C’est le Daily Telegraph qui se penche sur la question du soutien financier du Qatar aux extrémismes islamistes dans divers pays du « Printemps arabe », accusant sans détour ce pays « fabuleusement riche », qui se prétend grand ami de l’Occident, d’être l’un des plus importants soutiens des « barbus ».
« Peu l’ont remarqué, mais les islamistes radicaux sont aujourd’hui aux commandes dans la capitale libyenne », assure le journal. Ceux-là mêmes qui ont tenté d’assassiner l’ambassadeur britannique en Libye, Sir Dominic Asquith.
Le Qatar est aussi présent dans l’économie britannique que dans l’économie française, multipliant les achats de propriétés et d’entreprises symboliques comme Harrod’s de Londres et le plus haut building de la capitale anglaise – et pourtant œuvre contre ses « amis » en finançant les djihadistes de Tripoli et d’ailleurs, affirme l’article, invoquant les dires de « diplomates et experts » au Proche-Orient. A tel point que « l’Arabie Saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes réunis ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs en mars ».
Les journalistes londoniens soulignent que le Qatar a soutenu la rébellion contre Bachar el-Assad ; mais pas seulement. « Le Qatar a délibérément fait parvenir un flot d’armes et d’argent aux rebelles islamistes, et notamment le groupe Ahrar al-Sham, ou “ Hommes libres de Syrie ”. La semaine dernière encore, Khalid al-Attiyah, ministre qatari des Affaires étrangères, rendait hommage à ce groupe “ purement ” syrien. »
Le Qatar ferme-t-il les yeux sur l’Etat islamique ?
Mais si ce mouvement islamiste est supposé être en lutte contre l’Etat islamique, aux dires du Qatar, il a « joué un rôle clef » dans la transformation de la rébellion populaire contre Bachar el-Assad en se battant aux côtés d’Al-Nosra ; une coopération avec l’Etat islamique a eu lieu avant que les deux groupes ne se disputent l’an dernier, selon le Daily Telegraph. Or des militants d’Al-Nosra sont partis du côté de l’Etat islamique – avec bagages, et, surtout, armes…
Et si le Qatar continue d’armer les rebelles syriens qui ne sont pas affiliés au Etat islamique, faisant son marché via la Turquie en Croatie, notamment, selon l’article, il n’a aucun moyen pour savoir où elles vont finalement atterrir – rien ne les assure que les islamistes radicaux n’en seront pas les destinataires ultimes. La question qui se pose est bien de savoir si le Qatar a envie de le savoir.
Pour le Telegraph, les radicaux d’Etat islamique sont aujourd’hui le groupe terroriste le plus riche du monde, avec un actif équivalant à 1,78 milliard d’euros.