Un prêtre catholique prisonnier de guerre en Ukraine : la prière l’a sauvé

prêtre catholique prisonnier Ukraine
 

Comme des relents de l’époque soviétique… Le prêtre catholique Bohdan Heletta, fait prisonnier en Ukraine et séquestré par les forces d’occupation russes sur la rive nord de la mer d’Azov depuis novembre 2022 avant d’être libéré en juin dernier, vient de témoigner des mauvais traitements et de la torture dont il dit avoir fait l’objet pendant sa captivité. Le prêtre grec-catholique a notamment passé cinq mois à l’isolement et affirme aujourd’hui que la prière – la sienne et celle des personnes qui ont prié pour lui – l’a sauvé.

Attaché à la congrégation des Rédemptoristes, le Père Heletta a passé au total un an et sept mois dans divers camps russes. Il avait été arrêté dans son église à Berdyansk par des soldats, puis accusé dans les médias russes de terrorisme et de possession d’armes. Sur place, il avait subi la torture par le bruit au moyen de la diffusion permanente de chants soviétiques. Il a également témoigné du fait que d’autres prisonniers étaient soumis à des chocs électriques, ou obligés d’apprendre l’hymne national russe sous peine de punition.

 

Un prêtre catholique fait prisonnier en Ukraine raconte

Par la suite il a été transféré vers d’autres camps où lui-même et l’autre prêtre arrêté en même temps que lui, Ivan Levytsky, ont été privés de toute possibilité de célébrer la Divine liturgie. Au contraire, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec une chaîne de télévision catholique, leur appartenance à l’Eglise grecque-catholique en union avec Rome leur avait valu de la part des soldats russes responsables des camps un traitement défavorable : ils étaient considérés comme membres d’une « secte » qui s’était séparée de l’orthodoxie.

Heureusement, les deux prêtres avaient une bible russe qu’ils lisaient lors de réunions discrètes pour la prière du matin, et ils pouvaient aussi assurer conseils spirituels et confessions.

 

La force de la prière pour les prisonniers

Le P. Heletta, qui ne s’attendait pas à être libéré et qui a été « échangé » par surprise lors d’un échange de prisonniers avec l’Ukraine, affirme aujourd’hui que sa foi l’a aidé à supporter l’épreuve, spécialement lors des moments de grande incertitude tels les déplacements, les interrogatoire et la torture psychologique où sa prière se faisait « plus urgente ». Enfermé seul pendant cinq mois, il a appris ce que veut dire être « aux marges de la vie », explique-t-il : « C’est là que j’ai compris comment on peut devenir fou ; je comprends pourquoi il y a des gens qui se suicident. »

 

Jeanne Smits