C’est la dernière trouvaille du gouvernement de Puerto Rico, île des Caraïbes et qui dépend des Etats-Unis : accuser les parents d’enfants obèses de « maltraitance ». Et les mettre à l’amende, comme l’a proposé le sénateur Gilbert Rodriguez Valle.
L’obésité est un réel problème, spécialement chez les enfants et particulièrement à Puerto Rico : elle a doublé dans le monde depuis 1980. Les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé montreraient que 39% de la population adulte serait en surpoids, et que 13% serait obèse. A Puerto Rico, cette tranche de la population représente 66%. Pour ce qui est des enfants de Puerto Rico, l’obésité touche entre 24 et 30% d’entre eux.
Le gouvernement de Puerto Rico envisage d’accuser les parents d’enfants obèses de « maltraitance »
La proposition Rodriguez Valle prévoit de demander aux enseignants d’identifier les enfants en surpoids critique et d’informer les parents des effets néfastes de l’obésité sur la croissance et la santé. Six mois plus tard, les professeurs devront évaluer à nouveau l’état de l’enfant, et le signaler éventuellement aux services de l’enfance qui ouvriront un dossier pour mauvais traitements. Des travailleurs sociaux prendront alors le relais, en allant constater les efforts accomplis six mois plus tard, puis un an : si le poids n’a pas diminué, les parents devront alors s’acquitter d’une amende de 800 dollars !
De nombreux médecins de Puerto Rico fermement opposés à ce projet de loi sur l’obésité
Le but ? Améliorer le bien-être des enfants, pousser les parents à mieux nourrir leurs enfants, éviter les surcoûts de l’obésité à la société. Mais c’est au prix d’une ingérence étatique de plus en plus large. Ira-t-on jusqu’à vérifier le contenu des assiettes ?
Il faut pour cela oublier (ou faire semblant) que l’obésité ne dépend pas seulement des petits plats préparés correctement ou non par papa et maman : de nombreux facteurs entrent en ligne de compte comme les normes sociales, les amis, l’éducation, la nourriture disponible et les gènes…
Parents à l’amende, Etat totalitaire
Comme de nombreux médecins, le docteur Ricardo Fontanet, président de la branche portoricaine de l’Académie américaine de pédiatrie, regrette ce simplisme : « Ils n’impliquent même pas les pédiatres, les nutritionnistes, les diététiciens ou les personnes qui préparent les repas dans les écoles ». C’est tellement plus simple de blâmer les parents et d’asseoir le gouvernement à la table familiale…