Au revoir là-haut est un drame historique français, adaptation d’un roman récent à succès de Pierre Lemaitre (Prix Goncourt 2013). Il ambitionne de proposer une fresque historique dans le cadre de la fin de la Première Guerre mondiale et des « Années Folles » qui ont suivi. Ces dernières ont été particulièrement dures pour les mutilés de la guerre, et en premier lieu les « gueules cassées », les grands blessés aux visages horriblement mutilés à vie. L’intrigue se centre sur la vengeance d’une telle gueule cassée, qui décide de voler, et de voler par principe les associations patriotiques. Ces dernières à partir de 1919 se livrent à de grandes souscriptions en faveur de l’édification de monuments aux morts. Les escrocs touchent l’argent pour des monuments qu’ils ne livreront jamais.
Sur un tel scénario, nous avions craint un énième film antipatriotique et antimilitariste. Nous nous sommes pourtant décidé à le voir, car on nous en avait dit le plus grand bien, et il a déjà été vu par beaucoup de monde, près de 2 millions de spectateurs. Au revoir là-haut est donc un fait d’actualité dont il nous faut rendre compte pour Réinformation.tv. Or nos craintes étaient particulièrement justifiées. Le film présente l’armée, et les officiers en particuliers, comme une ligue d’imbéciles – au mieux – et de criminels. On connait le cliché de l’officier très douteux du Chemin des Dames qui envoie au printemps 1917 ses hommes en masse à des assauts aussi meurtriers qu’inutiles…Là, c’est pire : l’officier incriminé non seulement décide d’une offensive locale le 10 novembre 1918, lorsque l’armistice est estimé comme imminent du fait des circonstances générales de la guerre et de la Révolution en Allemagne, acte pour le moins d’une brutalité obtuse, mais pousse le vice jusqu’à assassiner, en leur tirant dans le dos, ses propres hommes ! Un tel cas, faut-il le préciser, n’a jamais existé hors de l’imagination morbide de romanciers ou de théoriciens d’extrême-gauche…Le film comporte aussi une dimension anticapitaliste nette. Ceci gêne moins, même si le cinéma français ne montre décidément comme chefs d’entreprises que des affairistes véreux…Les profiteurs de guerre, les escrocs de la reconstruction et des sépultures nationales, ont existé, effectivement, eux, et sont totalement indéfendables. Mais quelle image encore de l’entreprise en France !
Au revoir là-haut : à fuir
Le film n’est certes pas sans certaines qualités formelles ou trouvailles esthétiques. Le visage défiguré est caché derrière des masques de théâtre expressifs. Les décors d’époque sont correctement reconstitués. Le rythme est bon, et le spectateur n’est pas ennuyé. Mais il y a de quoi être exaspéré par le message. S’ajoute aussi, détail peut-être, mais détail insupportable, un baiser plus que douteux entre une adolescente de 13-14 ans et le héros très largement majeur.
Au revoir là-haut est donc à fuir.