François Hollande et Hassan Rohani, son homologue iranien, ont ouvert jeudi à l’Elysée un « nouveau chapitre » dans les relations franco-iraniennes, a déclaré – la main sur le cœur ? – François Hollande. Un réchauffement qui passe d’autant mieux, qu’il est assorti d’une pommade sonnante et trébuchante : la signature d’accords comprenant notamment la vente de 118 avions Airbus.
A l’issue d’un entretien de plus de deux heures à l’Elysée, le président de la République française a affiché sa satisfaction de cette visite à fort caractère économique au cours d’une conférence de presse commune. « C’est un nouveau chapitre de nos relations qui s’ouvre aujourd’hui, et je veux que cette relation puisse être utile à nos deux pays, utile à la région, qui est hélas marquée par des guerres, des crises et donc des tragédies, et utile au monde », a déclaré François Hollande, qui semble verser de plus en plus dans un mondialisme bêlant.
Les nouvelles relations franco-iraniennes en débats sonnants et trébuchants à Paris
De son côté, Hassan Rohani a émis le souhait de « rattraper le retard » pris, pour cause de brouille nucléaire, dans les relations de son pays avec l’Occident. Mais l’affirmation n’est pas aussi simple qu’il peut le sembler à François Hollande. Du fait de l’opinion publique iranienne, d’une part. Mais aussi par le président iranien ajoute : « Nous allons maintenir nos engagements à condition que la partie adverse tienne aussi l’ensemble de ses engagements. » Prévenir que toute rupture sera le fait de la partie adverse présente toujours l’avantage de laisser des portes ouvertes…
En attendant, Hassan Rohani a tenu à brosser son hôte dans le sens du poil sur quelques questions délicates qui concernent cette région du monde. Et notamment en ce qui concerne la Syrie, où la France est particulièrement engagée. « Nous devons absolument aider le peuple syrien et le futur de la Syrie doit venir des efforts du peuple syrien », affirme le président iranien.
Là encore, c’est un propos à double entente, et l’habile Hassan Rohani pourrait la resservir, sans rien y changer, à Vladimir Poutine.
Evidemment, François Hollande, qui a montré qu’il ne pouvait comprendre, ni même envisager d’autre politique que la sienne, a renchéri en jugeant « urgent de mettre en œuvre des mesures humanitaires, mais aussi de négocier une transition politique ». C’est-à-dire le même baratin qu’il tient inlassablement sur le sujet depuis des mois. Et que les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir lui resservir, entre parenthèses…
La pommade Airbus
En ce qui concerne l’Iran, François Hollande a appelé l’Arabie saoudite à la « désescalade » : « Nous devons tout faire pour qu’il puisse y avoir un retour à l’apaisement. »
Le président français a également abordé la délicate question des droits de l’homme dans le pays de son hôte. « Nous avons parlé de tout parce que c’est toujours la règle de conduite de la France. J’ai rappelé l’attachement de la France aux droits de l’homme », a conclu dit François Hollande.
De tout, mais sans trop insister. Quand Hassan Rohani vient signer plusieurs chèques, dont le seul à Airbus représente quelque 23 milliards de dollars, on évite de se montrer trop désagréable. D’autant qu’il y a aussi des protocoles d’accord ou des contrats avec Total, Aéroports de Paris, Bouygues, Vinci, Sanofi, Suez Environnement, etc.
Et puis, cela fait de toutes façons des années que l’on chante à Téhéran que nous sommes pour les droits de l’homme. Cela n’a jamais eu l’air de les affecter outre mesure…