Restructuration des religions : le président iranien Hassan Rohani appelle les musulmans à « corriger l’image de l’islam »

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Le président iranien, Hassan Rohani.

 
Hassan Rohani a appelé dimanche les pays musulmans à « corriger l’image de l’islam » dans l’opinion publique mondiale, expliquant qu’il s’agit là de leur « plus grande responsabilité ». Le président iranien s’exprimait lors d’une conférence internationale consacrée à « la crise actuelle du monde islamique ». L’islam chiite, par le biais d’un de ses plus prestigieux représentants, rejoint ainsi le grand mouvement de restructuration des religions et particulièrement de l’islam, qu’il s’agit de faire entrer de plain-pied dans le relativisme moderne.
 
Certes Hassan Rohani n’en est pas à demander, à la manière d’un maréchal Al-Sissi en Egypte, une relecture du Coran et des hadiths. Mais il veut d’une certaine manière désolidariser l’islam de la violence : « Nous devons éliminer l’image négative de l’islam dans le cyber-espace et l’espace réel d’aujourd’hui », a-t-il dit.
 

Hassan Rohani demande aux musulmans de « corriger l’image de l’islam »

 
« Nous devons nous lever contre l’idéologie et le discours de la violence » propagés par les djihadistes, a déclaré le président iranien, désignant explicitement les événements en cours en Syrie, en Irak et au Yemen où l’Etat islamique – sunnite ! – sévit tandis que les autres pays musulmans « se taisent devant les massacres et le sang versé ».
 
« Aurions-nous jamais pu penser que ce ne soient pas les ennemis de l’islam, mais un groupe, fût-il petit, issu du sein du monde islamique et utilisant le langage de l’islam, qui allait présenter celui-ci comme la religion des tueries, de la violence, des fouets, de l’extorsion et de l’injustice ? », a lancé Hassan Rohani. Il a assuré que les principes de l’islam s’opposent à la violence, accusant l’extrémisme de mouvements comme l’Etat islamique de trouver sa source dans l’« étroitesse d’esprit et le manque de modération ».
 
La simple lecture du Coran et de la vie et des actes de Mahomet crient le contraire. Tout comme l’action de l’Iran qui a longtemps entretenu le conflit entre chiites et sunnites au Proche-Orient – qu’on pense à la guerre avec l’Irak et ses centaines de milliers de morts – et a contribué à l’instabilité de la région en armant et finançant le Hezbollah au Liban et en soutenant indéfectiblement le président syrien Bachar el-Assad. L’Iran arme et alimente également le conflit au Yemen en soutenant les Houthis contre la coalition sunnite menée par l’Arabie Saoudite.
 

Le président iranien accuse les sunnites de dénaturer l’islam

 
Les propos du président iranien sonnent dès lors comme un plaidoyer pro domo qui vise à justifier les mesures défensives prises au sein de l’arc chiite (de l’Iran au Sud-Liban) – mais pas seulement. Car tout en accusant l’adversaire sunnite, il aligne parfaitement son discours sur une relecture de l’islam et sur l’explication politiquement correcte du succès de l’Etat islamique, et de ses recruteurs.
 
Rohani a ainsi accusé la pauvreté croissante au Yemen d’être l’une des causes de la montée de l’extrémisme islamique au Proche Orient. L’affaiblissement de la Syrie en est une autre, a-t-il affirmé – et il ne « profite pas à ses voisins musulmans » : « Qui se réjouit de la destruction de la Syrie, sinon Israël ? »
 
Retrouvant les accents du pape François accusant les marchands d’armes de la pauvreté dans le monde, Hassan Rohani a reproché à l’Arabie Saoudite d’acheter des « bombes et des missiles » aux Etats-Unis au lieu de distribuer l’argent « parmi les musulmans pauvres ».
 
Si des groupes comme l’Etat islamique « peuvent recruter des soldats, c’est à cause de la pauvreté matérielle et culturelle » qu’il faut éliminer de « la société islamique ». Il a plaidé pour une « connexion économique du monde islamique ».
 
L’intégration régionale mondialiste passe aussi par là.
 

La restructuration des religions par l’exploitation de la rivalité sunnites-chiites

 
Au prix de quelques inexactitudes majeures, soit dit en passant : on sait bien que l’Etat islamique ne recrute pas seulement, loin sans faut, parmi les jeunes hommes sans instruction, sans emploi et sans avenir. C’est bien le discours radical qui les séduit, et l’idée d’une application intégrale de l’islam couplée avec une volonté de conquête.
 
La longue et sanglante histoire de la rivalité entre sunnites et chiites achève de disqualifier le discours de Rohani – mais il est du même ordre que toutes les propositions visant à lisser l’islam.
 

Anne Dolhein