La Commission européenne envisage de donner au Royaume-Uni l’assurance qu’il ne sera pas contraint de participer à une intégration européenne renforcée au sein de l’UE, selon la presse britannique qui annonce un prochain accord sur un point clef de la renégociation du traité d’adhésion par le Premier ministre, David Cameron. Le Royaume-Uni rechercherait ainsi à éviter de devoir faire partie du « super-Etat » européen dont la mise en place est annoncée en creux par ces négociations.
Elles portent sur l’inquiétude britannique de voir l’« union sans cesse plus étroite » qui est au cœur des principes fondateurs de l’Union européenne, et de voir Bruxelles imposer un gouvernement de plus en plus présent. Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission et plus proche collaborateur de Jean-Claude Juncker, assure à ce propos que la Commission n’a pas d’« opinions fortes » quant à cette déclaration et que le Royaume-Uni se trompe en y voyant une marche vers l’intégration politique renforcée, alors que d’autres Etats y voient un moyen d’assurer la paix et la coopération entre les peuples.
Le Royaume-Uni en pleine renégociation du traité de l’UE : cela ne protégera pas les autres du « super-Etat »
Vu le rejet populaire de l’intégration européenne par le biais des référendums, là où ils ont été tenus, la montée en puissance de mouvements d’extrême gauche encouragés et soutenus par le comportement de l’UE elle-même, et l’impossibilité pour la plupart des « citoyens de l’Europe » de s’exprimer de manière politiquement efficace sur la question, le ton rassurant de Timmermans n’impressionne guère.
Il y a d’ailleurs très peu de chances – ou d’espoir ! – de voir les Traités eux-mêmes modifiés à l’occasion de la petite fronde britannique. Il n’est très probablement pas question de prévoir une possibilité de sortie pour l’ensemble des parties, observe le Daily Telegraph de Londres qui donne volontiers la parole à l’euroscepticisme. Mais le Royaume-Uni pourrait obtenir une déclaration permettant d’établir que ce principe d’« union sans cesse renforcée » qui figure dans les premières lignes du Traité de Rome ne peut obliger les pays à participer à l’« intégration politique » s’ils ne le souhaitent pas.
Les assurances demandées par le Royaume-Uni visent notamment le libre-échangisme accru
« Ça nous va », a déclaré Timmermans à la BBC4. « Personne ne va vous dire que vous obligés de participer à l’intégration avec d’autres pays européens. Ça nous va, si vous ne voulez pas de cela. Nous devons clarifier ce que cela signifie. Cela ne signifie pas que vous deviez accepter une intégration sans cesse accrue au niveau politique. Si vous pensez que c’est cela que ces mots signifient et que vous désirez que cela soit clarifié, je suis sûr que d’autres Etats membres seraient prêts à aider à le clarifier. Je ne vois vraiment pas de problème, là. »
Mis à part, peut-être, le problème du mode d’expression de Frans Timmermans qui n’augure rien de bon quant à la clarté…
Parmi les demandes mises en avant par David Cameron, « contre » l’Union européenne, il y a la volonté de réduire les exigences de la bureaucratie européenne, d’achever la mise en place du marché unique des services et la signature de grands accords commerciaux avec les Etats-Unis et l’Asie. Comme si l’Union européenne n’était pas en faveur de ces évolutions, non point d’intégration européenne, mais d’intégration mondiale !