Répression routière à Washington DC : 100 radars de surveillance supplémentaires

Répression routière Washington DC radars surveillance supplémentaires
Des contrôles de plus en plus tatillons.

 
Les habitants de Washington DC sont prévenus : des dizaines de radars et caméras de surveillance routière vont y être déployés d’ici à 2017, pour surveiller à la fois la vitesse, le respect des priorités, des feux et des voies réservées, et encore les passages piétons. Un communiqué de la mairie de la capitale fédérale a même avancé le nombre de 100 caméras supplémentaires par rapport à celles actuellement déployées : la précision aurait été faite par erreur et la mairie a démenti son ampleur. Mais il est certain que la répression routière va s’accentuer au moyen de la surveillance.
 
Le maire de Washington D.C., Muriel Browser, a dévoilé mercredi son plan d’action de lutte contre la mortalité sur les routes dans ce document intitulé « Vision zéro ». Zéro comme zéro victime, mais aussi zéro tolérance dans l’application du code de la route et des mesures d’éducation et d’amélioration des infrastructures routières. Sa détermination est semble-t-il sans faille : « Toute vie perdue est inacceptable, surtout si nous pouvons empêcher qu’elle le soit » a-t-elle déclaré, soulignant que le but ultime est d’arriver à zéro mort d’ici à 2024.
 
Les solutions envisagées sont les mêmes que celles déjà évoquées de ce côté-ci de l’Atlantique : rendre les routes plus sûres, lutter contre les comportements dangereux au volant, protéger les usagers les plus vulnérables – piétons et cyclistes – en intensifiant les efforts de réduction de la vitesse.
 

100 radars et caméras de plus à Washington DC

 
La multiplication des radars va de pair avec la stratégie du contrôle automatisé mise en place depuis 15 ans. Comme de ce côté de l’Atlantique, elle est largement décriée par les usagers et les associations d’automobilistes, telles l’AAA Mid-Atlantic. 153 caméras de surveillance de la circulation sont déjà en service dans la capitale fédérale, dont 97 radars cinémomètres, 42 radars de feux rouges, 7 de stop et 7 de surveillance du trafic en transit (surveillance de la surcharge et du surdimensionnement des véhicules poids-lourds). Et là-bas comme ici, les systèmes de sanction automatisés sont considérés comme des outils à ponctionner les conducteurs, afin de les inciter à utiliser les moyens de transport en commun.
 
D’ailleurs, la politique du Département des transports de Washington DC ne laisse aucun doute en la matière. Le montant des amendes sera augmenté de manière très significative, alors que 20 nouveaux types d’infraction ont été définis. Ainsi, tout dépassement de 40 km/h de la vitesse autorisée se verra sanctionné par une amende de 1.000 dollars, contre 300 actuellement. Les automobilistes les plus modestes sont ainsi clairement visés.
 

Washington DC entend protéger les plus vulnérables

 
Dans son plan d’action « Vision zéro », Browser justifie la mise en place de cette politique ultra-répressive en insistant sur la protection des usagers de la route les plus vulnérables, nommément les cyclistes et les piétons. Entre 2010 et 2014, 57 piétons et 7 cyclistes ont trouvé la mort sur les routes de la capitale, contre 67 personnes tuées au volant de leur véhicule. La politique de sécurisation de ces usagers prévoit la mise en place de rambardes aux stations de bus, la construction de plus de 25 km de pistes cyclables ou encore la sécurisation de plus de 3 km de trottoirs. Le suivi plus précis des statistiques d’accident permettra par ailleurs d’identifier plus rapidement les zones accidentogènes et les comportements d’incivilité de stationnement (sur les pistes cyclables, les trottoirs ou en double-file) seront systématiquement réprimandés. Voilà de bonnes intentions dont il est difficile de se plaindre.
 

Répression routière : des automobilistes exaspérés

 
A ce propos, les automobilistes déplorent une batterie de sanctions à sens unique et partiales, ainsi que le rapporte John B. Townsend II, porte-parole de l’AAA Mid-Atlantic. Les comportements dangereux ne relèvent pas exclusivement du fait des usagers motorisés. Que dire des piétons qui ne respectent pas les passages cloutés ou bien des cyclistes qui brûlent un stop ou un feu rouge ? Leur comportement irréfléchi met également en danger les automobilistes sans que ceux-ci ne cherchent pourtant à les tuer, dit-il.
 
Mais les autorités de la ville de Washington se justifient en affirmant que c’est leur politique répressive qui est à l’origine de la chute du nombre de morts sur les routes. De 62 en 1995, ce nombre est passé à 49 en 2005, puis à 26 l’an passé. Elles sont convaincues en outre que le fait de rendre les routes plus sûres incite les usagers à recourir davantage aux modes de transports alternatifs. Aujourd’hui, 5 % d’entre eux utilisent leur vélo pour se rendre au travail, 13,6 % préfèrent marcher et 38 % prennent les transports en commun d’après le dernier recensement.
 
S’il est louable de vouloir réduire le nombre de victimes des accidents de la route, faut-il pour autant que ce soit au détriment de la liberté fondamentale de déplacement, par un contrôle tatillon et quel que soit le moyen utilisé ?
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle