L’affaire n’a pas fait grand bruit. Deux jours avant Noël, la Russie a signé un accord très large de défense aérienne avec l’Arménie. La puissance militaire russe continue de progresser sans qu’on n’y prête garde, « c’est le signe le plus tangible à ce jour de la création par Poutine d’un nouvel Etat satellite aux frontières de l’OTAN, menaçant un allié indispensable des Etats-Unis », écrit Adam Ereli, vice-président de Mercury, un think tank qui a pour client l’Institut turc pour le Progrès. Ereli lui-même est un ancien ambassadeur des Etats-Unis.
Dans sa tribune publiée par Forbes, il désigne l’accumulation d’armes en Arménie comme un élément clef du plan de Poutine en vue de dominer la région – les autres étant constitués par son « mandataire », la Syrie, et le renforcement de ses liens militaires avec l’Iran. Mais l’Arménie joue un rôle de premier plan en raison de sa longue frontière avec l’a Turquie – « flanc sud de l’Alliance » atlantique.
L’accord de défense entre la Russie et l’Arménie inquiète la Turquie
Selon Adam Ereli, le flux d’armes et d’hommes vers l’Arménie depuis la Russie s’est intensifié ces six derniers mois, en même temps que la pression s’accentuait sur la Turquie : des drones dernier cri Navodchik-2 et Takhion UAV aux hélicoptères armés et aux missiles balistiques Iskander-M. De nombreux exercices militaires ont soutenu ces opérations.
A ce jour, l’Arménie accueille un personnel militaire russe fort de 5.000 hommes et deux bases russes complètes. En 2010, les deux pays ont signé un accord donnant à la Russie le droit d’y conserver ses bases jusqu’en 2044, et l’engageant à fournir du matériel militaire moderne et « compatible ».
L’Arménie, nouvel Etat-satellite de la Russie
Adam Ereli y voit un comportement « agressif », à peine voilé, contre la Turquie – cette Turquie qui est « un allié d’importance critique pour la lutte contre l’Etat islamique, faisant partie des seuls membres de la coalition conduite par les Etats-Unis à avoir des bases auprès des places fortes stratégiques de l’EI.
« Pourquoi ne dénonçons-nous pas haut et fort l’Arménie qui déroule le tapis rouge aux troupes de choc de Poutine ? », demande Adam Ereli.
Peut-être parce qu’il y a plus à attendre de la confrontation que de la paix…