-t-il, appartient au contraire notamment au mari qui a autorité sur son épouse, au père et à la mère vis-à-vis de leurs enfants qu’ils ont devoir de « nourrir et de protéger », à chaque personne sur son propre corps, sur lequel elle a autorité : « Par exemple, le père a le droit de protéger ses enfants contre, disons, un intrus dans la maison, mais il a également le droit de les protéger spirituellement. Le père a donc le droit d’ordonner aux démons de laisser ses enfants tranquilles parce qu’il a l’autorité. » Tous les prêtres reçoivent le pouvoir d’exorciser, en entrant dans l’ordre des exorcistes s’ils sont ordonnés selon l’ancien rite, ou en étant ordonnés diacre dans le nouveau, mais l’Eglise a « lié » ce pouvoir depuis le Concile de Trente, en le limitant aux exorcismes mineurs. « Pour faire des exorcismes solennels, il doit avoir la permission de son évêque local, car l’évêque est l’exorciste du diocèse, et il peut ensuite déléguer cette tâche au prêtre », a précisé l’abbé Ripperger.

 

Les évêques ont un pouvoir d’exorcisme lié à leur pouvoir d’autorité

Cette structure d’autorité fait que l’évêque a davantage de pouvoir que le simple prêtre en matière d’exorcisme, ainsi que l’a confirmé l’exorciste en réponse à une question de John-Henry Westen : « Parce qu’il possède la plénitude du sacerdoce, et aussi parce qu’il a juridiction sur son diocèse, le pouvoir qu’il exerce en raison de son autorité en tant qu’évêque est bien plus étendu que celui d’un prêtre », a-t-il expliqué. Ce pouvoir s’exerce non seulement sur les fidèles catholiques, mais sur toutes les personnes résidant dans le diocèse. Et en vertu de l’autorité de l’évêque sur son territoire – dont la plupart de ces successeurs des apôtres ignorent l’étendue, précise le P. Ripperger – il pourrait aussi pratiquer, chaque jour le cas échéant, des exorcismes visant le diocèse lui-même, pour en chasser l’influence démoniaque. Avec des retombées positives sur de nombreux plans, précise l’exorciste, y compris le plan politique.

On imagine en effet qu’un exorcisme sur Paris, fait par son évêque à la suite de l’abominable blasphème de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympique, ne puisse qu’être profitable alors que la ville s’est ouverte délibérément au mal…

Le P. Ripperger a donné un exemple de ce pouvoir lié à l’autorité épiscopale : « Un jour, j’ai demandé à un évêque d’imposer les mains à une femme, ce qu’il a fait. Elle m’a dit que lorsqu’il eut posé ses mains sur sa tête et commencé à prier afin de chasser le démon, la douleur qu’elle a ressentie, qui est en fait la douleur que le démon ressent parce que la personne ressent la même douleur, était pire que celle d’un accouchement. Ce genre de chose ne se produit pas en ce qui me concerne. C’est bien un indicateur du fait que le pouvoir [des évêques] est beaucoup plus étendu. »

Et cela est vrai même pour les « mauvais évêques », a insisté l’exorciste. Et a fortiori pour le pape qui a juridiction universelle.

 

Le chrétien qui manifeste sa foi dans une pratique régulière et aimante se protège des démons

Mais comment les laïcs ordinaires, les pères, en tant que chefs de famille, et les mères de famille peuvent-ils mener cette lutte spirituelle, notamment pour se protéger eux-mêmes et leurs familles de l’influence démoniaques ? A cette question posée par Westen, le P. Ripperger a proposé une réponse en trois temps.

« Tout d’abord, il faut mener une vie catholique normale. Et par normale, j’entends se confesser, aller à la messe le dimanche et tous les jours d’obligation : se confesser régulièrement, recevoir les sacrements et les sacramentaux et faire ses prières, comme l’Eglise l’a toujours dit », a-t-il répondu, notant qu’il s’agit là d’une sorte de « vaccination » que les pères peuvent aussi offrir à leurs enfants en leur enseignant cette manière de vivre, tout en leur « inculquant un véritable amour de la foi catholique ».

Le deuxième moyen, évoqué plus haut, est de « rester dans son couloir », de ne pas chercher à exercer sur les démons un pouvoir que l’on n’a pas.

Pour finir, le P. Ripperger a identifié la « troisième règle d’engagement » dans ce combat : celle de la discipline de la vie spirituelle. « Il doit y avoir un domaine de votre vie spirituelle où vous exercez le renoncement à vous-même tous les jours et chaque jour dans sa pratique. Si les gens font cela de manière systématique, nous constatons qu’ils sont, en général, à l’abri de l’influence diabolique. En fait, nous avons constaté qu’environ 80 % des influences diaboliques – non tant la possession que les formes moins importantes d’influence diabolique – s’évaporent lorsque les gens développent une discipline intérieure de base dans leur vie spirituelle », a-t-il déclaré.

 

Jeanne Smits