Interdiction des activités de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne dans la zone occupée de Zaporizhzhia

Interdiction Eglise gréco-catholique Zaporizhzhia
 

Le site internet de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne a publié le 7 décembre un communiqué dénonçant la décision des autorités de la zone de la région de Zaporizhzhia occupée par la Russie de proclamer l’interdiction de cette Eglise tant sur le plan administratif que sur celui des activités. Plusieurs organisations caritatives internationales travaillant en Ukraine, comme Caritas et les Chevaliers de Colomb, sont également interdites d’activité dans la zone occupée.

Voici la traduction intégrale du communiqué.

 

*

Interdiction des activités de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne dans la région de Zaporizhzhia

 

7 décembre 2023

Les autorités d’occupation russes ont émis un « ordre » visant à interdire les activités de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, ainsi que des organisations Caritas et les Chevaliers de Colomb œuvrant dans le domaine social dans le territoire occupé de la région de Zaporizhzhia. L’« ordre » du chef présumé de l’administration militaire et civile de la région de Zaporizhzhia, le collaborateur Evhen Balytsky, a été publié sur son site web officiel.

Le département de l’information de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne vient seulement d’en prendre connaissance, bien que le document porte la date du 26 décembre 2022.

Les occupants invoquent une justification de l’interdiction des activités de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne dans le territoire occupé de la région de Zaporizhzhia, en alléguant le stockage « d’explosifs et d’armes à feu sur le territoire des édifices religieux et des locaux auxiliaires », ainsi que le fait que les activités de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne sont menées « en violation de la législation sur les organisations religieuses et publiques de la Fédération de Russie », notamment en raison de « la participation de paroissiens à des émeutes de masse et à des rassemblements antirusses en mars-avril 2022 », de « la distribution de documents incitant à la violation de l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie », et de « la participation active des communautés de l’UGCC dans la région de Zaporizhzhia aux activités d’organisations extrémistes et à la propagande d’idées néo-nazies », etc.

Outre l’interdiction de l’UGCC, les autorités d’occupation russes ont également ordonné :

– le transfert des biens mobiliers et immobiliers et des terrains de l’Eglise à la disposition de l’administration militaire et civile d’occupation de la région de Zaporizhzhia ;

– la résiliation des contrats de location de locaux et de terrains conclus précédemment par l’Eglise gréco-catholique ukrainienne avec les autorités locales de la région de Zaporizhzhia ;

– la cessation de l’enregistrement de la communauté religieuse « Eglise gréco-catholique ukrainienne » auprès des autorités d’occupation de la région de Zaporizhzhia ;

– l’interdiction pour les personnes ayant occupé des postes de direction et d’administration au sein de l’UGCC d’enregistrer des organisations publiques et religieuses dans le territoire occupé de la région de Zaporizhzhia.

En plus de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, l’« ordre » d’interdiction des autorités d’occupation de la Fédération de Russie concerne d’autres organisations dont les activités sont notamment liées au service social et au soutien humanitaire de la population dans les territoires occupés et désoccupés : les Chevaliers de Colomb et la Fondation caritative Caritas : Caritas Canada, Caritas USA, Caritas Pologne, Caritas République tchèque, Caritas Donetsk et Caritas Melitopol.

Le prétendu gouverneur, Balytsky, a confié le contrôle de la mise en œuvre de cet « ordre » à son adjoint chargé de la sécurité.

L’Eglise gréco-catholique ukrainienne appelle les organisations internationales à faire tout leur possible pour assurer le respect de la liberté religieuse dans le territoire occupé de l’Ukraine.

*

 

L’interdiction de l’Eglise greco-catholique à Zaporizhzhia s’accompagne d’enlèvements de prêtres

On peut se demander comment une telle interdiction a pu passer inaperçue, mais il faut bien comprendre que c’est la découverte du texte l’ordonnant, et non sa mise en œuvre qui constitue la nouveauté. Sur le fond, on peut noter que les accusations d’activités anti-russes sont classiques dans le contexte, et sur le terrain, l’Eglise grecque-catholique fait en effet face à une persécution dans la région de Zaporizhzhia.

Ainsi, deux prêtres rédemptoristes, le père Ivan Levitsky et le père Bohdan Geleta (qui souffre d’une forme aiguë de diabète), ont été enlevés en novembre 2022 dans l’église de la Nativité de la Très Sainte Théotokos à Berdyansk, située dans la région de Zaporizhzhia. L’Eglise grecque-catholique ukrainienne précise rester toujours sans nouvelles des deux prêtres.

 

Anne Dolhein