Un rapport démontre que l’obligation étatique de recyclage des déchets engendre pollution, délinquance et surcoûts

Recyclage déchets pollution
 
Un rapport du National Audit Office (NAO) pour le gouvernement britannique vient de lever un lièvre qui va ébranler toute la profession « émergente » de l’économie circulaire. Selon ses conclusions, le recyclage obligatoire imposé par l’Etat constitue une perte de temps et d’argent qui, tout pris en compte, est susceptible de causer plus de tort que de bien à l’environnement. Il confirme ce qui était suspecté depuis déjà quelques temps : le recyclage actuel est un rituel vain, prôné par des fanatiques de la décroissance, imposé par des bureaucrates, sans bénéfice final.
 
Certes ce rapport, parce qu’officiel, n’expose pas ses conclusions de façon aussi abrupte. Mais il laisse conclure à son lecteur que les objectifs de la Grande-Bretagne en matière de recyclage ne constituent en fin de compte que des obligations imposées par l’Europe pour « verdir » sa politique. Il montre que l’ensemble du processus offre un terrain de jeu idéal pour les combines, la corruption et débouche finalement sur une dangereuse sur-pollution.
 

Recyclage des déchets imposé : des artifices pour masquer l’interventionnisme étatique

 
Le rapport est centré sur le recyclage des emballages. Depuis que le gouvernement de Tony Blair a imposé sa réglementation pour satisfaire aux lois de l’UE sur ce thème, les fabricants d’emballages sont obligées d’utiliser un certain pourcentage de matériaux recyclés. Mais ils peuvent aussi se contenter d’acheter des « bons de preuves de récupération » auprès des entreprises de recyclage. Ca ressemble un peu à des « crédits carbone » ou à des certificats d’obligations renouvelables : un artifice pour maintenir l’illusion d’un marché libre, alors que le système impose aux entreprises de payer des droits environnementaux imposés par l’Etat.
 
La conclusion du rapport est édifiante. Il estime que « le système a évolué afin de permettre au gouvernement d’atteindre facilement ses objectifs en évitant d’assumer les difficultés sous-jacentes au recyclage ». Pour le NAO, « Le gouvernement ne peut fournir aucune preuve démontrant que le système a convaincu les entreprises de limiter le volume de leurs emballages ou à les rendre plus facilement recyclables ». « Bien que le système soit désormais vieux d’une vingtaine d’années, le ministère est incapable d’indiquer sa valeur ajoutée », ajoute le rapport, ni de prouver « si la méthode de l’agence environnementale pour prévenir les risques de fraude et d’erreur est proportionnée ». En d’autres termes, le système est inopérant depuis le début.
 

La Grande-Bretagne a exporté le problème de ses déchets vers des pays laxistes

 
Pour pouvoir répondre aux obligations de l’UE en matière de recyclage, la Grande-Bretagne, comme de nombreuses autres économies avancées, a simplement exporté le problème vers des pays où les réglementations sont beaucoup plus laxistes et où les gens ont beaucoup moins de scrupules à enfouir ou à brûler des déchets qui auraient dû être recyclés. Jusqu’au début de l’année 2018, la Chine a été la principale destination d’exportation de ces déchets. Depuis, elle refuse de les recevoir, ce qui a entraîné un véritable chaos sur le prétendu « marché du recyclage ».
 
L’un des pires exemples de fraude concerne les 12.000 tonnes de plastiques britanniques envoyés en Pologne où elles sont censées être recyclées alors que la plus grande partie ne le sera pas. On a décompté quelque soixante incendies de décharges en Pologne ces derniers mois, probablement allumés par les « mafias des déchets » qui trouvent évidemment beaucoup plus facile et moins onéreux de les brûler, moyennant de terribles émanations polluantes, que de les valoriser… ou de les enfouir sur place.
 

L’obligation de recyclage des déchets, un rituel étatique de la religion environnementaliste

 
L’obligation de recyclage ne constitue in fine rien d’autre qu’un rituel étatique de la religion environnementaliste. Il est indûment coûteux et chronophage. Il atteint le niveau d’une folie criminelle en échouant à accomplir ce pour quoi il a été pensé : « Améliorer la santé de la planète ». Or ce dogme du recyclage génère objectivement aujourd’hui… plus de pollution ! Cette conclusion a été confirmée récemment dans un rapport de la Global Warming Policy Foundation, qui a établi qu’une proportion importante des déchets en matière plastique qui polluent les océans provient aujourd’hui d’opérations de recyclage truquées internes au monde développé.
 
Les principes de l’économie sont imparables : si vous compliquez sans raison l’élimination des déchets et rendez son coût excessif, vous attirez la délinquance, prête à s’engouffrer dans la brèche. Par malheur, les environnementalistes ignorent les principes de l’économie, obsédés par la seule idéologie de la « soutenabilité ». En France, ils passent même leur temps à militer, au nom de la lutte contre « le capitalisme », contre les entreprises privées de services aux collectivités – Veolia, Suez… – qui tentent d’apporter des réponses techniquement tangibles et économiquement crédibles à cet immense problème. Le défi posé par les montagnes de déchets de notre civilisation consommatoire n’est pas près d’être résolu.
 

Matthieu Lenoir