Royaume-Uni : Scotland Yard accuse la BBC de gêner son enquête sur la pédophilie

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Du jamais vu. Dans un communiqué détaillé, la Police Métropolitaine de Londres accuse la BBC de saper son travail d’enquête sur des affaires de pédophilies « historiques » et d’abus qui ont eu lieu notamment à Westminster, au parlement britannique. La corporation publique est dans le collimateur de Scotland Yard à la suite de la diffusion de l’émission Panomara mardi soir sur BBC1, où un témoin, « David », affirme qu’il a été poussé à témoigner contre des hauts responsables politiques par des activistes.
 
L’homme affirmait qu’il avait dans un premier temps nommé l’ancien ministre de l’Intérieur Leon Brittan, puis d’autres « VIP », sur le mode de la plaisanterie, mais qu’il avait persisté à les accuser par la suite. « David » assure aussi qu’il a été manipulé par l’un des responsables d’une association, aujourd’hui dissoute, de dénonciation des abus d’enfants, la National Association of Young People in Care : « Il a mis les paroles dans ma bouche », assure-t-il aujourd’hui.
 

Scotland Yard accuse la BBC de gêner l’enquête en faisant parler des témoins

 
L’émission se focalisait notamment sur l’un des autres témoins clef, « Nick », donnant à son sujet des informations très personnelles qui n’ont rien à faire dans le domaine public.
 
Scotland Yard est furieux de voir une émission publique mettre au jour des éléments de l’enquête qui doivent rester confidentiels pour qu’elle puisse aboutir, précisant que pour sa part il ne fera aucun commentaire sur l’« Opération Midland » en cours, et soulignant que l’action de la BBC « pourrait compromettre la suite des preuves dans le cas où une affaire devait passer devant un tribunal ».
 

La pédophilie dans les sphères du pouvoir au Royaume-Uni concernait aussi la BBC

 
La police craint aussi de voir des témoins potentiels et des victimes poussés à ne pas se manifester du fait de la pression mise par la BBC. Elle cite le cas des victimes de Jimmy Savile, une « star » de la corporation publique, qui avaient hésité à accuser une « figure publique aussi puissante », craignant des conséquences négatives. Savile a bénéficié d’une longue impunité alors même que des rumeurs faisaient état de ses abus à l’égard de jeunes filles mineures.
 
Tout cela suggère en tout cas que le pouvoir médiatique, lié comme il l’est au pouvoir politique et à « certaines sociétés de pensée », ne rechigne peut-être pas à prendre parti.
 

Anne Dolhein