COP30 : le roi de Suède ne comprend pas pourquoi l’Europe doit payer plus pour le climat

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C’est presque touchant de naïveté – si tant est que cela ne soit pas une posture. Le roi Carl XVI Gustaf de Suède n’a jamais fait partie des climato-sceptiques. Il a même toujours uni sa voix au chorus international, affirmant que le changement climatique présentait des défis majeurs pour les générations futures et même qu’une coopération internationale était nécessaire afin de disposer de « nouvelles voies » pour que la Terre puisse fonctionner demain… Sauf qu’il a fait, en marge de la COP30, au Brésil, une sortie étonnante : il a demandé publiquement pourquoi l’Europe devrait payer plus que les autres.

Blague ou bug ? Parce que le fait que le camp occidental, et en particulier l’Europe de l’Ouest, doive subir un traitement disproportionné quant aux rançons du climat, est une évidence pour l’ONU ! Pire, un objectif, répété maintes et maintes fois !

C’est bien le but, Votre Majesté : que vous, riche occidental, ancien profiteur des colonies, vieux bénéficiaire de l’or noir, fils de la révolution industrielle et héritier de la civilisation chrétienne, payiez rubis sur l’ongle ! Vous participez ainsi, bon an mal an, à la redistribution bougrement socialiste et éminemment mondialiste des richesses du Nord vers le Sud.

 

Pour le climat, l’ONU décide qui assume ses responsabilités

C’était lors d’une interview accordée à la radio publique suédoise Sveriges Radio : le monarque a d’abord déclaré ne pas croire à la possibilité d’un accord lors de la conférence climatique. « Il est impossible que tous les pays puissent signer le même document. Chacun doit assumer ses responsabilités et faire de son mieux. » C’est pourtant bien le but de la COP30 : plonger tout ce p’tit monde, venu en jet, dans le bain de la volonté unilatérale de la grande instance supranationale.

Il s’est ensuite interrogé, effectivement, sur les raisons pour lesquelles la responsabilité des pays européens du « premier monde » était disproportionnée dans les discussions sur le climat. « L’Europe ne produit que 6 % des émissions. Et tout le monde se plaint que c’est trop. Mais le reste du monde fait bien pire, a-t-il déclaré. On peut penser ce qu’on veut. Mais combien devons-nous réellement payer ? C’est là le nœud du problème. » Sauf que pour l’ONU, ce n’est pas le nœud d’un problème, mais le principe majeur de son raisonnement.

C’est un fait, par exemple, que la Chine communiste « pollue » (pour reprendre le vocabulaire impropre de la religion du climat) cinq fois plus que l’Europe : elle a émis environ 12,7 milliards de tonnes de CO2 d’origine fossile en 2022, plus d’un quart des émissions mondiales. Mais c’est un fait qu’elle est classée comme pays en développement (malgré qu’elle possède le 2e PIB mondial) et qu’elle ne subit donc pas les mêmes restrictions que l’Europe.

 

A la COP30, le roi de Suède se mêle de ce qui ne le regarde pas

Du Nord vers le Sud, qu’on vous dit ! Alors même, comme le précisait un journaliste du média en ligne Breitbart, que l’efficacité des investissements massifs dans la transition écologique est de plus en plus remise en question : « Bill Gates lui-même, rappelle-t-il, a récemment reconnu que la crise supposée ne représente pas un risque existentiel pour l’humanité et que les ressources limitées seraient sans doute mieux employées à améliorer la qualité de vie et la santé des populations les plus pauvres »…

Sauf que la doxa demeure. La vieille Europe, et tout l’Occident, doivent payer pour les autres : il faut ce transfert. Et certains l’ont bien compris, comme Trump qui a refusé d’envoyer tout délégué de haut niveau aux négociations après s’être retiré de l’Accord de Paris. Le secrétaire américain à l’Energie, Chris Wright, a parlé d’une réunion « nocive » et « mal orientée », « qui ne cherche pas à améliorer la vie des gens.

Mais on ne critique pas le bien-fondé des propositions de l’ONU à partir du moment où on y prend part, surtout lorsque sa charge est symbolique et sans pouvoir réel. Un professeur émérite de sciences politiques suédois a d’ailleurs estimé que la déclaration de Carl XVI Gustaf de Suède était inappropriée : « Commenter l’issue hypothétique des négociations n’est pas du ressort du roi, car cela relève de la politique », a déclaré cette dame.

 

La vieille Europe se « sudifiera »

RITV la commente, en revanche : la politique climatique, telle qu’elle est menée par l’ONU vise bien une redistribution mondiale des richesses. Il y un an, le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et du Sud l’assénait sans ambages : « Les pays responsables du changement de climat en coopération avec les institutions financières internationales doivent suivre et fournir à l’avenir les ressources nécessaires. L’Afrique ne peut attendre plus longtemps. »

Le Sud Global doit profiter de ce qui sera retiré au Nord. Ce n’est ni plus ni moins qu’un socialisme en action qui permet de mettre au pas l’Occident en l’appauvrissant, tout en perfusant un Sud pauvre soumis par l’argent.

Jeanne Smits évoquait, il y a quelques jours, la lettre ouverte de Lula da Silva sur la COP30 et ses objectifs réels : « Le Sud global exige plus d’accès aux financements. Non par charité, mais par justice. Les pays riches ont été les grands bénéficiaires de l’économie fondée sur le carbone. Ils doivent, en conséquence, être à la hauteur de leurs responsabilités. Non seulement assumer des engagements, mais honorer leurs dettes. »

Et bien évidemment, comme on l’a dit à plusieurs reprises, ce ne sont pas les gros poissons qui participeront surtout à l’effort de guerre, mais toutes les classes moyennes qui constituent la force vive des vieux pays développés.

Pas sûr que Carl XVI Gustaf de Suède ait voulu dire tout cela…

 

Clémentine Jallais