En avril 2025, nous écrivions ici-même que la start-up Ÿnsect, en pointe des producteurs de protéine et d’engrais à base d’insectes, lancée en 2011 à Paris, et qui prétendait nourrir, dans l’ordre, « animaux de compagnie, poissons, plantes et humains », était en fait un « véritable fiasco assorti d’un gaspillage d’argent public ». Malgré ou plutôt à cause du soutien de Davos, de l’UE et de l’Etat français. François Ruffin, ancien député LFI et toujours élu de la Somme, réclame aujourd’hui une enquête sur Ÿnsect, « cas d’école d’argent public jeté par les fenêtres ». Il nous a peut-être lu. C’est bien. Il veut « comprendre ce qui s’est passé ». C’est bien aussi. Mais ce serait encore mieux de sa part d’accepter de laisser ses préjugés à l’entrée de cette enquête et d’accepter la responsabilité dans ce fiasco de deux des ses principales amours, le socialisme piloté par l’Etat et l’idéologie verte – ce que ne laissent pas augurer ses déclarations.
600 millions d’argent public et privé levés par Ÿnsect
Les données financières étaient connues dès le printemps. Malgré une levée de fonds publics et privés de 600 millions d’euros réussie avec le soutien croisé de l’Europe et de l’Etat et avec la participation de la région des Hauts-de-France, où son usine ultramoderne de Poulainville près d’Amiens était implantée, Ÿnsect était endettée de 130 millions auprès des banques et manquait du double pour pouvoir continuer. Les banques en ont eu assez de suivre, elles ne participent au mouvement de l’écologisme que si elles y trouvent leur profit, et la liquidation judiciaire a été prononcée. Quatre ans après l’inauguration du site par trois ministres. Ruffin parle de « désastre ». Dans l’ignorance du montant exact des investissent publics, il demande une « enquête ». Pour comprendre le « naufrage », avec éventuellement un volet « judiciaire » pour déterminer si « des charognards, des vautours, sont venus se nourrir sur la bête ». Le président d’Amiens métropole, le Républicain Alain Gest, « n’a rien contre ».
François Ruffin veut une enquête sur les responsabilités de l’Etat
Il se place dans le même schéma d’intervention socialiste, sans étudier les causes profondes du fiasco. François Ruffin ayant déclaré : « Je comprends qu’on puisse appuyer les projets de développement industriel, mais dans ce cas l’Etat doit prendre sa part de participation et contrôler ce qui se fait avec cet argent », il répond dans la même veine : « En ce qui nous concerne, l’argent était versé en contrepartie de 110 emplois créés, et ils ont été créés. » Et de poursuivre : « Nous avons fait la démonstration que la politique d’aide aux entreprises que nous avons mise en place produit des résultats positifs, c’est pas un hasard si le chômage a baissé à Amiens plus vite que dans le reste du pays, c’est pas un miracle, c’est entre autres grâce à des aides. » C’est tout juste s’il ne se félicite pas de « l’échec » qu’il constate malgré tout. Quant à Ruffin, il continue sur sa ligne : « Il y a des ouvriers dans l’entreprise pour qui c’est la quatrième fois : ils ont connu Whirlpool, WN, Ageco, et maintenant Ÿnsect, avec à chaque fois le même scénario : l’Etat qui apporte de l’argent public et qui derrière ne contrôle rien, ne demande pas de contreparties, ne fait pas d’audit, et un naufrage social et industriel à l’arrivée. »
L’ex LFI ne voit pas le gouffre arc-en-ciel où tombe l’argent public
C’est clair : pour l’ex LFI comme pour l’homme de « droite », la faute revient à une surveillance insuffisante du public sur le privé. Il ne leur est pas venu à l’idée de s’interroger sur le projet lui-même. Lancé par des scientifiques et des militants écologistes sans expérience dans l’industrie ni le commerce, il était bien vu des élites mondiales remontées contre la viande, censée coûter très cher en énergie, en eau, et en empreinte carbone. C’était un projet idéologique qui n’a pas trouvé son marché. Pour Valérie Deloge, députée RN qui a soulevé le lièvre en avril bien avant Ruffin, Ÿnsect était le symbole de la transition alimentaire qu’« une élite veut imposer aux citoyens sans leur consentement ». Au point que l’UE, dont les règlements, au nom du principe de précaution, sont si soupçonneux, avait autorisé en urgence une poudre de vers de farine jaune traitée aux UV et des larves entières, à déguster à l’apéro, comme des cacahuètes ou des noix de cajou. Peine perdue, malgré la pub, malgré la propagande de Wikipédia et de la presse régionale, l’acheteur n’a pas marché. Accablé par les innombrables propagandes de l’arc-en-ciel, le Français se réfugie dans son assiette, et il ne veut pas y voir d’insectes. Une enquête peut nous en apprendre plus dans le détail, mais elle ne doit se cacher la cause principale du fiasco : l’argent public sert aujourd’hui à faire avancer un programme idéologique.











