Dans un entretien avec le magazine polonais Sieci, le cardinal Raymond Burke a commenté le récent résultat du référendum constitutionnel irlandais qui a marqué la soumission de ce pays anciennement catholique à la culture de mort promue par le mondialisme. L’avortement – après le « mariage » des paires de même sexe approuvé par référendum en 2015 – fera son entrée dans un des derniers bastions occidentaux du respect de la vie d’ici à la fin de l’année. Alors qu’on s’interroge sur les raisons de ce basculement, le cardinal Burke a affirmé qu’elles résident pour partie dans le silence de Rome, dont le soutien a manqué aux Irlandais pro-vie.
« En Irlande, pendant la campagne en vue du référendum sur la protection de la vie des enfants à naître, tout comme lors du référendum sur le prétendu “mariage” homosexuel, ceux qui ont mené ces batailles n’ont pas reçu le soutien de Rome et leurs propres évêques ont trop mollement défendu les principes moraux », a déclaré le cardinal.
Le mauvais résultat du référendum irlandais imputable à Rome, selon le cardinal Burke
Il s’agit, dit-il, de la preuve d’une situation « alarmante » au sein de l’Eglise. Et il n’a pas hésité à ajouter que ce sont les dirigeants de l’Eglise catholique eux-mêmes qui font naître aujourd’hui le doute à propos de son enseignement. « Cela ne souffre aucun doute », a déclaré le cardinal Burke : « La situation au sein de l’Eglise est alarmante ; elle l’est surtout parce que des vérités fondamentales de la foi sont aujourd’hui sapées et remises en question. »
S’inscrivant clairement dans la logique des « Dubia » soulevées à propos de l’exhortation apostolique Amoris laetitia, le cardinal Burke a poursuivi : « L’enseignement moral nous dit que certains comportements sont mauvais, toujours et partout, et qu’ils ne peuvent être appelé bons en aucune circonstance. Cela vaut pour l’activité sexuelle avec une personne du même sexe, et aussi pour les relations sexuelles hors mariage. Aujourd’hui, on voit apparaître une approbation de ce genre de pratiques jusqu’au sein de l’Eglise. Je le répète, cela est très alarmant. On constate en outre actuellement un manque de leadership fort de la part de Rome, alors que celui-ci pourrait clarifier les choses et faire disparaître l’incertitude. »
Manque de soutien de Rome pour affirmer la loi naturelle
Par la même occasion, le cardinal Burke a indiqué qu’il ne doit pas être question de laisser chasser la foi catholique de la sphère publique pour la contenir dans les foyers des fidèles et les églises.
« Les gens doivent comprendre que leur vie dans le Christ signifie qu’ils agissent dans le Christ également dans la sphère publique, et par conséquent dans la politique, dans l’éducation, dans le domaine de la santé et des affaires. Lorsque notre religiosité est simplement privée, lorsqu’elle est en lien seulement avec ce que nous faisons à la maison et à l’église, elle n’a pas d’avenir. Une telle religiosité ne survivra pas dans le monde moderne », a-t-il insisté.
L’avortement, l’Eglise, la sphère privée et l’Etat
Plus généralement, le cardinal Burke a dénoncé l’intrusion de plus en plus soutenue des Etats dans de nombreux aspects de la vie et de la réalité : « Ils interfèrent avec la vie humaine et ils la laïcisent – on aboutit à ce qui s’est passé en Irlande », c’est-à-dire un rejet de la loi naturelle elle-même.
Désignant particulièrement l’Eglise d’Allemagne, qui a cessé d’affirmer la vérité sur le mariage et la communion, le cardinal Burke y voit la cause de l’effondrement spirituel de l’Europe occidentale. « L’Eglise elle-même commence à se laïciser : elle fait son entrée dans le monde extérieur et dans la culture sans amener avec elle un message chrétien fort ».