Un rêve ou un cauchemar ? Un peu de temps encore, et ils arriveront, rutilants, dans nos foyers. Ces robots domestiques qui font partie de ceux qu’on appelle robots « compagnons » (machines conçues pour interagir, aider et même s’occuper des humains) nous viennent de Chine et du Japon. Il savent garder les enfants et… parfois repasser (on devient tout à coup moins sévère).
Pas encore très au point et limités dans leur applications, ils sont pourtant de plus en plus demandés : le marché devrait se voir multiplier par neuf en l’espace de sept ans…
Un secteur en croissance forte
« Nous parlons du Saint Graal de la parentalité. Imaginez un robot qui pourrait assumer de 70 % à 80 % du rôle de l’aidant pour votre enfant. Étant donné les énormes sommes d’argent que nous payons pour la garde des enfants, c’est une proposition très intéressante ». Le consultant technologique Zoltan Istvan, cité par le magazine Forbes, n’a prosaïquement guère tort.
Aux États-Unis, 62 % des femmes qui ont accouché au cours de la dernière année travaillent en dehors de la maison : 11 millions d’enfants américains âgés de moins de cinq ans nécessitent une garde, souvent fort coûteuse pour les parents (en Californie, le coût annuel de la garderie pour un enfant revient à 22.460 $, soit environ 12 % du revenu familial moyen).
Confrontés à de telles dépenses, beaucoup vont se mettre à lorgner sur ces robots nounous, qui entrent dans la catégorie des robots compagnons, catégorie dont les pronostics en termes de chiffres d’affaires sont au beau fixe. Un rapport de P & S Market Research prédit que la demande de robots compagnons passera de 3,8 milliards de dollars en 2015 à 34,1 milliards de dollars d’ici 2022 – la baisse des prix de moitié expliquant en grande partie ce boom.
« Nanny bots », les robots nounous
Cependant les capacités de ces robots compagnons sont assurément encore limitées. Prenons ces fameux « robots nounous ». Un professeur d’informatique à l’Université de Californie, San Diego, disait à leur propos : « Ils sont très, très simples. Vous pouvez les utiliser pour surveiller vos enfants à distance, leur parler, les divertir. Si vous êtes dans la pièce voisine ou à côté, ils peuvent être utiles ». Pas encore si vous êtes vraiment absents de chez vous…
Kuri, qui doit sortir à la fin de l’année, dispose d’une connexion Wi-Fi, d’une caméra Bluetooth. Avec ses expressions humaines changeantes, il répond aux commandes vocales et se déplace sur ses roues pour surveiller la maison et les enfants à qui il raconte des histoires… Le petit iPal (version rose ou bleue pas très gender) leur parle aussi très bien : selon son créateur, c’est le compagnon idéal « après l’école » pour les enfants de trois à huit ans qui attendent que leurs parents rentrent du travail – il leur dit même d’aller se laver les mains avant le goûter…
Des robots « vraiment géniaux » selon un chercheur de l’Institut de la Robotique de l’Université Carnegie Mellon, « mais ce qu’ils ne peuvent pas faire est tout aussi important ». Ils ne savent interagir avec le monde physique qui les entoure et ne sont pas encore capables de penser par eux-mêmes…
Pour le ménage et le repassage
Et puis pour repasser, vraiment, ce n’est pas encore ça. TEO, 1,80 m de hauteur, créé en 2012 à l’Université de Madrid, avait déjà appris à monter les escaliers, à ouvrir les portes. Ses maîtres ont tenté de lui apprendre à repasser via une caméra intégrée dans sa tête qui lui crée, à chaque fois qu’on place un vêtement devant lui, une « représentation en 3D » des plis ! Chaque point du vêtement a un numéro : « 0 représente un bord pointu et 1 un point plat », nous explique le magazine en ligne New Scientist.
« Une fois que TEO a tous les plis en vue en vue, il abaisse lentement le fer sur le vêtement, puis exécute une trajectoire de repassage calculée pour lisser chaque pli »… Mais avec quelle lenteur – j’ai eu envie de lui arracher le fer des « mains ». Un commentateur s’amusait : « En deux jours, votre chemise est repassée ! » Et votre maison cramée…
Will robots take my job ?
Bref, ce sont les débuts… Mais les débuts de choses qui arriveront. Ils nous ont connectés avec des objets multiples, ils veulent à présent créer du lien, ils veulent qu’on s’y attache psychologiquement, qu’on en dépende matériellement, y compris ceux qui n’ont rien demandé à personne à savoir les enfants et les personnes âgées – ils seront les premières cibles (il y aura toujours de bonnes raisons pour remplacer l’humain auprès de l’humain).
Signe des temps, le site internet « Will robots take my job » vient de voir le jour : se basant sur les données d’un rapport publié en 2013 par des économistes de l’Université d’Oxford, il vous dit si votre emploi est menacé ! Au total, 702 métiers sont répertoriés. La sentence « vous êtes condamné ! » apparaît bien souvent…