Ce ne sont pas principalement les faits divers aberrants liés à la fécondation in vitro qui la rendent moralement inacceptable. Mais ils illustrent très concrètement ce caractère inacceptable en rendant visibles les effets de la transgression propre à toute fécondation artificielle. Il en va ainsi du cas d’un chargé de cours d’une soixantaine d’années qui a appris, après son divorce, que le fils né six mois plus tôt à la suite d’une FIV n’étais pas, contrairement à ce qu’il pensait, le sien. Le garçon, aujourd’hui âgé d’environ neuf ans, est né d’un don de sperme fait par un ancien petit ami de la mère. Il réclame aujourd’hui 100.000 livres de dommages à son ex-femme dans une procédure qui passionne la presse du Royaume-Uni.
Le couple s’était marié en 2002. Deux ans plus tard, la femme – d’une quarantaine d’années – n’avait toujours pas conçu et ils se sont ensemble adressés à une clinique de fertilité à Barcelone, en Espagne, où un échantillon de sperme du mari a été recueilli. Quelques mois plus tard, la femme est retournée à la clinique pour une procédure de fécondation in vitro, réussie, qui allait donner naissance à un petit garçon. Le mari savait-il ou ne savait-il pas que sa femme était accompagnée d’un « ex » ? Elle affirme qu’il était au courant, lui dit ne rien avoir su : toujours est-il que c’est grâce à un don de sperme de l’ancien ami que l’enfant a été conçu.
15 mois après la fécondation “in vitro”, le couple divorce
Six mois après sa venue au monde, le couple divorçait.
Le professeur abusé réclame aujourd’hui un dédommagement de taille, affirmant avoir dépensé 80.000 livres en pensions alimentaires indues et bouleversé sa carrière : l’ex-épouse était une femme d’affaires très occupée, indépendante, avec des revenus qui ont dépassé les 180.000 livres par an, et c’est lui qui a consacré une belle part de son temps à la garde de « leur » garçon.
La situation s’est détériorée lorsque la femme s’est disputée avec son « ex » à propos du temps qu’il passait avec l’enfant. Nous sommes en 2011 : elle lui affirme, brutalement, qu’il n’est pas son père biologique. La chose sera très vite confirmée par un test ADN.
La femme a déclaré devant le tribunal de Londres qu’au moment de la FIV, le couple battait déjà de l’aile. A tel point que le mari avait demandé à la femme de signer un accord le libérant d’éventuelles obligations financières à l’égard de l’enfant. Piquée au vif, elle avait alors décidé qu’il ne serait pas le père de l’enfant qu’elle allait porter en cas de réussite de la fécondation in vitro.
Que révèle cette triste fable contemporaine ?
Royaume-Uni : l’ex-femme, l’ex-ami et le professeur abusé
Beaucoup de choses : l’indignité d’une procédure artificielle de fécondation qui considère l’enfant comme un produit technique, déconnectée du cadre normal de la procréation au sein d’un couple. Mais aussi son utilisation, et donc aussi l’utilisation de l’enfant, pour assouvir un désir de vengeance, de blessure. Son incapacité à créer entre l’homme, la femme et l’enfant le lien constitutif de l’amour familial. L’importance du lien biologique entre le père et l’enfant. Et enfant sa capacité à fabriquer des enfants adultérins : oui, il y a des « FIV adultères » !
Tout cela est inscrit en quelque sorte dans les gènes de la procréation artificielle. Tout cela avait été prévu par l’instruction Donum vitae, qui avait valu à l’Eglise d’être ridiculisée pour son refus de la modernité et honnie pour sa dureté, son incapacité à prendre en compte la souffrance des couples stériles…
Le juge de Londres a exigé que l’identité du petit garçon soit protégée : les noms des protagonistes ont été maintenus secrets… Mais la question subsiste : comment cet enfant pris au piège du comportement de sa mère, devenu pomme de discorde, victime de mensonges, privé de père, s’en sortira-t-il ?