Des études en Roumanie pour un diplôme de médecin en français

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Bien des endroits en France deviennent des « déserts médicaux », en particulier à la campagne, et la densité de médecins ne s’élève dans notre pays qu’à 317 pour cent mille habitants, alors qu’elle atteint par exemple 535 en Autriche et que la moyenne de l’Union européenne est de 386. C’est en partie l’effet d’un numerus clausus qui prive souvent les Français d’un diplôme réservé à une élite dont le nombre est limité par la loi. Cela contraint les hôpitaux à importer des médecins étrangers, venant de pays naguère francophones comme la Roumanie, et cela incite les étudiants à faire leurs études… en Roumanie où l’université de Iasi offre un cursus en français aux francophones.

 

Ces médecins en France qui ont fait leurs études à l’étranger

Si, selon les données officielles de la Drees, seuls 12 % des médecins qui exercent aujourd’hui en France ont été formé à l’étranger (40 % en revanche pour les chirurgiens-dentistes), le phénomène s’amplifie. Et, c’est à peine un paradoxe, à mesure qu’on importe des médecins, on délocalise les études de médecine. C’est ainsi qu’à Iasi en Moldavie, deuxième ville de Roumanie (brièvement capitale entre 1916 et 1918, première université), un cursus de médecine est ouvert aux francophones par l’Université Grigore T. Popa. Le diplôme qui le couronne est reconnu en France et dans toute l’Europe. Il comprend six années obligatoires, après quoi les étudiants peuvent choisir d’aller faire leur internat en France, de finir leurs études dans n’importe quel pays de l’Union ou d’aller au bout d’un second cycle de cinq ans.

 

La Roumanie offre cursus et diplôme en français

Tout est fait pour attirer le client : il n’y a pas de concours à l’entrée, et le prix de l’inscription, 7.500 euros, s’oublie devant la modicité du prix de la vie sur place. La qualité de la vie et des cours est un plus : les étudiants sont répartis en groupes d’une quinzaine, et un mini hôpital a été installé dans l’université à leur intention. Beaucoup viennent de France après y avoir échoué. Cependant, la sélection sur dossier existe : 600 candidats se sont présentés en 2022 pour 150 places seulement. 90 ont échu à des étudiants venus de France, les autres venant du Maroc, de Tunisie ou de Belgique. Parmi ces 150, beaucoup sont issus des pays d’émigration francophones. Certains se posent des questions : « On a le luxe de se poser cette question-là : est-ce qu’on rentre en France ? Est-ce qu’on reste en Roumanie ? Est-ce qu’on va en Allemagne, en Suisse… ? » C’est le bout du bout du paradoxe : qu’ils ne reviennent même pas exercer en France, qui deviendrait alors un désert médical plus vide encore. Surprenant, mais tout à fait dans la logique mondialiste…

 

Pauline Mille