L’ONU est en tête du programme révolutionnaire mondial, en particulier par tout ce qui touche à l’environnement. Cette fois, ce n’est pas le PNUED, mais la FAO, acronyme anglais couramment utilisé pour désigner l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui a découvert cette nouveauté dans son rapport du 5 mars : les variations du climat en cours accroîtraient les disparités sociales. Et de titrer sans ambiguïté : « The unjust climate », le climat injuste. Dans la foulée le New York Times a publié un grand papier « d’analyse » dont le chapo dévoile l’intention : « La chaleur extrême appauvrit certaines des femmes les plus pauvres du monde. C’est la conclusion forte de ce rapport. (Il) s’ajoute à un corps d’études qui montre que le réchauffement global causé par la combustion d’énergies fossiles peut amplifier et aggraver les inégalités sociales. » Telle est la vérité révolutionnaire de l’écologisme : toute politique environnementale doit avoir pour objet de rétablir la justice sociale.
Climat et pauvreté : la méthode arbitraire de la FAO
Le sous-titre du rapport de la FAO est ainsi rédigé : « Mesure des effets du changement de climat sur les paysans pauvres, les femmes et les jeunes. » Arbitrairement, la FAO a retenu une étude portant sur une seule année (entre 2010 et 2019) pour 24 pays à revenus « faibles ou moyens ». Deux d’Europe, l’Arménie et la Géorgie, sept d’Asie, Bangladesh, Inde, Irak, Mongolie, Népal, Pakistan, Vietnam, deux d’Amérique du Sud, Equateur et Pérou, et treize d’Afrique, Burkina Faso, Cameroun, Ethiopie, Ghana, Malawi, Mali, Niger, Nigéria, Ouganda, Ruanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie. Toujours arbitrairement, la FAO n’a mené d’analyse plus profonde que pour sept d’entre eux, tous africains. C’est pourquoi on fera les réserves de méthode qui conviennent sur un travail qui prétend traiter « les données socio-économiques colligées de 109.341 ménages ruraux représentant plus de 950 millions de gens ». Quant à la mesure de la température et de la sécheresse, le rapport expose lui-même, aux pages 54 et 55, combien elle est fragile sur le long terme.
L’injuste négation du progrès technique et social venu d’Europe
Quoi qu’il en soit le point nodal du rapport de la FAO n’est pas là, il tient dans son titre, le climat injuste. Et tout n’est pas faux : la tempête est injuste, l’inondation est injuste, le tsunami est injuste, la vie est injuste, le destin est injuste. Il pleut toujours où c’est mouillé. Plus précisément, les pays développés ont de meilleurs moyens de réparer les dégâts d’une rupture de digue, de faire des stocks en prévision d’une sécheresse ou d’acheter de la nourriture sur le marché mondial quand une récolte a été mauvaise. On le sait depuis la Bible, les vaches maigres succèdent aux vaches grasses et l’un des bienfaits survenus à l’humanité à travers l’Europe et ses révolutions industrielles et agricoles est de la mettre, de plus en plus, à l’abri des famines et même des disettes. Mais le « rapport » de la FAO a précisément pour mission de nier cette grande et bonne nouvelle.
Le Nord bienfaiteur devient débiteur : l’inversion révolutionnaire
Par le biais du prétendu réchauffement global et de ses prétendus effets sur les pays « défavorisés », une inversion révolutionnaire se dessine clairement. La notion centrale du rapport est la « vulnérabilité » aux effets du changement de climat, plus grande chez les agriculteurs pauvres des pays pauvres, qui ont moins de moyens financiers et intellectuels, de s’adapter. Or le changement de climat qui aggrave l’injustice est dû à l’homme, plus précisément au CO2 qu’il produit en brûlant des énergies fossiles, or, encore, ce sont les pays riches et blancs qui, à long terme et jusqu’ici, ont le plus consommé, donc, pour rétablir un peu de justice humaine et sociale, ils doivent payer. L’Europe et l’Amérique du Nord ne sont pas les continents d’où sont issus les progrès salvateurs qui préservent de la faim, que la FAO s’est donnée pour objectif d’éradiquer, ce sont des criminels contre le climat et partant contre la justice sociale, qui en deviennent des débiteurs ad vitam aeternam.
La nouveauté : un climat plus injuste envers les femmes
La grosse cerise sur ce gâteau d’idéologie est l’analyse selon le sexe qu’a menée la FAO. Posant que la pauvreté est « un problème multidimensionnel » qui va bien « au-delà de la privation d’argent », elle a construit un « thermomètre » multidimensionnel de la pauvreté des ménages, où entrent la propriété d’un portable, l’accès à l’eau à moins de trente minutes, les murs en briques, le cycle d’études primaires. Elle a ensuite étudié les différences entre ménages agricoles selon que le chef en est un homme et une femme. C’est horriblement binaire mais c’était pour la bonne cause. Montrer que, suivant le culte de l’intersectionnalité, les paysannes pauvres des pays pauvres sont plus durement frappées par le climat injuste, aussi bien quand il pleut trop que quand il ne pleut pas. Chaque année par exemple, un ménage mené par une femme perd 8 % de plus de son revenu que l’équivalent mené par un homme en cas de « stress de chaleur », et 3 % en cas de pluie excessive, ce qui donne un écart de 37 milliards de dollars dans un cas et de 16 milliards dans l’autre.
Un rapport fantaisiste de la FAO pour justifier la révolution
La FAO livre ainsi bien d’autres chiffres qui présentent la double caractéristique d’être invérifiables et de se prêter à toutes les interprétations que l’on veut. Trois exemples : l’excès de pluie aggrave la disparité entre les ruraux pauvres et non pauvres de 21 milliards de dollars, alors que le stress de chaleur s’en tient à 20 milliards. Le stress de chaleur accroît le temps de travail des enfants (10 – 14 ans) de 49 minutes de plus que celui des jeunes (15 – 24 ans) : on aimerait connaître l’instrument de cette mesure ! De même une élévation d’un degré Celsius de la température à long terme est corrélée à une réduction du revenu des ménages dirigés par des femmes supérieure à celle que subissent les ménages dirigés par des hommes. Qu’en conclure ? Que les hommes sont meilleurs gestionnaires que les femmes ? Ou que le rapport est fantaisiste, par son caractère partiel et ses choix arbitraires ? Pourquoi ne pas avoir mesuré les effets des variations de climat sur l’augmentation des récoltes en Sibérie ? Ce caractère fantaisiste révèle son intention révolutionnaire que confirment les recommandations pour une aide et une agriculture plus « inclusives » : il s’agit en fait de justifier, sous prétexte de justice sociale contre un climat injuste, la transformation complète des sociétés ainsi « décrites » et « analysées ».