Le procès du quinquennat

Procès quinquennat
 
Le 24 septembre 2000, les Français adoptaient la réforme du quinquennat, à l’appel plus ou moins conjoint de Jacques Chirac et Lionel Jospin. Quinze ans plus tard, cette réforme semble n’avoir pas, en définitive, réellement convaincu nos compatriotes. Et il faut se souvenir que, à l’époque, le scrutin l’adoptant avait connu une abstention de quelque 70 %. Selon un récent sondage, ils seraient donc 73 % à avouer aujourd’hui leur déception. Et les politiques, qui misaient à l’époque sur un retour plus rapide de l’alternance, et la probable disparition de cohabitations stériles, ne sont pas les derniers à monter au créneau pour faire le procès du quinquennat.
 
« Décevante »… C’est ainsi que, répondant à un sondage Odoxa publié samedi dernier, sur le site internet du Parisien, près de trois quarts des Français jugent la mise en place du mandat présidentiel à cinq ans. Ils sont d’ailleurs encore plus nombreux – soit 82 % – à juger que cette réforme n’a pas été « efficace ».
 

Le quinquennat en procès

 
Premier reproche, à 71 %, adressé par nos compatriotes au quinquennat : « le sentiment que l’on est en campagne électorale permanente ». Il faut avouer que poser la question à dix-huit mois de la présidentielle justifie cette réserve, tant les débats sur la primaire à droite, et plus encore les déplacements du VRP Hollande polluent la vie quotidienne des Français.
 
Oh ! bien sûr, le quinquennat a le grand mérite d’être « générateur de stabilité politique » en évitant les cohabitations. Mais, face au désolant spectacle des campagnes électorales, seuls 35 % des sondés veulent retenir ce fait.
 
Les citoyens français ne sont pas les seuls à s’interroger sur la durée du mandat présidentiel. Ce sondage intervient en effet après la publication d’un rapport sur la révision de nos institutions établi par un groupe de travail conduis par le président socialiste de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. Au terme de leur réflexion, ils ont notamment proposé la mise en place d’un septennat non renouvelable, estimant que le quinquennat a « ajouté à la confusion des rôles entre le chef de l’Etat et le premier ministre ».
 

Confusion des rôles et décrédibilisation de la fonction présidentielle

 
C’est notamment le cas pour l’exercice en cours, Hollande et Valls jouant une espèce de ballet dans lequel on ne sait plus trop bien qui est qui.
 
Mais ce qui est sans doute pire que cette confusion est l’espèce de sabordage de la crédibilité de l’exercice présidentielle auquel, par son manque de charisme et d’idées politiques claires et efficaces, s’est livré François Hollande. A tout prendre, sil notre pays n’avait pas aujourd’hui de président, on peut penser, compte-tenu notamment de la logique européenne des institutions, que notre pays ne s’en porterait pas plus mal…
 
… pour ne pas dire : « mieux ».
 

Hubert Cordat