C’est à l’initiative de Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain et président de l’association Entreprises pour l’environnement (EpE) qu’un sommet de dirigeants de grosses entreprises s’est tenu mercredi et jeudi à Paris dans le cadre de l’Unesco pour faire des propositions en vue de la grande conférence sur le climat en décembre. Le Business and Climate Summitrépondait à une demande de Ban Ki-moon : le secrétaire général de l’ONU souhaitait cette implication des entreprises dans la lutte contre (l’illusoire) réchauffement climatique.
Les représentants des grandes organisations supranationales étaient là pour répéter le leit-motiv : il faut taxer les émissions carbone, il faut fixer un prix élevé afin de disposer d’un mécanisme « efficace ». Rachel Kyte, vice-présidente, envoyée spéciale pour le climat à la Banque mondiale, est venue prêcher la bonne parole. François Hollande et Ségolène Royal ont fait écho à ces propositions, lui pour annoncer que la taxe carbone sera fixée à un prix stable et élevé au 1er janvier 2019, elle pour réclamer des « règles stables, fixes et irréversibles en donnant un prix au carbone ». A 100 dollars la tonne – c’est le montant qui revient fréquemment – l’addition risque d’être salée, à la fois pour les entrepreneurs et pour les consommateurs qui la paieront forcément dans la note finale de leurs achats.
Le sommet étrange où des dirigeants d’entreprises demandent à payer des taxes carbone élevées
Les entrepreneurs eux-mêmes sont un peu plus modestes, qui envisagent un prix de 40 euros la tonne pour 2020, mais ils seraient prêts à voir la tonne facturée 200 euros la tonne en 2030. Le prix actuel sur la bourse européenne du carbone est de 7 euros la tonne. Tablent-ils sur l’avance prise sur des concurrents pour rendre leur fonctionnement plus « propre » en vue de prévenir des catastrophes dont la menace, non avérée, est si opportune ?
On comprend mieux à entendre Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Solvay, qui réclame un « système politique simple » pour changer les habitudes de chacun : la taxe élevée serait facile à mettre en œuvre pour les petites entreprises, tandis que les grandes industries se fourniraient en droits carbone à la bourse du même nom. Fluctuante par définition.
Tout cela dans un cadre « contraignant », comme l’a rappelé François Hollande : « Chaque pays doit savoir ce qu’il a à faire. Il sera universel. Il concernera tous les pays. » Il constituera – ajouterons-nous – une avancée gigantesque vers la régulation mondiale de l’économie, à un niveau supranational, avec un levier perfectionné pour permettre l’avancée des uns ou des autres.
Le réchauffement climatique, leurre commode au sommet de Paris pour réclamer une régulation mondiale des émissions carbone
On imagine mal pourtant comment des entrepreneurs et des industriels peuvent appeler une nouvelle et lourde taxe de leurs vœux (versée nationalement ? ou à une instance supranationale ?). En affaires l’altruisme n’est pas très crédible : s’il est vrai qu’une partie des interventions consistait à vanter les « économies » que permet l’« énergie verte » (un leurre, quand on connaît le caractère aléatoire et le coût de l’énergie photovoltaïque et éolienne par exemple), on pense plutôt à un avantage concurrentiel ou, plus encore, à un soutien fraternel.
Certes, un sain esprit d’économie pour éviter les gaspillages d’énergie, d’eau, de liquides dangereux ou polluants n’a rien de choquant. Mais est-ce à coups de taxes qu’il faut l’imposer ? S’il a tant d’avantages, les industries ne peuvent-elles être convaincues sans les coups de bâton du poids de la fiscalité, déjà exorbitant et déjà responsable de tant d’industries et d’emplois perdus en Occident ?