Le président d’Egypte Abdel Fattah al-Sissi sauvé in extrémis d’une trop évidente candidature unique pour la présidentielle de mars

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Il était moins une, lundi, lorsqu’un adversaire a déposé sa candidature pour disputer la présidence de l’Egypte au maréchal Abdel Fattah al-Sissi lors de l’élection présidentielle de mars prochain. Mousa Mostafa Mousa est à la tête du parti Ghad – qui a accordé son soutien à al-Sissi pour un deuxième mandat en tant que président d’Egypte, pourtant – et il y a encore une semaine, il participait encore à des meetings de soutien à celui-ci. A l’heure de déposer son dossier, la page Facebook de Mousa était toujours ornée d’une photo du président Al-Sissi avec une belle protestation de fidélité. La candidature est-elle sincère ? Sans pouvoir répondre à cette question, on peut du moins noter qu’elle « sauve » al-Sissi du désagrément de la candidature unique, tout en maintenant la quasi certitude de sa réélection.
 
Le président en place et son équipe ont tout fait pour assurer cet état de fait. Les dernières semaines avant le dépôt des candidatures ont été marquées par le retrait de possibles adversaires qui dénonçaient la « répression » organisée pour les empêcher de se présenter à l’élection, de telle sorte que plusieurs leaders de l’opposition ont appelé dimanche à boycotter le scrutin.
 

Sauvé juste avant le gong : le président d’Egypte Abdel Fattah al-Sissi aura un adversaire à la présidentielle de mars

 
Le principal adversaire politique d’al-Sissi, l’ancien chef d’état-major de l’armée égyptienne, Sami Anan, a été emprisonné la semaine dernière au motif qu’il s’était présenté à l’élection sans la permission des autorités militaires, tandis qu’un de ses proches, Hisham Genena, spécialiste de la lutte anti-corruption, a subi une violente attaque devant son domicile samedi, qui l’a laissé gravement blessé.
 
Fortement critiquée sur les réseaux sociaux égyptiens mais aussi sur la scène internationale et notamment par l’ONU, l’élection qui se déroulera du 26 au 28 mars prochain était partie pour permettre l’élection certaine d’un homme seul. Mais comme en France, où Macron a eu l’avantage de disputer le deuxième tour face à Marine Le Pen – une aubaine, pour lui, finalement ! – ou en Russie où Poutine est lui aussi quasi assuré de la victoire cette année, on voit de plus en plus de leaders stratégiques sur la scène globale installer des régimes de parti unique de fait face à des oppositions rendues impuissantes ou évanescentes.
 

Une candidature unique déguisée en présidentielle libre et ouverte

 
Le maréchal al-Sissi est de ceux-là. Il a déjà l’appui massif des médias, et plus de 500 députés sur les 595 que compte le parlement égyptien l’ont assuré de leur soutien.
 
Al-Sissi est aussi de ceux qui réclament la restructuration de l’islam, avec le soutien improbable de l’université Al-Azhar du Caire qui donne le la en matière d’« orthodoxie » islamique à un grand courant musulman sunnite. La création d’un islam compatible avec le relativisme moderne est une nécessité absolue pour l’entreprise globaliste qui passe par « l’amitié entre les peuples » et une coexistence assise sur le rejet des religions traditionnelles, sans égard pour la vérité (ni pour l’erreur d’ailleurs), dans une spiritualité réduite au plus petit dénominateur commun ou plutôt tournée vers le culte de la Terre.
 
Le terrorisme islamique est comme l’utile contrepoint de ce projet : rejeté avec force par le président égyptien il a donné à ce dernier sa dimension de champion de la paix. En présentant, et c’est cela qui vend la mèche, l’islam comme une religion de paix et de tolérance…
 

Anne Dolhein