On se rappelle la phrase d’Antoine de Rivarol : « C’est un immense avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. » Voilà maintenant le candidat flamboyant élu Donald Trump intronisé donc à l’œuvre, ses paroles et ses décrets donnent le tournis, mais comment le juger en si peu de temps ? Essayons de classer le pour, qui semble énorme, et le contre, qui n’est pas mince. Au bout du compte, on s’aperçoit que la question tourne autour du bien et du mal, dans la lutte spirituelle imposée par la révolution arc-en-ciel, et que c’est une question de confiance.
Victoire de Trump contre la Colombie : ça alors !
Inutile de revenir sur l’immigration. Les actes de Trump vont dans le bon sens, et il a fait plier la Colombie pour qu’elle accueille les illégaux (souvent criminels) qu’il renvoie. Certains comparent cette efficacité aux déboires que nous connaissons avec l’Algérie, que notre propre justice aggrave. C’est abusif. Le rapport des forces entre Etats-Unis et Colombie n’a rien à voir avec celui qui s’établit entre la France et l’Algérie. Quant au poids d’un président brillamment élu soutenu par un congrès entièrement républicain, il diffère de celui de Retailleau dans le gouvernement Bayrou. Cependant toute cette puissance débouche sur quelques centaines d’expulsions, on verra combien de milliers à l’arrivée. C’est à dire peanuts, pour parler américain. Le problème que l’invasion et la submersion migratoires posent à l’Euramérique n’est ni résolu ni en voie de résolution. D’autres actes sont bien sûr possibles. On attendra. Mais, en l’état, on sera tout contre Trump en paroles, résolument contre Trump en action.
26 décrets contre l’Arc-en-ciel
C’est beaucoup mieux pour le climat et l’OMS. Dix-neuf sur vingt. Tout contre, vraiment tout contre. Quant à la question des genres, là aussi, on a le sentiment que l’Amérique revient sur terre. Le vieux film de Claude Lelouche, Un homme et une femme, redevient compréhensible : il n’y a que deux sexes et des anomalies médicales. Sur les coupes dans les dépenses fédérales, dont Elon Musk est la garantie, les choses avancent aussi à pas de géant. Le programme Diversité Equité Inclusion en particulier. Liquider la discrimination positive était une urgence. C’est à la fois un bol d’air pour l’économie américaine, un fardeau en moins pour les contribuables, et une libération face à l’idéologie arc-en-ciel. On a envie d’applaudir Trump et ses boys, de les embrasser. Un seul bémol, il avait promis cent décrets qui décoiffent pour son premier jour de deuxième mandat, il n’en a signé que 26, soit le quart. Signe que, devant la réalité, même lui doit composer. D’ailleurs, Trump a déjà reculé sur le gel de certaines aides d’Etat. C’était à prévoir. Le mammouth arc-en-ciel se défend, mais Trump n’a pas dit son dernier mot.
Du Groenland à Gaza, Trump chef à plumes imprévisible
Voyons maintenant Trump en grand chef à plumes des Américains, en patron de fait de la ligue d’Occident dont les Etats-Unis sont la tête et l’UE, le Japon et le Commonwealth les vassaux. Sur Gaza qu’il envisage de vider, l’Ukraine à propos de laquelle il souffle le chaud et le froid, on attendra des résultats, sur le Groenland, qu’il convoite, et Panama, on attendra des faits. En politique étrangère, son premier mandat parle pour lui, il a fait plus de paix que de guerre, contrairement à ses concurrents démocrates. Quant à ses déclarations à l’emporte-pièce, c’est un style. Débaptiser le golfe du Mexique n’est pas de première urgence, mais quand il veut renommer la Manche George Washington Channel, c’est du même tonneau qu’English Channel. Trump se veut « imprévisible », comme son prédécesseur Richard Nixon. C’est une méthode de gouvernement et de négociation. Wait and see. Ni pour ni contre pour l’instant.
Les nations souveraines doivent faire leur révolution
Ce qu’il y a d’agaçant, et plus que cela, dans la posture de Trump, est l’état de vassaux tributaires où il nous place. Mais cela n’est pas de son fait, c’est du nôtre. L’Europe a abandonné son destin depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et plus fortement depuis les années 1970 dans le sein de l’UE. Trump a raison de nous demander de plus fortes dépenses militaires, il a raison de veiller aux intérêts de son pays dans la guerre commerciale qui l’oppose à l’Europe, raison encore de ne pas vouloir traiter avec le haut fonctionnaire international irresponsable qu’est Ursula Von der Leyen, pour s’adresser aux chefs d’Etats et de gouvernement européens. C’est à nous de retrouver la volonté et les moyens de notre souveraineté. Si notre économie était libérée et notre dette réduite, nous pourrions renvoyer l’Amérique à sa propre dette, colossale, à son dollar, à ses prétentions hégémoniques, aux ridicules sanctions pénales qu’elle prétend infliger à nos entreprises. C’est l’hégémonie américaine qui est en cause, non pas l’homme Trump. En la matière, on sera donc à la fois contre et tout contre lui.
Ciel contre arc-en-ciel : quelle confiance en Trump ?
Mais la vraie question n’est pas : Trump veut-il revenir à un peu de bon sens et aux moyens éprouvés de la prospérité contre les folies excessives du mondialisme existentialiste et socialiste qu’est l’arc-en-ciel ? Cela, on peut l’en créditer, au moins au bénéfice du doute. Ni : veut-il rendre à l’Amérique sa grandeur : il faudrait la définir et savoir si elle nous est favorable ou non. La question est, dans la terrible révolution mondiale que nous vivons : Trump a-t-il pris la mesure de l’enjeu spirituel et peut-il agir pour le bien ? Certaines déclarations sur son « expérience mystique », ou sur les « sorcières » qui l’attaquent le font espérer de certains. Mais, tant sa proximité avec la télévangéliste Paula White que la grâce qu’il a accordée au responsable d’un site web où l’on pouvait acheter de la drogue en vente libre laissent perplexe. Le soutien des libertariens compte plus que la vie des gens. Et puis les raisons alléguées par Trump pour n’avoir pas participé à la guerre du Viet Nam ont trop varié. Cela n’en fait pas forcément un lâche, c’en fait un homme d’apparences et d’arrangements. La Russie a besoin d’un tsar, rouge ou non, les Etats-Unis d’un showman. Trump me ravit souvent, comme on aime le western ou le casse-boîte. Mais quelque chose me dit de ne pas avoir confiance.