Un prêtre espagnol qui a remis en cause l’opportunité du dialogue interreligieux avec l’islam, passera devant le tribunal le 1er octobre prochain pour « délit de haine ». Dans le système espagnol, le procureur annonce dès avant l’audience la peine requise à l’encontre du prévenu. En l’occurrence, Maria Teresa Verdugo a d’ores et déjà requis trois ans de prison à l’encontre de l’abbé Custodio Ballester pour avoir parlé de « l’impossible dialogue avec l’islam ».
Le prêtre, incardiné dans le diocèse de Barcelone, est poursuivi par l’association Musulmans contre l’islamophobie, qui a porté plainte en 2020 contre un article publié le 29 décembre 2016.
C’est donc il y a déjà près de 10 ans que le P. Ballester s’indignait devant la réactivation du dialogue christiano-musulman proposée par Mgr Juan José Omella, archevêque de Barcelone. Son article s’ouvrait sur une citation du Coran où Mahomet incitait à combattre contre ceux qui, « ayant reçu l’Ecriture, ne croient pas en Allah ni au dernier jour », affirmant qu’il faut « les humilier et leur faire payer directement le tribut ».
Un prêtre menacé de prison pour contestation du dialogue islamo-chrétien
« L’islam ne permet pas le dialogue. Ou bien tu crois, ou bien tu es un infidèle qui doit se soumettre d’une façon ou d’une autre », rappelait-il, affirmant que ce dialogue inter-religieux revenait à vouloir « dialoguer avec les avorteurs, les euthanasistes et les promoteurs de l’idéologie du genre ». Il ajoutait que « dans les pays où les musulmans ont le pouvoir, les chrétiens sont brutalement persécutés et assassinés » – à moins de payer la djizia, l’impôt des dhimmis. Ses propos étaient certes vifs, mais ils portaient entre autres sur la manière violente dont avait été reçu le discours de Benoît XVI à Ratisbonne sur l’islam, et donnait des exemples concrets. Il concluait que le fait de présenter l’islam comme une « religion de paix » est une erreur qui sème la confusion.
Ainsi, le ministère public espagnol a-t-il d’emblée pris le parti des musulmans dans cette affaire, donnant raison à l’association présidée par Afifa Azzouzz, en affirmant que le texte du père Ballester contient des expressions qui stigmatisent les musulmans et leur appliquent des stéréotypes en présentant l’islam comme une menace vis-à-vis de la civilisation occidentale. Madame le procureur a également souligné que dans un pays qui compte plus de 2,3 millions de musulmans pour le moment, comme l’Espagne, un tel texte accessible à des milliers de personnes pourrait contribuer immédiatement à l’animosité. Cerise sur le gâteau, le ministère public réclame que ce prêtre soit privé de l’exercice de toute profession ou office pendant la durée de sa condamnation.
Le « dialogue » à coups de menaces de prison
Au cours de l’instruction, le prêtre a indiqué que son discours visait les musulmans radicaux et non ceux qui vivent paisiblement dans son pays.
L’audience devait avoir lieu le 23 septembre 2024, mais a été suspendue en raison d’un empêchement de l’avocat du P. Ballester. Une audience d’un jour est désormais prévue devant le tribunal provincial de Malaga le 1er octobre prochain. Neuf ans après la parution du texte incriminé, on voit mal le ministère public parvenir à faire le lien entre celui-ci et quelques manifestations de haine à l’égard de musulmans.