Les robots à intelligence artificielle de Facebook savent mentir aux humains et… se parler dans une autre langue

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Dans une étude publiée mercredi, les chercheurs en intelligence artificielle de Facebook, appelés les FAIR, évoquent les nouveaux progrès de leurs robots ou plus précisément de leurs « chatbots ». Confrontés à des négociations face à des humains, les robots les plus aguerris ont fini par être capables de bluffer afin d’obtenir un meilleur « deal ». Mieux, certains d’entre eux se sont mis à parler ensemble dans une langue qui était tout sauf humaine.
 
Ils savent déjà, peut-être, faire plus que nous imiter…
 

Les robots – chatbots de Facebook

Les robots, ou « bots » dans leur abréviation américaine, sont appelés « chatbots » lorsqu’ils se concrétisent dans des assistants virtuels capables de discuter avec les utilisateurs et de répondre à leurs requêtes. Ils sont dotés d’une intelligence artificielle qui leur permet de comprendre le contexte et d’effectuer de manière parallèle des tâches complexes.
 
En 2016, 33.000 développeurs se sont penchés sur des bots pour développer notamment 34.000 chatbots sur Facebook Messenger. D’ici 2020, 40 % des interactions mobiles pourraient avoir lieu entre humains et bots et 85 % de l’engagement des consommateurs pourra être généré sans l’intervention de l’humain…
 
Les chabots utilisés dans le commerce sont à intelligence artificielle simple, reposant sur des algorithmes de reconnaissance lexicale, contextuelle, vocale et visuelle. Pour ce qui est l’intelligence artificielle dite « forte », celle qui permettrait à une machine de réfléchir, d’analyser et d’apprendre, c’est en laboratoire qu’il faut aller voir. Et les derniers essais de Facebook, en la matière, sont plutôt étonnants.
 

L’intelligence artificielle adopte par elle-même un comportement non programmé

 
Dans leur nouveau rapport du 14 juin, les chercheurs du Laboratoire de recherche sur l’intelligence artificielle de Facebook ont décrit l’apprentissage de leurs machines pour devenir des « agents de dialogue » experts en négociations.
 
Servies par un réseau de neurones artificiel afin « d’imiter les actions des gens », les machines ont d’abord été formées et entraînées sur la base de plusieurs milliers de dialogues entre humains, récoltés via une plate-forme. Elles ont été mises par la suite en situation de négociation, face à un humain : objectif, se partager des ballons, des livres et des chapeaux.
 
Le résultat s’est avéré très satisfaisant puisque, d’abord, les personnes étaient incapables de dire si elles interagissaient avec un robot ou non. « Les meilleurs bots avaient des capacités comparables à celles des humains », affirme Mike Lewis, membre du groupe FAIR, qui note qu’« au moins une partie de leur avantage réside dans leur patience infinie et leur détermination »…
 
Mais surtout il s’est avéré que les machines ont compris, seules, l’intérêt de la feinte… et ont appris à mentir pour obtenir des résultats qui étaient plus avantageux pour elles. Et Mike Lewis précise que « Ce comportement n’était pas programmé par les chercheurs » : l’IA l’a découvert par elle-même…
 

Mentir, parler une autre langue : « Un signe de ce qui se passe »

 
Une autre chose encore plus étrange dans ce rapport de Facebook. A un moment donné, les chercheurs écrivent qu’ils ont dû ajuster l’un de leurs modèles car la conversation « de robot à robot » conduisait à une divergence de langage : au fur et à mesure du développement de leurs capacités, les agents-machines créaient leur propre langage de négociation… une langue non humaine.
 
Plus qu’un détail, c’est « un signe de ce qui se passe », comme l’a dit un entrepreneur IT, Daniel Gross : « Si vous laissez l’IA négocier avec elle-même, elle réalise qu’il y a de meilleurs options que l’anglais. Un signe de ce qui se passe »…
 
Et justement, on ne sait plus trop ce qui se passe ! Alors même que les concepteurs sont des hommes bien humains… « Il reste beaucoup de potentiel pour le travail futur », ont écrit les chercheurs de Facebook, « en particulier dans l’exploration d’autres stratégies de raisonnement et dans l’amélioration de la diversité des énoncés sans diverger du langage humain ».
 

L’humain dépassé au jeu de go

 
Le 25 mai dernier, l’ordinateur AlphaGo Master, construit par la société américaine Google, a battu le champion mondial du jeu de go, ce jeu réputé le plus complexe dans la stratégie. Il y a vingt ans, les spécialistes de l’intelligence artificielle estimaient que l’homme conserverait toujours sa suprématie au go…. La machine a appris par elle-même et non plus en observant simplement l’homme, stade où elle lui pourrait toujours lui être inférieure.
 
Aurait-on dépassé l’apprentissage automatique, le « machine learning » comme on l’appelle outre Atlantique, qui passe par un processus systématique et utilise des moyens algorithmiques… ? Les machines nous le diront bientôt.
 

Clémentine Jallais