Les États-Unis s’inquiètent des îles artificielles créées par la Chine et de l’activité militaire de la Russie en Asie-Pacifique

Les États-Unis s'inquiètent des îles artificielles créées par la Chine et de l'activité militaire de la Russie en Asie-Pacifique
 
D’abord la Chine, puis la Russie… Les États-Unis ont les yeux tournés vers l’Asie-Pacifique dont l’activité grandissante leur donne de désagréables picotements – et leurs amiraux ne cherchent pas à cacher leurs préoccupations. Obama le disait déjà la semaine dernière : « Nous sommes inquiets quand la Chine ne s’en tient pas nécessairement aux normes et aux règles internationales, et quand elle utilise sa taille considérable et ses muscles pour contraindre des États à adopter une attitude de subordination ». De récentes images satellites ont fait mesurer la progression de ses incroyables constructions d’îles artificielles sur des récifs en mer de Chine Méridionale. Quant à la Russie, elle accentue nettement sa présence militaire dans le Pacifique nord et en Asie.
 

Îles artificielles : « des intérêts de défense nationale de nature défensive » selon la Chine…

 
La mer de Chine méridionale est une pomme de discorde. La Chine revendique 90 % de ces eaux au sous-sol riche en hydrocarbures, que traversent des voies maritimes primordiales. Mais ses voisins, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, le sultanat de Brunei et Taïwan, lorgnent eux aussi sur ce secteur stratégique. Pékin a tout de go déclaré qu’elle entretiendrait une présence militaire dans l’archipel des Spratleys, en y développant des services civils pour la pêche ou la navigation dont d’autres États de la région pourraient bénéficier…
 
Gentil dédommagement qui n’a pas fait taire pour autant ces États voisins – les Philippines accusent la Chine de visées « expansionnistes ». La porte-parole du Ministère des Affaires étrangères chinois s’est défendue : « La Chine adhère au principe du développement pacifique et poursuit des intérêts de défense nationale, de nature défensive. Le maintien de la paix et de la stabilité en Mer de Chine méridionale sert le développement de la Chine et ses intérêts sécuritaires ».
 

…« des bases militaires » selon les États-Unis

 
« Des intérêts de nature défensive » ?! Des bases militaires, oui ! Pour les États-Unis, c’est clair, avec ces îles artificielles, « la Chine est en train de créer une grande muraille de sable avec des bulldozers et des dragueurs de sable ». Elle construit ces polders en injectant à la surface des masses de sable blanc, qu’elle consolide ensuite par des constructions bétonnées. Sur un rocher du Hughes Reef par exemple, elle a érigé un polder comprenant deux quais, une usine de ciment et une plateforme pour hélicoptères, un terrain d’aviation… Quatre autres îlots des Spratley portent de semblables aménagements. Ces bases militaires potentielles pourraient ainsi servir de postes avancés par l’Armée populaire de libération (APL).
 
Prétendus soutenir une zone de défense aérienne, ces grands travaux permettraient même à la Chine, selon le commandant des forces américaines dans le Pacifique, d’exercer plus d’influence sur la zone contestée et de déployer des moyens militaires tels que radars à longue portée et systèmes de missiles avancés.
 

Russie : une activité dans le Pacifique proche de celle de la guerre froide

 
Ce même commandant, mercredi, a noté une augmentation signifiante de l’activité militaire russe dans la région Asie-Pacifique, avec des manœuvres vers les États-Unis au cours des derniers mois. Une activité qu’il juge proche de celle de la Guerre Froide… « La Russie est en train de reprendre pied politiquement et militairement dans la région Pacifique. »
 
Elle améliorerait sa force de dissuasion nucléaire stratégique de la côte orientale dans le Pacifique Nord, et ses forces sous-marines qui opèrent dans l’Arctique et en Asie du Nord. Et accentuerait également sa présence en Asie du Sud.
 
Le renforcement de cette activité russo-chinoise expliquerait le nombre anormal de brouillages perçus par les avions de combat japonais. Cela va sans dire qu’elle est, comme l’a précisé le commandant américain, « étroitement surveillée par les systèmes de renseignement et de surveillance des États-Unis. »
 

Clémentine Jallais