A l’image d’une initiative du Vatican qui entend proposer un interlocuteur numérique programmé pour donner des réponses sur des questions de foi au moyen de l’intelligence artificielle (IA), Magisterium AI, l’association de formation catholique américaine Catholic Answers a récemment mis en ligne un « prêtre IA » répondant au nom de Père Justin, avec le même objectif de formation des masses. Mais il y a eu un hic : ledit P. Justin, pour être virtuel, n’en était pas moins « persuadé » de bien valoir un vrai curé. Il s’est dit exister réellement, en chair et en os, annonçant aux internautes qu’il vivait à Assise et qu’il s’était senti appelé au sacerdoce « dès l’enfance ». Pas mal, pour un robot… Catholic Answers n’a pas trouvé d’autre parade que de le « défroquer » : désormais, l’image de l’interlocuteur ne porte plus soutane et col romain, mais blazer et chemise ouverte.
Le média Futurism, qui s’intéresse aux innovations technologiques, avait « testé » le P. Justin quelques jours plus tôt et avait pu vérifier sa prétention à la réalité. Un particulier venait de témoigner sur X de ce que le robot avait proposé de l’entendre en confession et semblait même disposé à conférer des sacrements.
Le prêtre IA défroqué était plutôt traditionnel, mais se prenait pour un vrai
Les conseils moraux de « Father Justin » se sont avérés conservateurs, même si ses réponses étaient parfois surréalistes du fait qu’on ne pouvait pas l’interroger par écrit, mais seulement par micro interposé, au risque d’être incompris.
Catholic Answers ne démord pas pour autant de sa volonté de proposer un chatbot catholique aux internautes. Justin, désormais laïcisé, se présente comme un « théologien laïque » et répond même aux curieux qu’il n’a jamais, au grand jamais, été clerc, ni détenteur d’un rôle officiel au sein de l’Eglise catholique. Il revendique même son statut d’intelligence artificielle, ajoutant qu’il n’est pas un « vrai homme ».
Preuve que l’association a su reprogrammer son robot en un temps record, après cet incident franchement gênant.
Faire exister la direction spirituelle virtuelle, un vrai cauchemar
L’Eglise – et les pieuses associations qui veulent la représenter – ne feraient-elles pas mieux de se méfier ? Au risque de ressembler à un « bot » actuellement développé par le gouvernement iranien, qui encourage les « clercs » islamiques de Qom à conduire des expériences avec une IA capable de rédiger des fatwas. Les dits responsables musulmans ne sont pas contre : « Les robots ne peuvent remplacer les clercs expérimentés, mais ils peuvent devenir des assistants de confiance qui les aidera à produire une fatwa en cinq heures plutôt qu’en cinquante jours. »
Utiliser l’IA pour aboutir à une sorte de direction spirituelle artificielle ne semble en soi faire peur ni à ces catholiques, ni à ces musulmans. Quel excès de confiance !