Un professeur suspendu en Suède pour avoir demandé à ses élèves d’imaginer la préparation d’un attentat terroriste

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Les élèves du lycée public Per Brahe à Jönköping en Suède ont eu la surprise, la semaine dernière, de se voir proposer un devoir qui consistait à imaginer et à décrire la préparation d’un attentat terroriste. L’affaire est vite arrivée aux oreilles de la direction de l’école, avertie par des élèves choqués, et le professeur a été suspendu sans salaire dès vendredi dernier.

Le journal local SVT Nyheter Jönköping a pu voir la consigne indiquant que l’objectif du devoir était de planifier théoriquement une attaque terroriste de manière à faire mourir un maximum de civils innocents. Il leur était notamment suggéré d’imaginer un attentat biologique.

La consigne était accompagnée de critères de notation. Pour obtenir la note « A » maximale, les élèves devaient avoir planifié leur acte terroriste de manière « compréhensible » en utilisant leurs connaissances en la matière. Ils devaient également présenter un contexte et une raison réalistes pour leur attaque terroriste.

 

Le professeur interrogeant ses élèves sur la préparation d’un attentat restera anonyme…

Selon les élèves interrogés par SVT, l’enseignant a d’abord dit que les élèves pouvaient soit faire le devoir, soit lui envoyer un courriel expliquant pourquoi le devoir était inapproprié. Au bout d’un jour ou deux, l’enseignant se serait ravisé et aurait dit que le travail consistait uniquement à formuler un courriel sur le caractère inapproprié de l’exercice.

Faux, réplique l’enseignant (resté anonyme, on se demande bien pourquoi) : il a déclaré par SMS au journal (et non pas téléphone, on se demande bien pourquoi) que « la tâche des étudiants était d’écrire une lettre de protestation et d’expliquer pourquoi ils ne devaient PAS suivre les instructions du document ». Il soutient aujourd’hui que les élèves n’avaient pas le choix : « J’ai clairement dit qu’ils ne devaient pas suivre les instructions du document. » Assez peu « clairement », toutefois pour que les élèves affolés se soient sentis obligés d’aller voir le principal…

Le professeur anonyme a ajouté lors de ses échanges SMS avec SVT que la direction de l’école ne lui a pas parlé avant de le suspendre pour lui demander sa version des faits. Sa consigne était suffisamment « imprudente », a répondu Henrik Natt och Dag, responsable municipal des « gymnases » de la ville – ces lycées préparant à l’entrée en université – pour que la sanction immédiate se justifie. « Cela témoigne d’une absence totale de jugement. Sans compter que nous sommes en situation d’alerte attentat élevée en Suède », a-t-il commenté mercredi.

Les élèves et leurs parents ont été « informés », a-t-il ajouté, précisant que le dossier a été transmis à la police… qui a avoir décidé de ne pas ouvrir d’enquête préliminaire en l’absence d’élément criminel. Elle n’y a pas vu une apologie du terrorisme.

 

Avant la Suède, l’Australie

Curieusement, ce n’est pas la première fois qu’un tel fait se produit. En 2010, une enseignante au lycée Kalgoorlie-Boulder en Australie Occidentale avait proposé un devoir très similaire dans le cadre d’un cours sur les conflits et le terrorisme contemporains. Le principal du lycée avait retiré le devoir après avoir été alerté par des élèves et leurs parents.

La consigne demandait notamment aux élèves de déterminer le meilleur moment pour perpétrer l’attaque afin de « tuer le plus grand nombre possible de civils innocents de manière à donner le plus grand poids à leur revendication ».

Dans le cas de l’Australie, le professeur n’avait pas été sanctionné, mais simplement chapitré quant au caractère inacceptable de la consigne ; un responsable du ministère de l’éducation avait déclaré publiquement que l’enseignante avait « commis une erreur » en cherchant au moyen du devoir à faire réfléchir les élèves à travers les yeux des différentes parties à un conflit. Son nom n’avait pas été divulgué non plus.

 

Anne Dolhein