Revirement total chez Catherine Pugh, récemment élue maire de Baltimore, dans le Maryland. Sa campagne de l’automne dernier était notamment axée sur la revendication du salaire minimum, une demande majeure de ses collègues démocrates qui prônaient la mise en place d’un salaire horaire de 15 dollars au moins dans la ville de Baltimore. La proposition est venue devant le conseil municipal la semaine dernière mais contre toute attente, Mme Pugh a pris la décision de la rejeter en y opposant son veto.
Elle a justifié ce changement d’avis radical au nom de « quelques recherches » qu’elle avait faites depuis la campagne électorale. Et ce au risque de mécontenter ses amis démocrates qui ont en effet accueilli sa décision avec colère, annonçant leur volonté de trouver un moyen de neutraliser son veto.
Si Catherine Pugh n’a pas précisé les raisons de son choix, d’abondantes études existent sur le sujet et ont pu faire parti de ces « recherches » auxquelles elle fait allusion.
The New American en évoque une série dont elle a pu avoir connaissance et qui en tout cas, font comprendre les raisons de ce revirement spectaculaire.
Le maire de Baltimore prend le risque d’exaspérer ses amis démocrates
Elle a pu notamment en discuter avec l’un des principaux opposants à l’idée d’un salaire minimum sur place, Donald Fry. Directeur du Greater Baltimore Committee, un organisme composé de responsables du monde des affaires et de personnes engagées dans la cité, il s’y était publiquement opposé en déclarant que le projet « menaçait l’emploi, qu’il ferait de Baltimore une île entourée de contés offrant des coûts de travail moins onéreux, et frapperait le budget de la ville en raison de ces coûts plus élevés bien au-delà de ce qu’elle est en mesure de supporter ». En tout cas, Catherine Pugh a précisé que la mesure coûterait plus de 116 millions de dollars aux contribuables de Baltimore en sept ans, en raison de l’augmentation du coût du travail.
Dans la capitale voisine, Washington DC, la mise en place d’un salaire minimum a eu un effet immédiatement visible : à partir de 2014, la croissance de l’emploi a été stoppée net. Ce n’est pas le seul exemple : de Windy City à Seattle, la création d’emplois s’est arrêtée ou a fortement diminué dans les lieux où l’expérience a été mise en place.
Catherine Pugh rejette le salaire minimum au nom de ses « recherches »
Il existe également une étude du Bureau du budget du Congrès publié en février 2014, sur les effets de l’augmentation du salaire minimum sur l’emploi et les revenus familiaux. Selon le CBO, un salaire minimum de 10,10 dollars par heure « réduirait le nombre total d’emplois d’environ 500.000 » et risquerait de faire sombrer 900.000 travailleurs supplémentaires sous le seuil de pauvreté fédéral.
Mme Pugh s’est demandée ironiquement pourquoi on n’augmenterait pas le salaire minimum à 20 ou 30 dollars de l’heure – et pourquoi pas à 1.000 dollars « pour que tout le monde soit riche ». « Peut-être comprend-elle que n’importe quel salaire minimum viole le droit des individus d’acheter et de vendre leur talent sur le marché du travail. Le droit de vendre son labeur à quelqu’un qui est prêt à l’acheter n’est-il pas un droit naturel ? », se demande The New American, qui ajoute : « Peut-être sait-elle que plus une chose devient chère, moins elle est demandée ».
Tout cela pose certes la question du libéralisme qui invente une fausse égalité entre le patron et l’employé, et qui, au-delà d’une saine liberté, ne tient pas compte de la juste rémunération du travail, le juste salaire que le patron est tenu de verser à son employé sous peine d’encourir la « vengeance du ciel ». Mais il est clair qu’un même salaire minimum pour tous, quels que soient la situation, l’âge, les charges, les talents de chacun, ne répond pas à cette exigence de justice, et finit, les faits le prouvent, par léser un grand nombre.