Le premier robot mou développé par des chercheurs de l’université de Bristol, Royaume-Uni, ne ressemble pas à un homme ni même à un ours en peluche. Son allure reste peu engageante : il fait penser plutôt à un très rudimentaire module d’alunissage de dimensions plus que modestes. Mais ses capacités, à en croire ses développeurs, sont exceptionnelles et laissent entrevoir le moment où les robots fonctionneront à la manière d’un organisme animal. Ce « Rowbot » (robot rameur) « mange », « digère » et « meurt », et, totalement biodégradable, il disparaît au terme de ce que l’on est tenté d’appeler sa « vie », sans laisser de traces.
Dans un entretien avec la BBC, le responsable de l’équipe de chercheurs, Jonathan Rossiter, décrit la nouvelle bestiole comme un objet de science-fiction en train de devenir. Son mode de fonctionnement et ses caractéristiques sont inspirés du monde animal. Les scientifiques ont voulu créer un matériau qui puisse facilement changer de forme, à la manière d’un escargot, et qui soit autonome sur le plan énergétique.
Le robot « animal » autonome qui mange, digère et meurt
En utilisant des matériaux comme les élastomères ou les silicones, ils ont fabriqué une sorte d’engin aquatique qui s’alimente de matières organiques. Doté d’une « bouche », il peut se mouvoir dans l’eau en avalant ces matières biologiques qui passent dans un estomac capable d’en tirer de l’énergie électrique, utilisée ensuite pour activer les rameurs et commander les changements de forme du robot. Les déchets passent par ce que Rossiter appelle pudiquement une « deuxième bouche » à l’arrière de l’engin.
Les applications de ce type de robot sont extrêmement nombreuses. Les chercheurs de l’université de Bristol y voient une utilité possible dans le domaine médical, puisqu’on pourrait envisager la création de muscles artificiels importés à l’extérieur du corps pour soutenir des muscles biologiques défaillants, ou encore envoyer ces petits engins en patrouille écologique pour prendre des mesures au fond des océans, voire nettoyer des zones polluées en avalant par exemple des nappes de pétrole, ou encore des algues envahisseuses, avant de se désintégrer totalement dans le milieu aquatique.
Les chercheurs de l’université de Bristol veulent créer des robots mous dotés d’intelligence artificielle
Autonome sur le plan énergétique, le Rowbot a été conçu pour agir sans intervention humaine et même en équipe, voire avec des « estomacs en série » pour de plus grands robots. Miniaturisé à moins de 0,1 mm pour les interventions écologiques dans la mer, il deviendrait pour ainsi dire invisible. Les chercheurs souhaitent en améliorer les performances grâce à l’intelligence artificielle.
« Radicalement différents » des robots que nous connaissons à ce jour, les nouveaux robots pourraient être composés à l’avenir d’un squelette et d’organes mous qui les « rapprocheront » de plus en plus des organismes vivants, selon Jonathan Rossiter.
Dans un entretien avec le Times de Londres, celui-ci avance : « En se combinant avec le travail sur les réseaux neuraux qui permettent aux machines de “ penser” d’une manière qui ressemble à celle des hommes, cette technologie rend plus proche le développement de robots humanoïdes déjà imaginés par la science fiction. »