Prières hindoues à Bali avec des représentants du FMI et de la Banque mondiale en vue de leur réunion d’octobre 2018 en Indonésie

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23 chefs d’Etat attendus, ainsi qu’au moins 15.000 participants venus de tous les pays du monde : la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale, programmée pour octobre 2018 à Bali mobilisera sans doute un nombre bien supérieur de ministres, de gouverneurs de banques centrales, de dirigeants d’entreprises et autres universitaires et journalistes attirés par la réputation enchanteresse de cette île d’Indonésie. Ce que la plupart d’entre eux ignore probablement, c’est que parmi les réunions préparatoires, celle qui s’est tenue jeudi a été marquée par un point d’orgue insolite : une prière hindoue publique à laquelle ont participé de haut responsables de ces deux institutions internationales. Ils en étaient d’ailleurs ravis.
 
C’est à la demande du gouverneur de la province de Bali, Mangku Pastika, que la cérémonie hindouiste du » Matur piuning » a été organisée au temple de Besakih, le plus gros temple de cette île paradisiaque où vivent la plupart des hindous indonésiens – ils représentent un petit pourcentage d’une population nationale à forte majorité musulmane mais à Bali, 90 % des habitants adorent Brahma, Vishnou et Shiva, improbable trinité qui passe pour n’être qu’un seul Dieu afin de passer la barre des exigences gouvernementales monothéistes.
 

Les prières hindoues des représentants du FMI et de la Banque mondiale

 
Etait bien sûr présent Peter Jacobs, le chargé local de l’organisation de la rencontre FMI-Banque mondiale, qui apparaît sur son compte Twitter sur une photo où il arbore un t-shirt avec impression de carte bancaire et de symbole de paiement sans contact. Tout un programme. Mais aussi Yvone Tsikata, secrétaire de la Banque mondiale, et le secrétaire du FMI d’origine chinoise, Jianhai Lin, qui ont tous deux étés aspergés d’eau « bénite » à la fin de la cérémonie à laquelle ils venaient de religieusement participer, comme on peut le voir sur cette vidéo.
 

 
Avec l’inspecteur général de la police de Bali, Peter Golose, le gros des troupes était formé par les représentants des quelque 2.000 membres des forces de sécurité qui assureront la protection de la réunion à l’automne. Tous ont imploré la bénédiction des dieux pour la réussite, le déroulement sans heurts et la sécurité de l’événement.
 
On peine à imaginer de tels hauts fonctionnaires participant à une prière publique à Notre-Dame en présence du préfet de police de Paris pour obtenir la bonne fortune de pareille réunion en France.
 

La réunion d’octobre 2018 à Bali sous le signe de Shiva, Vishnou et Brahma

 
D’ailleurs, sans réclamer une laïcité à tout crin, on s’interroge devant la disposition de ces globalistes, supposés ne favoriser aucune religion et même, dans l’ensemble, ouvertement opposés à la doctrine et aux exigences morales des chrétiens et plus encore des catholiques, à participer à des rituels religieux. A moins qu’un élément de réponse ne soit fourni par le côté animiste de l’hindouisme indonésien, marqué à la fois par les croyances traditionnelles telles qu’elles existent en Inde mais aussi par une vénération des éléments de la nature – rivières, montagnes considérées comme source de vie. Cette spiritualité panthéiste est décidément bien vue par les temps qui courent.
 
Le gouverneur Mangku Pastika a insisté pour dire que la réunion de prière ne s’était pas tenue de sa seule initiative, mais qu’il s’agit bien d’une « initiative conjointe », à la fois du comité central du gouvernement de Bali comme du FMI et de la Banque mondiale. On attend, sans trop d’espoir, que ceux-ci s’en expliquent. Dans un entretien avec la télévision indonésienne, Yvone Tsikata s’est contentée de faire part de son enthousiasme d’avoir pris part au rituel (païen).
 

FMI et Banque mondiale ont participé à un rituel hindou en Indonésie

 
Il a ajouté que la décision de l’organiser avait été prise pour respecter les croyances des habitants de Bali : « Nous savons que le peuple balinais met en avant le Sekala et le Niskala, parce que c’est ce qui forme la valeur spirituelle de Bali. » Sekala et Niskala désignent « le visible et l’invisible », pour souligner qu’il faut attribuer à ce que l’on ne voit pas la même valeur et le même respect qu’à ce que l’on voit. Cela désigne également un dualisme revendiqué : s’il faut remercier et prier les bons esprits, il faut également faire des offrandes aux mauvais esprits pour les apaiser. « La dualité est au cœur de la structure spirituelle, il s’agit de maintenir l’équilibre entre le bien et le mal car aucun de ceux-ci ne peut exister sans l’autre », explique le site Holistic Bali.
 
Le FMI et la Banque mondiale en seraient-ils d’accord ?
 

Jeanne Smits