La dernière réunion régionale en date du Forum économique mondial de Davos s’est tenue en fin de semaine dernière sur les rives de la mer Morte en Jordanie, pour évoquer la situation au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Plus de 1.200 dirigeants, qu’ils soient de la région ou qu’ils représentent les gouvernements des pays développés, se sont rassemblés en vue de parler de la transition des économies de la région d’une dépendance excessive envers les revenus du pétrole vers la « quatrième révolution industrielle » qui est au cœur de toutes les discussions des mondialistes de Davos. Fait marquant de la rencontre : les invocations à Allah qui n’ont semble-t-il gêné personne. Au Forum économique mondial, les musulmans s’expriment à leur guise, pourvu qu’ils adhèrent à la volonté de restructuration de l’islam des globalistes.
Restructuration de l’islam ? C’est le mouvement vers une religion repensée, dépouillée de ses « dogmes » (si l’on peut ainsi parler, par analogie, des croyances des musulmans), rendue compatible avec le relativisme moderne. Religion sans certitudes, acceptant toutes les autres. Le rêve est gnostique, vieux comme l’humanité… S’il est vrai que l’islam dénaturé peut offrir un peu plus de liberté aux chrétiens, il ne s’agit en aucun cas d’évangéliser quiconque, voilà le nœud de l’affaire.
Le Forum économique mondial a tenu sa rencontre régionale en Jordanie
On a ainsi vu le ministre de l’éducation de Jordanie, Omar Al Razzaz, expliquer à quel point il est important de sortir les élèves de l’éducation « traditionnelle ». Ou une sociologue saoudienne, Hayat Sindi, venue expliquer le caractère crucial de « l’intégration des femmes », lors de la session sur la « croissance humano-centrée ». Cela ne manque pas de culot, de la part d’une des nations les plus retardées en matière de droits des femmes…
Au passage, on a entendu le roi Philippe VI d’Espagne saluer les efforts « exemplaires » de la Jordanie en matière d’accueil des réfugiés. Le site du Forum économique mondial note à quel point le contraste avec les pays européens plus riches est saisissant : « L’Europe aurait dû accueillir 100 millions de réfugiés tout en étant plus pauvre de 50 % pour faire ce que la Jordanie a fait pour les Syriens », a déclaré le roi. Allons-y – ouvrons les portes !
Mais le pompon revient au prince héritier du royaume de Jordanie, Al Hussein Bin Abdullah II qui s’est exprimé à l’ouverture du Forum en séance plénière devant l’ensemble des participants. Il a commencé son discours avec l’invocation solennelle d’Allah : « Au nom de dieu très miséricordieux et compatissant… »
« Au nom d’Allah », la restructuration de l’islam
Le « changement », a-t-il déclaré au cours de son intervention, est la forme moderne du « status quo » pour les Jordaniens qui l’embrassent… ou non, alors que la région est tiraillée entre deux courants contraires.
« D’un côté, un courant traître, qui attire nos jeunes vers une réalité sombre – un courant qui nous fait plonger toujours plus profondément dans la violence, l’intolérance, la régression, par la force corrosive d’une idéologie extrémiste ; l’autre nous transporte vers des rivages plus ensoleillés, où la modération permet de voir nos identités musulmane et arabe en paix avec la modernité et le progrès ; une réalité où il nous est possible de contribuer de manière productive et positive au monde qui nous entoure », a-t-il proclamé.
Et de demander l’aide du Forum économique mondial pour aider à cette transformation, à ce choix plus… lumineux. Une aide « morale et financière » – bien sûr, dirigée spécialement vers les jeunes, pour ne pas rater l’occasion unique qu’a cette génération de faire survenir des « changements radicaux dans l’ensemble de la région et – au bout du compte – de chasser la radicalisation ». « C’est notre chance de combler le fossé entre ce que les jeunes voient et désirent sur internet, et ce qu’ils ont, hors ligne », a-t-il conclu. Comme un appel urgent à fournir du pain et des jeux à ses futurs sujets… normalisés.