Réfugiés syriens : le Kansas résiste à Obama

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Sam Brownback, gouverneur du Kansas depuis le 10 janvier 2011.

 
Le gouverneur du Kansas, Sam Brownback, vient de faire savoir à l’administration d’Obama que son Etat n’entend pas suivre les décisions fédérales l’obligeant à accueillir des réfugiés syriens. Dans une lettre à Robert Carey, directeur de l’Office de réinstallation des réfugiés (ORR), Brownback écrit : « L’Etat du Kansas retire par la présente son plan d’État pour la réinstallation des réfugiés et met fin à sa participation à tous les programmes et systèmes d’indemnisation pour la réinstallation des réfugiés, à effet le plus rapide possible. »
 
Le gouverneur a précisé que son action visait à « protéger les intérêts de l’Etat du Kansas en matière de sûreté et de sécurité ».
 
Dans un premier temps, en novembre 2015, l’Etat du Kansas avait accepté de travailler avec les autorités fédérales, mais à condition de recevoir des informations nécessaires à la protection des citoyens. C’est l’absence de données fédérales capables de fournir des assurances sur les réfugiés en question qui a dicté le retrait décidé par Brownback et son administration. Il en ressort, en toute logique, que les réfugiés syriens ne font pas l’objet de contrôles suffisants de la part de l’administration Obama pour garantir qu’il ne s’agisse pas d’islamistes aux intentions belliqueuses.
 

Le gouverneur du Kansas ne veut pas des réfugiés syriens

 
L’administration Obama, elle, s’abrite derrière un refus de partager les données dont elle dispose au motif qu’elle ne veut pas enfreindre les droits à la vie privée des réfugiés, ce qui ne manque pas de sel de la part d’un gouvernement qui n’hésite pas par ailleurs à surveiller celle de ses propres ressortissants, comme l’a montré le scandale du NSA.
 
Plus de 30 Etats américains ont résisté à un ou plusieurs titres à l’accueil de réfugiés syriens, le plus souvent pour des raisons de sécurité, encouragés par leur volonté d’éviter l’« importation » de terroristes profitant du flux massif de demandeurs d’asile, comme cela s’est produit en Belgique et en France avec les conséquences dramatiques que l’on sait. Même si les prévisions d’accueil de l’administration Obama restent relativement modestes – le président des Etats-Unis s’est engagé à accueillir 10.000 réfugiés syriens – c’est assez pour « cacher l’arbre dans la forêt ». Selon un informateur syrien, plus de 4.000 combattants de l’État islamique ont déjà profité de la situation pour s’infiltrer dans des Etats occidentaux, en se cachant parmi les « réfugiés innocents ».
 

Sam Brownback résiste à Obama en invoquant la sécurité du Kansas

 
Jeh Johnson, Secrétaire du département à la sécurité intérieure (DHS), a même été contraint d’avouer : « Nous ne savons pas grand-chose » sur les réfugiés syriens qui font actuellement leur entrée aux États-Unis, faute notamment d’un « protocole actif » en vue de vérifier leurs dossiers.
 
Aux termes de la loi sur les réfugiés de 1980, adoptée sous la pression de Jimmy Carter, les pouvoirs fédéraux sont considérables en matière d’accueil de réfugiés, mais les Etats demeurent un élément essentiel du dispositif d’installation. En refusant de coopérer, les Etats qui s’opposent à l’installation de réfugiés devraient pouvoir éviter leur venue, selon The New American.
 
Bien sûr, l’administration fédérale fait tout pour contrer ces résistances. Barack Obama a demandé aux différents Etats d’accroître leurs efforts pour accueillir les réfugiés syriens, et Robert Carey, confronté à une résistance similaire de la part du Texas, a répondu que « les Etats n’ont pas le droit de refuser des allocations et des services financés par l’ORR en fonction du pays d’origine ou de la religion d’un réfugié ». Il a menacé ceux qui le feraient tout de même de leur imposer des mesures de contrainte.
 

L’administration Obama veut protéger la « vie privée » des réfugiés syriens

 
Le gouverneur Brownback, contrairement à Greg Abbott pour le Texas, n’a pas opposé une résistance de principe, cherchant au contraire à ouvrir les portes du Kansas aux demandeurs d’asile moyennant le respect de quelques conditions posées à l’administration centrale. Mais ni la Maison Blanche, ni le département d’État, ni le DHS, ni le ORR ne lui ont fourni autre chose que des assurances sans preuve, se contentant comme le secrétaire d’État John Kerry d’annoncer que les réfugiés sont soumis à un « processus de vérification de sécurité rigoureux », « extraordinairement complet et minutieux ». Des mots… Le processus a certes été décrit mais il était hors de question de transmettre ses conclusions aux autorités des Etats pour des individus donnés.
 
En prenant la décision de ne plus participer au programme fédéral, le gouverneur Brownback a affirmé que sa priorité était les citoyens du Kansas, ajoutant qu’il avait tout fait pour être « raisonnable » et qu’il avait même été d’une « patience incroyable ». Comme en Europe, des Etats, plus proches des électeurs, cherchent à résister au flot migratoire imposé par l’administration centrale.
 

Anne Dolhein