On a vu partout le récit et les photos de la mort du gorille Harambe, abattu samedi aux Etats-Unis alors qu’un garçon de quatre ans avait réussi à pénétrer dans l’espace des grands singes du zoo de Cincinnati. Dans un monde normal, tout le monde aurait poussé un « ouf » de soulagement, car même à supposer que le grand primate ait voulu protéger l’enfant des autres membres de sa tribu, comme l’ont assuré certains observateurs experts, le garçonnet était réellement en danger et a d’ailleurs été blessé par le simple jeu de la force du gorille. Mais ça, c’est dans un monde où l’on ose encore considérer la vie d’un être humain comme plus importante que celle d’un animal. Aujourd’hui, ce n’est plus gagné. Une intense campagne d’indignation été orchestrée sur Internet, les internautes dénonçant des parents qui n’ont pas su surveiller leur enfant et qui sont donc « directement responsables » de la mort de Harambe. Le hashtag #RIPHarambe dit tout : reposer en paix renvoie à des concepts religieux. C’est le propre de l’homme d’enterrer ses morts, à cause de la conscience qu’il a de la vie d’après la mort.
RIP Harambe : comme si un être humain était mort
On peut raisonnablement regretter qu’un animal aujourd’hui de plus en plus rare soit inutilement mis à mort. On peut même estimer que la maman du petit garçon aurait dû mieux le surveiller, étant posé cependant que sa négligence n’est pas établie. Sans doute y aura-t-il une enquête. Peut-être celle-ci mettra-t-elle plutôt au jour un défaut de protection de l’enceinte des gorilles au zoo de Cincinnati. On imagine en tout cas la peur panique de cette mère qui a vu son petit garçon livré à des animaux sauvages, puissants et dangereux.
Mais là où la réaction des internautes devient insupportable, c’est lorsqu’ils désignent Harambe comme un « cousin », rappelant qu’il venait de « fêter son 17e anniversaire » (avec un beau gâteau préparé par les cuisiniers de sa tribu, et des bougies allumées par un dispositif de leur invention ?), et s’épanchant sur sa plus grande sollicitude pour le garçon que celle de la propre mère de celui-ci.
Indignation, même si un enfant a été sauvé parce qu’un gorille a été abattu
Les tweets parlent de « meurtre », de l’assassinat d’un gorille « dans sa propre prison, DEVANT sa propre tribu », d’un « innocent tué ». Partout fleurissent des hommages aux allures d’oraisons funèbres. Requiescat in pace ? Faut-il lui dresser un monument ? Au zoo de Cincinnati, les promeneurs n’ont pas attendu pour déposer des bouquets de fleurs devant un gorille en bronze qui orne le parc. Comme s’ils avaient perdu un être cher.
On pourrait attribuer tout cela à l’excentricité de quelques-uns ; ce n’est pas la première fois que des défenseurs des animaux se laissent aller à une telle confusion des genres. Mais le problème est bien plus profond : de même que l’idéologie du genre brouille l’identité sexuelle des hommes et des femmes, le refus de considérer l’être humain comme à part dans l’ordre de la création est une idéologie qui a de plus en plus pignon sur rue. Elle a pour cause le refus de considérer l’homme comme supérieur en raison de son âme immortelle, et comme effet de le ravaler à l’état de bête.